Posté par othoharmonie le 12 février 2014
Dans le Tao, philosophie majeure de la Chine ancienne comme de la Chine moderne, cinq éléments sont suffisants pour construire toutes les briques du monde. Ce sont le bois, le métal, le feu, la terre et l’eau. A ces cinq éléments sont associés cinq saisons (la mousson est une saison), cinq directions (les quatre points cardinaux plus l’endroit où nous nous trouvons), cinq couleurs, et cinq animaux. La tortue est l’un de ces cinq animaux. Elle est associée au nord, à l’élément eau, à l’hiver et au noir (couleur de la pureté en Extrême-Orient contrairement à l’Occident).
En Chine il existe un certain nombre de dieux qui ne sont pas des dieux au sens où nous l’entendons en Occident mais des représentations des aspects très divers de l’esprit humain. Parmi ces dieux il en est deux dont nous allons parler parce qu’ils sont liés directement à des tortues légendaires. Il s’agit du dieu des Examens et du dieu de la Longévité. Le dieu des Examens est figuré dans le ciel chinois par les quatre étoiles qui forment le Chariot de la Grande Ourse. C’est un dieu d’une laideur particulièrement marquée, le visage déformé par une horrible grimace. Dans sa main gauche il tient un boisseau, dans sa droite un pinceau de calligraphe. Il est entièrement nu à l’exception d’un pagne entourant sommairement ses hanches. Il se tient bizarrement penché en avant et dans une attitude qui rappelle un homme entrain de courir. Seul le pied droit repose au sol, ou plutôt… sur une tête de tortue.
L’explication avancée est que lors de sa vie sur terre, il fut reçu premier au Doctorat, mais voyant sa laideur immonde l’empereur refusa de lui octroyer le diplôme. Au comble du désespoir et du déshonneur, il abandonna ses vêtements et tenta de se noyer mais une tortue Ngao qui passait par là le reçut sur la tête et fit de lui un dieu, l’expédiant dans le Ciel. Le dieu de la Longévité a le visage typique du vieux chinois doté d’une longue barbe et d’un énorme crâne chauve. Il est courbé mais encore debout, appuyé à une grande canne noueuse, et tient dans une de ses mains le fruit de l’Immortalité. A ses pieds se trouve une tortue et parfois un héron ou une grue, ces animaux ayant une très longue durée de vie.
Dans la cosmogonie chinoise, le monde est porté par quatre éléphants, eux-mêmes soutenus par une tortue. Cette vision du monde vient tout droit de l’Inde.
Article de Jacques Prestreau
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Posté par othoharmonie le 12 février 2014
En effet en Inde nous allons retrouver la tortue portant les éléphants, comme dans la cosmogonie chinoise. Pour les hindous la création du monde revient au dieu Brahmâ. Un énorme serpent se mordant la queue est suspendu dans le vide de l’infini, symbolisant la course éternelle du Soleil dans le ciel. Sur ce serpent repose une tortue. C’est par elle que la force des cieux va se traduire dans le monde des réalisations. La tortue prend donc dans l’esprit de l’hindou le symbole de force et de pouvoir créateur. Sur cette tortue se trouvent des éléphants qui portent les trois mondes. Le monde inférieur des démons et de l’enfer, le monde intermédiaire des hommes et de la Terre, et le monde supérieur des dieux et de la félicité. C’est par la tortue que ces trois mondes existent, car elle est le lien direct entre l’univers et sa manifestation.
Toujours en Inde la deuxième des dix réincarnations de Vishnu fut sous la forme d’une tortue appelée Kurmâ qui apporta son aide à Indra pour vaincre les démons Asuras. Pour ce faire elle servit de pivot central pour permettre aux dieux de baratter l’Océan des Origines d’où naquit la liqueur de l’immortalité, l’arbre du Paradis, la médecine des dieux, la déesse du vin, les nymphes, le cheval divin, l’éléphant royal, et tant d’autres merveilles… La même scène est également représentée de façon magnifique sur un bas-relief du Temple d’Angkor au Cambodge.
Article de Jacques Prestreau
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Posté par othoharmonie le 12 février 2014
Au Vietnam, au sud de la vieille ville de Hanoï, se trouve un petit lac qui constitue un véritable paradis au milieu de la ville. Ce lac se nomme Hoan Kiêm, le Lac de l’Epée Restituée. C’est un des endroits les plus romantiques du monde ! On peut se promener un après-midi en flânant au gré des petits sentiers boisés qui l’entourent. Ce Lac portait autrefois le nom de Lac Thuy, c’est à dire le Lac Vert. Pas un seul vietnamien n’ignore la légende de ce petit lac ! Un jour un jeune pêcheur trouva en pleine mer accrochée dans ses filets une lame d’épée sans manche et qui portait gravée l’inscription » Selon la volonté du Ciel » .
Il alla offrir cette lame d’épée au fils d’un très riche personnage qui, après des recherches, retrouva le manche de la lame. L’épée ainsi reconstituée servit pendant une dizaine d’années à ce notable dans la guerre contre les envahisseurs chinois. Ce notable s’appelait Lê Loi. Il vécut réellement, de 1385 à 1433. Après avoir repoussé l’envahisseur chinois, il devint roi en 1428 sous le nom de règne de Lê Thài Tô. Afin de profiter de cette paix enfin acquise il vint aussitôt s’installer dans la ville qui se nomme maintenant Hanoï. Le Roi aimait se promener dans une petite embarcation au milieu du Lac Vert. Mais il ne put conserver l’épée bien longtemps. Quelques jours après la fin de la guerre, de son petit bateau il vit soudain émerger une tortue géante du fond de l’eau. Terrifié, le roi dégaina son épée, la brandit devant lui mais la tortue fut très rapide et sans le blesser lui arracha l’épée avec son bec avant de disparaître pour l’éternité dans les profondeurs du lac.
Le roi se dit alors que le Dieu Tortue d’Or était certainement le véritable propriétaire de l’épée magique, que celle-ci la lui avait seulement prêté et que la paix maintenant revenue, il devait la lui restituer. C’est ainsi que naquit la légende du lac de l’Épée » restituée » à son propriétaire divin. Dans ce lac se trouvent réellement des tortues. Hélas, il n’y en a plus guère aujourd’hui. Au milieu du lac se trouve un tout petit îlot minuscule, et il est désormais rarissime de voir une tortue y prendre un bain de soleil. A chaque fois cet événement est vivement apprécié par la population de Hanoï, tellement les tortues qui autrefois peuplaient abondamment ce lac sont devenues rares. Un tel événement est toujours considéré comme un bon présage pour les semaines à venir.
Au Japon, terre de l’Art du Sabre, la tortue est encore symbole de longévité et de stabilité du monde. Une très ancienne légende raconte qu’une tortue, Minogamé, vit depuis 10 000 ans, couverte d’un manteau d’algues au fond d’un lac. Cette légende est peut-être à rapprocher de la légende vietnamienne du Lac de l’Epée Restituée. Dans cette terre japonaise ou fleurirent les arts martiaux, l’art du sabre (le Ïaîdô) est encore très pratiqué même aujourd’hui. Les sabres sont toujours décorés. Et très souvent reviennent deux animaux : la Grue et la Tortue, qui représentent les deux aspects complémentaires et radicalement opposés de l’univers, cet oiseau étant symbole de la liberté dans le ciel et du détachement de l’esprit face aux événements du monde, et la tortue symbole de l’attachement à la terre. Par ailleurs ces deux animaux vivent très longtemps, la grue tout comme la tortue.
En plein coeur de l’Ile de Java en Indonésie se trouve le temple bouddhiste de Borobudur. Ce temple érigé au IX° siècle est un des plus grands chef-d’oeuvre de l’art bouddhique. Cet immense temple, à l’aspect pyramidal et dans lequel on ne demeure pas, est une spirale initiatique menant du sol représentant le monde matériel jusqu’à la pointe représentant le monde spirituel.
Article de Jacques Prestreau
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Posté par othoharmonie le 12 février 2014
Dans le bouddhisme tout le travail d’un boddhisattva est de parvenir à la réalisation de son propre Eveil puis de mener ensuite patiemment tous les êtres vivants, y compris les animaux, jusqu’à leur propre Eveil et à la cessation de la souffrance. Tout au long de ce parcours montant doucement en spirale dans le temple de Borobudur se trouvent d’immenses fresques de pierre qui sont autant de panneaux, chacun d’entre eux rappelant une histoire du Bouddha historique ou de grands boddhisattvas du passé.
Le panneau n°192 du temple de Borobudur relate l’histoire d’une tortue. Un jour, alors qu’un monstre marin attaqua un bateau tous les occupants tombèrent à l’eau. Un boddhisattva réincarné sous la forme d’une tortue prit alors les naufragés sur son dos et les reconduisit sur la terre ferme. Ceux-ci, lui devant la vie, se mirent alors en cercle autour de la tortue et l’écoutèrent enseigner les paroles du Bouddha. Ici encore on reconnaît à la tortue un pouvoir divin élevant les hommes vers une vie meilleure.
Chez les indiens d’Amérique du Nord, la tortue, encore une fois par la rondeur de sa carapace, représente la Terre Mère nourricière et par laquelle la race indienne est apparue. Pour les Iroquois d’Amérique du Nord, dans des temps très anciens la tortue sauva la Mère, sorte d’Eve des indiens, lorsque celle-ci tomba dans l’océan. Recueillant la Vierge primordiale elle la conserva hors de l’eau sur sa carapace. Ainsi pour les Iroquois la Terre est une gigantesque tortue flottant sur la mer. Et sur sa carapace, la Vierge pu enfanter et devenir la mère des hommes, devenant ainsi la Mère.
De nombreux pétroglyphes du néolithique représentent la tortue en Amérique du Nord et jusqu’à Hawaï.
Article de Jacques Prestreau
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