PANDA et OURS À COLLIER : LE PARTAGE DES RESSOURCES
Posté par othoharmonie le 15 décembre 2013
Pour étudier une espèce animale dans son environnement, il est parfois intéressant de la comparer à une autre. C’est ce qui a été fait, par l’équipe de l’Américain G. Schaller, dans les montagnes Min, à l’est de Wolong, où deux espèces sont présentes : le panda et l’ours noir de l’Himalaya, ou ours à collier (Selenarctos thibetanus). L’idée était la suivante : ces deux ursidés sont végétariens, ont presque la même taille, et le même poids (environ 100 kg), et cohabitent dans les mêmes régions. Comment se partagent-ils l’espace, sachant que deux espèces ne peuvent occuper la même niche écologique dans le même biotope ?
Deux pandas et deux ours ont été capturés puis équipés de colliers émetteurs. Pendant les semaines suivantes, leurs déplacements ont été suivis et cartographiés. Les chercheurs ont également étudié leur alimentation respective, essentiellement par l’analyse des restes de nourriture dans leurs excréments. Les résultats obtenus expliquent pourquoi les deux espèces peuvent cohabiter et, en même temps, ils éclairent les adaptations écologiques du panda d’un jour nouveau, peut-être rassurant pour sa survie.
Au niveau anatomique, ours et panda présentent des différences. L’ours n’a pas le « sixième doigt » opposable à la main et ses molaires ne sont pas plates et larges comme celles du panda. A priori, son régime alimentaire est moins spécialisé. Cela s’est rapidement confirmé sur le terrain. La nourriture de l’ours noir de l’Himalaya est nettement plus variée que celle du panda, ce qui confirme les résultats obtenus par d’autres équipes. Il se nourrit de toutes sortes de fruits et de noix en plus des végétaux verts. De mi-avril à mi-juillet, il consomme essentiellement des feuilles, auxquelles il ajoute des fruits, de la mi-juillet à la mi-septembre, et il se gave de noix et de glands jusqu’à la mi-novembre. Ce régime est saisonnier : il peut être abondant à la fin de l’été et en automne. En revanche, l’hiver est une saison difficile pour les ours, sauf lorsqu’ils hibernent pendant 3 à 4 mois (cela dépend de la latitude où ils demeurent).
En revanche, le panda se nourrit presque exclusivement de bambous. Or, il se trouve que les quelques espèces consommées sont disponibles toute l’année, avec une valeur alimentaire pratiquement constante, mais relativement faible. Il s’agit d’une ressource abondante, prévisible, mais qui force les animaux à se nourrir en moyenne pendant plus de 14 heures par jour.
Une autre différence se situe au niveau de l’espace utilisé par les deux espèces. Dans le cas de l’étude de Schaller, les domaines vitaux occupés par les pandas sont nettement plus petits que ceux fréquentés par les ours. Les chiffres sont difficiles à évaluer, mais, plusieurs fois, les ours sont sortis de la zone où la réception de leur signal était perceptible, alors que jamais les pandas n’ont parcouru de telles distances pendant le suivi de l’expérience. On a un peu l’impression que le panda, ayant axé sa biologie sur les bambous, a abandonné sa curiosité vis-à-vis du monde extérieur et même une partie de son agressivité. Il paraît que les deux ours ne se sont pas laissé manipuler comme les pandas lors de leur capture. Enfin, ours et pandas n’oublient pas toujours qu’ils appartiennent à un ordre de mammifères carnivores. À l’occasion, quand ils trouvent de la viande (animal mort), ils s’en nourrissent. Ils ne savent apparemment pas chasser et doivent donc se contenter d’un régime végétarien, par obligation peut-être plus que par goût !
Cette étude a donc bien démontré que pandas et ours noirs de l’Himalaya pouvaient – sans problème – se partager le même territoire
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