Prédateurs du Castor
Posté par othoharmonie le 3 décembre 2013
En Europe, depuis des centaines de milliers d’années, et jusqu’au haut moyen-âge, le castor a eu de nombreux prédateurs sauvages.
Quelques-uns de ses prédateurs les plus dangereux ont disparu de la préhistoire à l’antiquité (tigre à dent de sabre, hyène européenne, lion des cavernes, ours des cavernes…) ou ils ont fortement régressé de l’antiquité à nos jours, car pourchassés par l’Homme. Mais dans le même temps, le castor semble avoir aussi fait l’objet d’une chasse intensive de la part de l’Homme (pour sa viande, sa fourrure, ses dents) ; et il a continué à régresser alors que ses prédateurs naturels n’étaient plus, pas ou peu présents, ou au bord de l’extinction dans l’essentiel de leur aire naturelle de répartition, tel le loup, l’ours brun, et le lynx et le glouton en Europe et Eurasie. Il est possible que les jeunes castors puissent être parfois victimes de mustélidés, du chat sauvage, mais sa morsure étant redoutable, ce risque semble limité.
Quelques indices paléontologiques laissent penser que l’Homme a précocement chassé le castor ; au moins depuis la préhistoire ;
- sur des chantiers de fouille préhistorique, on en retrouve des ossements par exemple associés à ceux de cerfs, sangliers, mouton et bœuf, qui étaient mangés par l’homme.
- Le musée de Saint-Germain-en-Laye possède un fragment de tête de castor retrouvé sous le dolmen d’Argenteuil (Seine-et-Oise).
- Ce musée détient aussi fragment de canine de castor percé d’un « trou de suspension » ; cette dent a été trouvée à Chassemy dans l’Aisne lors de la fouille d’un site préhistorique (sépultures de l’époque de la pierre polie et/ou gauloise) Elle a pu être utilisée en pendentif, en amulette, ou cousue comme élément décoratif sur un vêtement ou une coiffure (illustration ci-contre)…
- On a aussi trouvé avec ces ossements un « cubitus droit, façonné en poinçon » (daté du « Rubané ancien » ; On trouve des restes de bois anciens visiblement rongés et taillés par des castors, conservés dans certains sédiments lacustres (par ex dans le Lac de Saint-Andéol en Lozère).
- « Les Romains, au moins ceux qui habitaient les Gaules, accordaient -Selon Gabriel de Mortillet (1872)- une grande importance aux canines de castor employées comme amulettes. On rencontre fréquemment dans les collections d’antiques de petites griffes en bronze avec anneau de suspension, dont on ignorait jusqu’à présent l’usage. Je me suis assuré, en examinant le vide intérieur de ces griffes,, qu’il est triangulaire, forme des canines du castor. Ses dimensions sont aussi celles de ces canines, de sorte qu’il serait très-facile d’en encastrer une dans l’intérieur de la griffe. Bien plus, dans plusieurs d’entre elles, j’ai encore retrouvé une petite portion de la dent, ce qui ne laisse plus aucun doute. Ces griffes surmontées d’un anneau étaient la monture de canines de castor que les Gallo- Romains portaient comme amulettes ; Je donne, figures 3 et 4 (illustration ci-contre) le dessin, grandeur naturelle, de deux de ces montures de bronze, qui existent au musée des antiquités nationales de Saint-Germain (…) Le musée de Saint-Germain possède une autre griffe analogue provenant de Champlieu, également en forêt de Compiègne. On en voit aussi au musée de Rouen, au musée d’Épinal et dans diverses autres collections. L’emploi des canines de castor comme amulette était donc d’un usage très général à l’epoque romaine ».
- Certains constructeurs préhistorique de cités lacustres semblent avoir utilisé pour tailler le bois, des mâchoires inférieures de castor, Les dents du castor sont très coupantes et ont été utilisées en complément aux haches dont on trouve aussi les traces sur le bois de certains pieux. Les préhistoriens ont trouvé de telles dents par exemple lors de fouilles faites à Saint-Aubin et à Concise, dans les déchets de construction laissé par les hommes des cités lacustres;
- En 1640, Jean Marius Mayer, médecin allemand, publie un ouvrage sur les propriétés médicales des diverses parties du castor. Ce livre fut réédité et augmenté en 1685, par Jean Franck, puis traduit en français, en 1746, ce qui laisse penser qu’une chasse destinée à fournir la pharmacopée de l’époque était aussi pratiquée.
- Selon Olaûs Magnus (1555), le castor construisait encore des barrages et huttes dans le nord de l’Europe alors que – probablement pour échapper à la prédation humaine – il avait déjà dans le sud pris l’habitude de creuser des terriers et de se cacher.
- En 1822, les derniers castors se cachent de plus en plus ; les constructions émergées de castor (barrages et huttes) sont devenus si rare dans le centre et sud de l’Europe, que les naturalistes les signalent à l’attention de leurs lecteurs, ainsi Brehm, dans son ouvrage La Vie des animaux illustrée, rapporte que pendant l’été 1822 on a trouvé des constructions de castor émergées près de la Nathe, non loin de la ville de Barby, dans un endroit désert, couvert de roseaux, qui n’était parcouru que par un cours d’eau de six à huit pas de large et qui était connu de tout temps sous le nom de l’ étang aux castors {ibid., p. 155) ; et Lenz en 1837 note que la colonie des castors captifs de Nymphenbourg (Bavière) a construit des huttes à sec (ibid. p. 159), et selon Ghudzinski, peu de temps avant les années 1870, les castors du Bug bâtissaient et ne fouissaient pas.
- Jusqu’aux xixe et xxe siècles les trappeurs européens en ont fait un piégeage intense en Russie et Sibérie. L’espèce a presque disparu, comme dans certaines parties de l’Amérique du Nord. Les autorités décident de le protéger, voire de le réintroduire.
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