La vie de la cigogne
Posté par othoharmonie le 7 novembre 2013
Plutôt solitaire lors de la nidification, la cigogne blanche devient grégaire lorsqu’elle voyage ou hiverne. Lors des grandes migrations, elle adopte le vol plané, dépensant ainsi peu d’énergie. Elle ne bat des ailes qu’au décollage et abandonne ce type de vol dès que possible. La troupe nomade s’offre alors, ailes déployées, aux courants d’air chaud qui l’aspirent littéralement. Prenant rapidement de l’altitude, à la vitesse de 2 à 3 m par seconde (si le courant d’air chaud est puissant), les cigognes planent ensuite sans efforts. Par plusieurs centaines, on peut les voir monter, les ailes rigides, et former de larges cercles avant de disparaître dans le ciel.
Elles atteignent alors de très hautes altitudes, parfois jusqu’à 3 500 m. Avec une maîtrise inouïe, elles parviennent à se diriger en utilisant les vents comme les courants d’altitude, quelle que soit la force de ces derniers.
Pendant les vols migratoires, sur de longues distances, les cigognes se livrent ainsi à une série d’ascensions et de planés, au cours desquels elles perdent peu à peu de l’altitude. D’abord quelques oiseaux décollent à l’aube, avant la colonie : ils jouent le rôle d’éclaireurs à la recherche des courants thermiques. Dès qu’ils les ont trouvés, ils sont rejoints par la troupe.
Cette technique ne nécessite pas une organisation de type « vol en escadrille » comme en adoptent d’autres grandes voyageuses, telles les oies cendrées, qui pratiquent le vol battu. Mais elle n’est possible que le jour et lorsque le soleil réchauffe suffisamment la terre pour que se créent des courants thermiques. Cela exclut l’hypothèse selon laquelle les cigognes effectueraient de nuit leurs migrations au-dessus des déserts.
La descente vers la terre est, elle aussi, très impressionnante : les cigognes se laissent tomber en vrilles acrobatiques, avant de se poser sur le sol, avec grâce.
Les courants chauds indispensables aux oiseaux planeurs n’existent pas au-dessus des mers ou des océans. C’est pourquoi les cigognes d’Europe ont deux itinéraires pour rejoindre leurs quartiers d’hiver en Afrique : celles qui nichent plus à l’ouest passent par le détroit de Gibraltar, les autres prennent une voie à l’est par le Bosphore. En fonction de ces deux voies migratoires, on distingue la population de cigognes qui hiverne en Afrique occidentale (Mali, Niger, Sénégal, Nigeria) et celle qui va chercher les chaleurs de l’Afrique orientale (Soudan, Kenya), atteignant même l’Afrique du Sud. Le périple aller et retour peut représenter plus de 15 000 km ! Un petit nombre d’oiseaux issus de populations nichant à l’est de la mer Noire se retrouvent en Inde et côtoient la sous-espèce du Turkestan, Ciconia ciconia asiatica.
C’est vers le mois d’août que la plupart des cigognes quittent leurs zones de nidification. Il est possible de les observer au-dessus du Bosphore, en Turquie. Les quartiers d’hiver sont atteints au cours des mois de novembre ou de décembre. Dès février, la troupe repart en sens inverse pour regagner les zones de nidification en mars et en avril.
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