La cigogne blanche est le symbole de l’Alsace car depuis des siècles elle vit à l’état sauvage dans cette région. Grande migratrice, elle revient tous les ans au printemps faire son nid dans ce coin de France qu’elle affectionne tout particulièrement.
Son nom en hébreu signifie « la fidèle » et la légende de la cigogne raconte qu’au commencement elle était entièrement blanche. Ce n’est qu’après avoir vu la cruauté des Hommes qu’elle a demandé et obtenu l’autorisation de plonger le bout de ses ailes dans le charbon, afin de les obscurcir en signe de deuil.
Quelque soit son pays de prédilection, la cigogne est connue pour apporter les bébés. Les futures mamans doivent passer commande en mettant quelques morceaux de sucre sur le rebord de leur fenêtre. L’oiseau va alors chercher le bambin auprès d’une source ou d’une mare, là où les lutins ramènent des profondeurs de la terre les âmes tombées du ciel avec la pluie, et réincarnées en nouveau-nés. Ainsi on dit qu’elle les apporte dans un linge, au bout de son bec ; son retour annonce que la nature va renaître et que les beaux jours sont proches. On a vu en elle un symbole de la résurrection.
Cependant que de rôles variés ont reposé sur elle dans la diversité des traditions et des peuples. La Bible la range parmi les animaux impurs, mais le prophète Jérémie constate sa clairvoyance : « La cigogne dans le ciel connaît la saison… mais mon peuple ne connaît pas le droit de Dieu ». Les Hébreux l’appelle « hasida » (la pieuse) et Maïmonide la compare au mystique qui s’isole en sa méditation. Que de fois elle réfléchit, immobile, sur la haute tige d’une seule patte : pas étonnant qu’elle soit aussi le symbole du philosophe perdu en sa contemplation.
En Extrême-Orient, on lui attribue une longévité exceptionnelle, et elle est un symbole de longue vie. Et parce qu’elle chasse et tue les serpents, les Chrétiens l’ont comparée au Christ et l’ont considérée comme l’adversaire du démon. Elle incarne aussi la reconnaissance filiale car elle subvient dit-on, aux besoins de ses vieux parents. Ecoutez saint Basile au 4è siècle : « Les cigognes, autour de leur père dont la vieillesse a fait tomber les plumes, se rassemblent en cercle : elles le réchauffent de leurs propres ailes : elles pourvoient abondamment à sa nourriture et, même dans leur vol, lui procurent tout le secours possible, en lui ménageant doucement de chaque côté le soutien de leur ailes« .
Il semble que les cigognes fréquentant les zones humides pour leurs besoins alimentaires, aient ainsi remplacé depuis le siècle dernier, les lutins qui étaient dans des temps plus anciens préposés à la livraison des bébés. Si une cigogne s’est posée sur votre maison, elle devient votre porte-bonheur dans presque tous les domaines : fécondité et fidélité en premier lieu, mais aussi richesse, santé, protection contre la foudre, bénédiction de la ville entière où elle a élu domicile etc… Cette quantité de vertus lui a sans doute été attribuée dans les siècles passés parce qu’elle débarrassait les champs et marécages des serpents et d’autres animaux peu appréciés par les habitants.
A cause de l’assèchement des marais, de la pollution causée par le progrès, des lignes à haute tension, des pesticides et de la chasse qui les décime dans les pays d’Afrique où elles migrent annuellement, les cigognes risquaient de disparaître d’Alsace. <Pour luter contre leur disparition, de nombreuses Associations se sont formées pour la protection de l’environnement et un centre de réintroduction a été mis sur pied dans les Vosges.
Ainsi, on a installé sur les toits des bases pour les inviter à y installer leur nid. Pendant trois ans, on garde les cigogneaux en volière pour leur faire perdre l’instinct de migration. A ce jour, le programme a donné d’excellents résultas, et souvent les cigognes migratrices viennent rejoindre sur les toits leurs consoeurs devenues sédentaires. On peut voir aujourd’hui leurs nids sur les clochers des églises, les tours des ville set des villages et les cheminées des maisons.
Le retour de cet oiseau synonyme de fertilité est tout à fait symbolique.