Baleines et bataille de l’Antarctique
Posté par othoharmonie le 23 octobre 2013
Les drones volants du capitaine Watson ont déjà repéré les baleiniers japonais au large de l’Australie, en route pour l’océan Austral. Cet hiver (l’été pour l’hémisphère austral), la confrontation entre l’organisation Sea Shepherd et la flotte japonaise s’annonce féroce. Dans les deux camps, on s’est équipé des matériels les plus sophistiqués pour écraser l’ennemi. Pas de quartier !
Les Japonais, qui persistent à nous faire prendre des vessies pour des lanternes en prétendant se livrer à une chasse scientifique des baleines, sont décidés, coûte que coûte, à se venger de l’affront de l’an dernier quand ils durent rentrer au port avec à peine le cinquième du butin prévu. Comme cette chasse est très largement déficitaire, ils ont commencé par détourner 23 millions de dollars de l’aide destinée aux victimes du tsunami pour armer leur flotte. Puis les gardes-côtes japonais ont annoncé qu’ils enverraient des navires escorter leurs pêcheurs. Tandis que ces derniers ont reçu la consigne ferme de revenir avec leurs neuf cents carcasses de baleine. L’honneur du Japon en dépend ! Gonflés à bloc, les marins ont donc appareillé le 6 décembre de Shimonoseki pour rejoindre leur lieu de chasse.
Malheureusement pour eux, le capitaine Paul Watson les attendait en embuscade avec ses trois navires habituels – le Steve Irwin, leBob Barker et l’ultra-rapide Brigitte Bardot -, un hélicoptère et deux drones volants capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour repérer l’ennemi et prendre des photos. De petits bijoux technologiques qui lui ont été offerts par des entreprises américaines qui soutiennent son combat.
« Ils nous donnent un avantage que nous n’avions jamais eu auparavant », déclare Watson. C’est ainsi que le 24 décembre, la veille de Noël, ces drones interceptent, le Nisshin Maru, le navire-usine de la flotte, accompagné par trois baleinières, en route pour l’Antarctique. Les gardes-côtes japonais ne l’avaient pas encore rejoint. Sans doute ne s’attendaient-ils pas à cette attaque portée à 1 800 kilomètres du sanctuaire des baleines, où la chasse se déroule. Mais aussi, les Japonais n’avaient pas prévu que les écologistes de Sea Shepherd bénéficient d’un important réseau d’indics chez les pêcheurs du monde entier.
Les Japonais ont immédiatement adopté leur stratégie habituelle quand ils sont surpris par l’ennemi : former un barrage avec les baleinières pour permettre au Nisshin Maru d’échapper aux navires poursuivants. Mais cette fois-ci, la tactique est tombée à l’eau, car les drones ont aussitôt pris l’air pour se coller dans le sillage du navire-usine avec la détermination d’un poisson-pilote accroché aux flancs d’un requin.
Jamais au cours des saisons passées, la bagarre n’avait commencé aussi tôt. En restant à proximité du navire-usine, Paul Watson a l’intention d’empêcher tout chargement de carcasses de baleine à son bord. Il faut toutefois tenir en plein milieu de l’océan Austral, souvent secoué par d’énormes tempêtes, et si loin de tout ravitaillement. Le capitaine sait pouvoir compter sur ses trois navires pour se relayer. Mais cette année, fait nouveau, il devra affronter les gardes-côtes japonais et des chasseurs de baleines qui savent qu’un nouvel échec ne leur serait pas pardonné par la mère patrie. La partie ne sera pas facile. D’autant que cette année les Australiens, qui condamnent la campagne japonaise, ont fait savoir qu’ils n’enverraient pas de navire pour faire la police entre les deux camps.
Les années précédentes, les combats de l’Antarctique n’avaient pas fait de victime. Faut-il craindre le pire, en 2012 ? De son côté, le capitaine Watson répète que son combat reste « extrêmement non violent ». Ses bateaux s’interposent entre les baleiniers et les cétacés, ses hommes envoient des gaz puants ou glissants sur les ponts ennemis, mais jamais la moindre action pouvant mettre en danger la vie d’autrui n’est entreprise.
Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, a participé par le passé à plusieurs campagnes antarctiques. « Cette année, on craint une escalade sans précédent de la violence à notre encontre. Le Japon, pays extrêmement fier, a très mal pris sa défaite de l’an passé alors que Sea Shepherd avait forcé sa flotte baleinière à quitter le sanctuaire avec seulement 16 % de son quota de baleines tuées. Cette année, le gouvernement japonais n’a pas hésité à allouer 23 millions de dollars sur les fonds récoltés pour la reconstruction du pays après le tsunami afin de permettre à la flotte baleinière de contrer les actions de Sea Shepherd en Antarctique. Ce détournement de fonds est un scandale pour les victimes du tsunami, pour les baleines et pour tous ceux qui ont envoyé des dons au Japon. »
La bataille va donc faire rage. Autrefois, Greenpeace participait à la bataille de l’Antarctique, mais aujourd’hui, le capitaine Watson et ses 88 hommes (et femmes) sont les derniers à vouloir faire respecter la loi au milieu des flots rugissants. Tiendront-ils face aux Japonais ? On vous tiendra au courant.
SOURCE : Le Point.fr – article de FRÉDÉRIC LEWINO
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