Colombophilie militaire en France
Posté par othoharmonie le 26 septembre 2013
La guerre franco-prussienne de 1870-1871 met en lumière l’importance du pigeon voyageur. C’est le seul moyen de communication avec l’extérieur pour Paris assiégé. Plus de 1 500 pigeons voyageurs ont été mis en place par des patriotes du nord de la France dans l’éventualité d’un siège de la capitale. Dans le sens Province-Paris, cette précaution n’a pas été prise. Les pigeons sont sortis de Paris par ballon. Sur 358 pigeons ainsi acheminés, une cinquantaine seulement réussit à revenir en raison du froid intense et du manque d’entraînement. Dans le même temps, l’efficacité du pigeon voyageur est augmentée par l’invention de la microphotographie qui permet de placer de nombreuses dépêches sur un seul support. Ce dernier est lu à l’arrivée sur un écran de projection. L’utilité militaire du pigeon voyageur est désormais démontrée. Des colombiers militaires sont créés. Les élevages et les entraînements sont rigoureux.
Vers 1895, Le 24e bataillon du 5e régiment du génie réuni les personnels colombophiles et télégraphistes militaires, et prend garnison au Mont-Valérien, puis passe au 8e régiment de génie, en 1912.
Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 30 000 pigeons sont utilisés par les armées françaises. Ils sont d’une fiabilité totale sur les courtes distances qu’ils doivent parcourir. Ils accomplissent leurs missions malgré les bombardements, la fumée, les projectiles, la brume et la poussière, alors que les liaisons téléphoniques sont constamment interrompues, que les estafettes (pts camions) sont retardées par les obstacles et les signaux optiques sont inopérants. Des actes d’héroïsme sont enregistrés et récompensés comme tels et justifient leur devise: Franchir ou mourir.
Une autre activité a été confiée aux pigeons, celle de prendre des photos des dispositifs ennemis grâce à des appareils légers à déclenchement automatique fixés sur leur poitrine. Certains ont rapporté des clichés magnifiques et du plus grand intérêt opérationnel.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les pigeons voyageurs sont à nouveau utilisés, mais la vitesse de l’avance allemande, puis l’occupation désorganisent les colombiers. Lorsque la Résistance s’organise, elle a également recours à ces volatiles. Plus de 16 500 pigeons anglais sont parachutés en France. Ils permettent aux patriotes français de renseigner Londres de manière très efficace, grâce à leur entraînement dans des concours internationaux avant la guerre.
Beaucoup de pigeons reçoivent les plus hautes distinctions militaires. L’un des pigeons les plus célèbres est Le Vaillant. Pendant quatre jours, le fort de Vaux, est soumis sans répit à une formidable offensive des Allemands qui tirent contre lui plus de 8 000 obus par jour. Le 4 juin 1916, à 11h30, Le Vaillant transporte l’ultime et pathétique message du commandant Raynal. Le Vaillant est cité à l’ordre de la Nation et reçoit le diplôme de la Bague d’Honneur.
Dernier message du commandant Raynal: »4-6-16 11h30: Nous tenons toujours mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites nous donner de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Raynal.
Au début du XXIe siècle, il existe un musée colombophile militaire situé dans la Forteresse du Mont-Valérien en région parisienne.
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