Le grand corbeau et le harfang des neiges
Posté par othoharmonie le 26 juillet 2013
Autrefois, les oiseaux étaient blancs, tout blancs. Un matin, Corbeau et Harfang s’amusaient ensemble sous l’iglou. Comme chaque jour, ils jouaient avec les petits os d’une nageoire de phoque à inugait, un jeu que les Inuit aiment beaucoup. Ils disposaient les os sur le sol et les assemblaient, tantôt pour reconstituer la nageoire, tantôt pour représenter un traîneau avec des chiens ou un iglou et toute une famille.
Mais les deux amis se lassèrent et décidèrent de changer de jeu : « J’ai une idée ! Si on jouait à se peindre le plumage ! » proposa Corbeau à Harfang.
« Oh oui ! Ce serait très drôle ! Mais comment faire ? »
Dans leur iglou, bien sûr, ils n’avaient pas de peinture sous la main. Mais Corbeau et Harfang étaient des oiseaux très malins. Ils mélangèrent la suie de la lampe à huile avec du gras de phoque et obtinrent ainsi une sorte de peinture noire très onctueuse. Ils la versèrent dans un petit récipient en pierre à savon. Leur nouveau jeu pouvait commencer !
C’est Corbeau qui se lança le premier. Il tira une longue plume de son aile gauche, la plongea dans la peinture noire, et se mit à l’ouvrage. Il s’appliqua tant et si bien qu’aujourd’hui, Harfang porte encore les magnifiques touches noires que Corbeau lui a peintes sur les ailes !
« Ça y est ! J’ai fini ! Tu peux maintenant te regarder dans la glace ! »
Harfang s’approcha du bloc d’eau douce gelée qui dans l’iglou sert de fenêtre et de miroir. Il admira son reflet : ses nouvelles ailes, noires et blanches, lui plurent tout de suite.
« Oh, bravo ! C’est magnifique ! »
Et pour remercier Corbeau, Harfang lui offrit une très belle paire de kamiik, les bottes inuit en peau de phoque. Corbeau les enfila et se mit à sauter de joie en criant : « Merci ! Merci Harfang pour ce beau cadeau ! Je ne vais plus les quitter, elles sont vraiment très belles !
— Bien, mais maintenant, c’est à mon tour de te peindre. Calme-toi un peu, que je puisse moi aussi te dessiner un beau plumage. »
Harfang tira à son tour une plume de son aile, la trempa dans le récipient de peinture noire et tenta de peindre les ailes de Corbeau. Mais Corbeau, fou de joie, continuait de sauter, de bouger, de danser avec ses nouvelles bottes.
« Arrête de bouger ! Comment veux-tu que je m’applique ? J’en mets partout ! » se plaignait Harfang.
Mais Corbeau continuait de plus belle. Et plus Corbeau était joyeux, plus il dansait, et plus il dansait, moins Harfang réussissait à peindre de jolis motifs.
Au bout d’un moment, excédé, Harfang prit le récipient plein de peinture noire et le renversa rageusement sur la tête de Corbeau.
Depuis ce jour, les corbeaux sont noirs, tout noirs.
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