La savane d’Autruche.
Posté par othoharmonie le 29 juin 2013
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L’autruche sauvage est en voie de disparition. La vraie « savane à autruche » a disparue il y a longtemps, c’est à dire ces espaces où dominaient les graminées dont cet oiseau est gourmand. Nous savons aujourd’hui que les modalités d’expansion des écosystèmes ne se répètent jamais telles quelles. La recherche française sur le climat(1) a montré que les plantes en C3 sont plus fragiles devant le stress hydrique que les plantes en C4, ces herbes qui, dans la savane à autruche, ont été justement majoritaires.
Struthio camelus est la désignation scientifique de l’autruche ; comme les camelidés elle peut bien supporter l’aridité.
Il y a 150.000 ou 200.000 ans des primates bipèdes qu’on appelle néandertaliens sont apparus. Ils ont peuplé l’Afrique et l’Euroasie. Il est possible que l’évolution de nos ancêtres ait eu lieu de manière tout à fait indépendante de celle des néandertaliens ; mais il est possible aussi que la pression démographique des néandertaliens ait influencé l’apparition de nos ancêtres.
Pendant un million d’années, des primates bipèdes de toute sorte ont utilisé la pierre comme projectile. L’extrême lenteur des progrès des formes des outils lithiques qu’on trouve de ces époques s’explique par cette manière sommaire d’utiliser la liberté des mains.
On peut imaginer une pullulation de singes bipèdes se bagarrant à coups de pierre. En effet, l’anatomie d’un érectus est celle d’un lanceur de projectiles performant. Le pied plus large des néandertaliens correspond à celui d’un lanceur de poids lourds. Néandertal fut le premier à garder les pierres entre ses mains pour inventer le biface. Certains situent l’apogée néandertalienne il y a 90.000 ans. Sachant que stimulé par l’adrénaline, n’importe qui d’entre nous parmi les primates bipèdes est champion de vitesse et d’endurance pour courir en terrain plat et meuble, il nous faut comprendre comment dans la savane à autruche un primate coureur est devenu primate penseur.
LE PIED HUMAIN ACTUEL EST LE PIED DE PRIMATE LE PLUS ALLONGE VERS L’AVANT.
L’autruche est le seul oiseau qui a un pied avec seulement deux doigts qui s’allongent vers l’avant. Nous avons aussi les plus grosses et nombreuses glandes sudoripares de tous les primates. Notre pilosité réduite facilite la réfrigération de notre organisme par évaporation de la transpiration. Il est certain que nos ancêtres ont beaucoup transpiré pour que nous soyons là (pour échapper aux coups de pierre, peut-être).
Les résidus lithiques des néandertaliens sont le résultat surtout de biceps forts et habiles. Les humains ont plutôt utilisé leurs doigts et encore plus leurs ongles pour produire d’emblée la minutie caractéristique qui les distingue du biface néandertalien. On peut considérer les parures néandertaliennes comme produits d’impulsions semblables à celles que poussent certains oiseaux australiens à décorer leurs « berceaux nuptiales ».
Les néandertaliens ne possédaient assurément pas de langages articulés comme les nôtres parce que dans un tel cas ils seraient ici à notre place. Des primates bipèdes communiquant par vocalisations ont probablement existé et des prè-langages ont précédé certainement les nôtres ; mais tout cela reste du côté du singe hurleur.
Les humains ont inventé des consonnes qui exigent un degré de synchronisation psychique préalable au contexte immédiat. De ce fait découle que nos langages constituent un espace spécifique, une savane abstraite où on accède par apprentissage. Apprendre à parler donc, c’est comme apprendre à tituber, marcher et courir dans des savanes qui n’existent que dans les têtes de ceux qui parlent une langue. Nos mots et nos phrases bienveillantes sont les graines nourrissantes de cette savane. En inventant leurs langages, les humains arrêtèrent de courir dans les savanes réelles et développèrent les puissances de l’imagination. Ils inventèrent les riches pâtés de céréales pour sevrer leurs petits et nourrir leurs anciens sans dents. Ils utilisèrent l’herbe à paillotes (Imperata) pour les protéger. Ainsi les nouveaux critères d’adaptation de l’espèce furent une lenteur métabolique et une accélération de la réflexion pure, qui, par la conscience de soi, confirment le besoin de l’autre pour exister.
(1) http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb16/10_apparition.htm
(2) Site du même auteur : http://pagesperso-orange.fr/terwa.koyo/misejour
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