La Libellule et le philosophe

Posté par othoharmonie le 1 avril 2013

Est un livre Alain Cugno

La Libellule et le philosophe dans LIBELLULE philo“La philosophie est affaire d’enfance, tout comme la fascination par les animaux de tout ce qui est à l’état naissant, de tout ce qui inaugure un monde.” 

Quelques questions à l’auteur : 
Quand et comment vous est venue cette passion pour les libellules ? 
J’ai toujours aimé passionnément les animaux sauvages, dès l’enfance. J’ai commencé par être ornithologue, mais quand j’ai eu des enfants, il est devenu impossible d’approcher les oiseaux avec une escorte aussi bruyante. Alors je me suis mis à photographier les libellules. Et j’y ai pris goût, parce que les libellules sont fascinantes. 

La beauté des libellules a-t-elle quelque chose de spécifique ? 
Oui ! Leur beauté leur vient de leur étrangeté, de l’élégante fermeté de leur silhouette et de la grande variété de leurs couleurs. Mais cela, on peut le dire de beaucoup d’animaux. Ce qui fait leur originalité foncière est qu’il faut les observer de près pour les voir vraiment, pour voir ce que l’on n’a jamais vu dans la nature. On entre dans un tout autre monde. 

L’observation des libellules a-t-elle enseigné quelque chose au philosophe ? 
Que la nature ne se réduit pas à un ensemble de processus physico-chimiques. Elle est exubérante, inventive, ostentatoire, pleines de signes et de signaux, de comportements extravagants. Les libellules sont comme des propositions insolites ; comme si, bien que muettes, elles s’adressaient à un spectateur invisible pour lui signifier quelque chose. Mais quoi ? 

Y aurait-il des « correspondances » entre la passion du philosophe et celle de l’entomologiste ? 
J’ai longtemps cru qu’elles étaient étrangères et mêmes hostiles l’une à l’autre, que j’aurais dû choisir la philosophie, et m’en tenir à elle. Et puis je me suis rendu compte qu’il y avait une profonde parenté, qu’elles se nourrissaient l’une de l’autre. On part le coeur battant attendre que ce qu’on aime s’offre : les insectes, les mots. Passion amoureuse, en somme. 

Sénèque a écrit un traité sur la « brièveté de la vie » (De brevitate vitae). Quel sens donner à celle, plus brève encore, de la libellule ? 
Ce qui compte, pour atteindre l’éternité, ce n’est pas la durée mais l’intensité et la noblesse du geste. Les héros de Pour qui sonne le glas avaient trois jours pour vivre une vie plus riche, plus profonde et plus intelligente qu’aucune vie de centenaire ; les libellules ont quelques semaines pour se donner sans réserve à une vie explosive, brillante, aérienne. 

“Les libellules s’en vont, quittent, vont ailleurs, et cet ailleurs est justement ce qu’elles habitent, là où elles volent, maintenant. Elles sont le détachement même. Elles ne tiennent à rien, si ce n’est à s’en aller. Elles habitent leur départ – elles sont toujours déjà arrivées là où elles ne finissent pas de partir.”

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