Les libellules se rencontrent dans une grande diversité d’habitats aquatiques : mares, étangs, cours d’eau… Parmi celles-ci, certaines sont de bonnes indicatrices de la qualité de l’eau et de sa richesse faunistique. Malheureusement, la pollution et surtout la régression des zones humides semblent être à l’origine de leur disparition.
Historique et classification
Les libellules appartiennent à un groupe d’insectes très anciens. Des fossiles préhistoriques datés de 300 millions d’années, ont été retrouvés notamment à Commentry, dans l’Allier. Cet ancêtre portait le nom de Meganeura monyi et vivait au Carbonifère : cette libellule était de taille gigantesque puisque son envergure atteignait 70 cm ! De nos jours, avec 10 cm d’envergure, l’Anax empereur est l’une des plus grandes libellules de France.
Les libellules appartiennent à l’ordre des Odonates qui compte environ 6 000 espèces et sous-espèces dans le monde. Seules 85 espèces se reproduisent en France avec certitude. Les Odonates se divisent en deux sous-ordres : les Zygoptères et les Anisoptères. Les Zygoptères se distinguent à leur petite taille, un abdomen fin et deux paires d’ailes semblables qui se ferment verticalement au repos (par ex. les Caloptérix et les Agrions). Les Anisoptères se distinguent à leur taille plus grande, un abdomen plus épais et deux paires d’ailes différentes qui restent ouvertes à l’horizontal au repos (par ex. l’Anax empereur)
Cycle de vie des libellules :
Les libellules passent par trois stades au cours de leur cycle de vie : l’oeuf, la larve et l’imago (adulte). L’éclosion de l’oeuf se produit après deux à cinq semaines (bien que certains passent l’hiver à ce stade). Toutes les larves sont carnivores. Cachées entre les plantes aquatiques ou enfouies dans la vase, elles guettent leurs proies ou s’en approchent doucement. La larve identifie sa proie à vue. Les plus jeunes mangent des animaux unicellulaires, puis, plus tard, elles attrapent de petits crustacés, des vers et des insectes aquatiques de toutes sortes. Les plus âgées prennent aussi des isopodes aquatiques, des amphipodes, des têtards et de jeunes alevins. Pour saisir leurs proies, elles se servent de leur lèvre inférieure curieusement transformée en « masque ».
En général, elles se déplacent en marchant sur le fond, mais les larves des Anisoptères peuvent aussi se propulser en avant comme une fusée en expulsant violemment l’eau de respiration par l’extrémité de l’abdomen. Les larves des Zygoptères peuvent nager en faisant onduler leur corps.
La larve mue à plusieurs reprises et grandit chaque fois considérablement. Le nombre de mues varie de 9 à 16 suivant les espèces. La durée du développement larvaire varie quant à lui de quelques mois à 5 ans. Lorsque la larve est au stade terminal, elle cesse de se nourrir et sort de l’eau.
L’insecte s’extrait alors de son exuvie qui se déchire suivant une fente longitudinale. Cette transformation, appelée métamorphose, dure de 45 minutes à deux heures, en fonction des conditions météorologiques rencontrées. L’exuvie reste solidement accrochée à la tige ou au sol. L’imago (adulte) est tout d’abord mou et vulnérable. Une fois le corps durci et les ailes étendues, il peut prendre son envol.
Les adultes vivent quelques semaines durant lesquelles ils se reproduiront. L’accouplement chez les libellules est spectaculaire. Le mâle agrippe la femelle derrière la tête grâce à des appendices spéciaux situés au bout de son abdomen : on dit que le couple forme la position du « tandem ». L’abdomen de la femelle s’incurve alors pour rencontrer le corps du mâle en formant un cœur copulatoire, et l’accouplement a lieu. Chez les Anisoptères cela prend quelques secondes, mais chez les Agrions le coeur peut être maintenu plus de 6 heures. Après l’accouplement, les libellules se séparent et la femelle pond ses oeufs alors que le mâle monte la garde chez certaines espèces. La plupart des espèces pondent leurs œufs individuellement dans l’enchevêtrement des plantes aquatiques, quelques-unes insèrent directement leurs oeufs à l’intérieur des végétaux alors que d’autres les laissent simplement tomber dans l’eau ou sur le sol humide.