Apparition du Lézard
Posté par othoharmonie le 2 mars 2013
Voici les conditions nécessaires et suffisantes, pour qu’à coup sûr apparaisse un Lézard !
Ce n’est pas moi qui le dit mais Francis Ponge, poète français du XXeme siècle…
Le Lézard
D’abord un quelconque ouvrage de maçonnerie, à la surface éclatante et assez fort chauffée par le soleil. Puis une faille dans cet ouvrage, par quoi sa surface communique avec l’ombre et la fraîcheur qui sont en son intérieur ou de l’autre côté. Qu’une mouche de surcroît s’y pose, comme pour faire la preuve qu’aucun mouvement inquiétant n’est en vue depuis l’horizon… Par cette faille, sur cette surface, apparaîtra alors un lézard (qui aussitôt gobe la mouche).
Et maintenant, pourquoi ne pas être honnête, a posteriori ? Pourquoi ne pas tenter de comprendre ? Pourquoi m’en tenir au poème, piège au lecteur et à moi- même ? Tiens-je tellement à laisser un poème, un piège ? Et non, plutôt, à faire progresser d’un pas ou deux mon esprit ? A quoi ressemble plus cette surface éclatante de la roche ou du môle de maçonnerie que j’évoquais tout à l’heure, qu’à une page, – par un violent désir d’observation ( à y inscrire) éclairée et chauffée à blanc ? Et voici donc dès lors comment transmuer les choses.
Telles conditions se trouvant réunies :
Page par un violent désir d’observation à y inscrire éclairée et chauffée à blanc. Faille par où elle communique avec l’ombre et la fraîcheur qui sont à l’intérieur de l’esprit. Qu’un mot par surcroît s’y pose, ou plusieurs mots. Sur cette page, par cette faille, ne pourra sortir qu’un…( aussitôt gobant tous précédents mots)… un petit train de pensées grises, -lequel circule ventre à terre et rentre volontiers dans les tunnels de l’esprit.
F. Ponge (1899-1988) voir ci-après …
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