La queue du lézard, organe moteur
Posté par othoharmonie le 12 février 2013
Lorsqu’un lézard agite sa queue en sautant d’un rocher à un autre, ce n’est pas pour l’épate, mais pour éviter de se fracasser sur la paroi. Une équipe de chercheurs de l’université de Californie a montré le rôle primordial et actif de cet appendice dans le contrôle de la stabilité des sauts du Agama agama, un lézard qui apprécie les climats semi-désertiques. Cette petite bête de 70 grammes a été contrainte d’effectuer, sous l’œil des caméras rapides des chercheurs, des sauts d’une marche à une autre, plus haute et éloignée de la première.
En outre, pour forcer le reptile à effectuer différents sauts, la surface d’envol était plus ou moins glissante. Verdict : c’est bien grâce au mouvement de sa queue que l‘animal parvient à éviter la gamelle humiliante. Il use plus précisément d’un vieux principe de mécanique, la conservation du moment cinétique. C’est ce qui permet au funambule de tenir en équilibre avec une perche : l’inclinaison de la perche « compensant » celle du corps. Pour le lézard, quand il se sent piquer du nez en l’air, il remonte sa queue.
Et dans le cas contraire, il l’abaisse. Il garde ainsi une inclinaison de son corps constante et correcte pendant son saut. Le corps d’un Agama agama s’incline ainsi 72 % de moins que celui d’un lézard sans queue.
« Il y avait déjà des observations du rôle de la queue dans le saut, mais ce résultat le quantifie pour la première fois et en propose un modèle », précise Vincent Bels, du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Les chercheurs, qui ont publié leur résultat en ligne dans Nature, le 4 janvier, ont été plus loin en testant leur théorie sur un jouet doté d’une queue passive ou active et lancé sur un tremplin.
Avec une queue rigide, le robot pique du nez, tandis que celui à queue active garde son inclinaison initiale. Armée de ces conclusions, l’équipe américaine a calculé qu’un petit dinosaure du genre Velociraptor avait une morphologie (et une queue !) propice à des sauts plus acrobatiques que ceux d’Agama agama lui permettant de sauter au cou de ses proies. De quoi peut-être réviser le rôle de la queue dans la survie des espèces et leur évolution.
David Larousserie article dans Le Monde
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.