Les dauphins ambassadeurs ne sont pas une espèce
Contrairement à la croyance de beaucoup, le dauphin ambassadeur n’est pas une espèce mais un individu issu de l’une des quarante six et quelques espèces existantes qui viennent vivre près des hommes et entrent en contact avec eux. Quelques delphinologues ne sont toujours pas d’accord pour définir leur nombre exact… Le terme est apparu dans les années soixante-dix, l’époque où toutes les croyances les plus mystiques étaient d’actualité. On pensait alors que les dauphins s’approchant de l’homme remplissaient le rôle d’émissaire de leur espèce, porteurs d’un message avertissant l’espèce humaine de la fragilité du monde sous-marin. Avec le phénomène de Monkey Mia, l’appellation dauphin ambassadeur s’était répandue. Evidemment les personnes satisfaites de cette théorie ignorent qu’un animal comme le Grand Dauphin (Tursiops truncatus) appartient à une espèce côtière, qu’il est donc logique de croiser près des rivages.
De nombreuses études scientifiques démontrent que le Tursiops est habituellement côtier. Les ambassadeurs sont des marginaux ou des éléments à forte personnalité, qui développent une vive curiosité et choisissent une vie hors du groupe pour mieux appréhender les autres créatures vivantes. Ces dauphins là sont plus entreprenants que les autres. Les dauphins de Monkey Mia viennent sur la plage non seulement pour la nourriture mais également pour jouir du curieux spectacle de l’homo-sapiens, avec ses bras velus, ses longues jambes, ses shorts à fleurs et ses encombrants appareils photographiques.
Le commandant Cousteau avait émis l’hypothèse selon laquelle certaines femelles étaient rejetées de leur clan pour stérilité. Une supposition qu’il reconnut plus tard très audacieuse et injustifiée : des femelles solitaires, à l’exemple de Yotsa en mer Adriatique ou Oleen en Egypte, sont devenues mères. De toute manière, la qualité d’ambassadeur n’est pas reconnue par les scientifiques et c’est tant mieux.
Ces animaux véhiculent une sorte de rêve pour les terriens que nous sommes, c’est l’essentiel. Malgré le terme relativement nouveau, il est difficile de définir quel dauphin a été le premier ambassadeur, on peut supposer que son histoire se déroulait en Méditerranée dans la Grèce antique si on se réfère aux écritures.
Etant donné le flou occasionné par l’arrivée du christianisme en Europe occidentale, il faut attendre bien longtemps pour retrouver des écrits relatant d’histoires d’amitié entre les dauphins et les hommes. Il y a eu tout de même quelques miraculés mais qui avaient dû rapidement se plier aux lois cruelles des hommes ! En voici les plus représentatifs : « Gabriel » en 1814 en Angleterre et « Pelorus Jack » en 1988 en Nouvelle Zélande furent tous deux les seuls représentants historiques du 19ème siècle. Le premier avait fini par être capturé pour être exhibé à Londres et il est mort lors de son transport en train. Quant au second, il accompagnait les navires rentrant au port mais rien de plus, timide retour des cétacés vers le monde des hommes !
« Carolina« , dit « Snowball« , fréquentait les eaux de Caroline du Sud aux USA en 1950. Sa peau blanche albinos lui avait valu ce surnom de « Boule de neige ». Elle aussi a été capturée par un zoo en Floride.
« Opo » encore en Nouvelle Zélande était devenu une icône vivante en 1955. Premier dauphin ambassadeur a avoir été filmé, cette delphine fréquentait la plage de Opononi d’où son nom. elle préférait les enfants aux adultes et manifestait parfois des signes de mécontentement en frappant la surface de l’eau avec sa nageoire caudale. En 1956, une loi spécifique protégeait le cétacé. Malgré cela, elle fut retrouvée morte coincée entre deux rochers, certainement victime d’une technique de pêche particulièrement destructrice, la pêche à la dynamique. Une statue avait été érigée en son honneur. Les maoris disaient qu’elle était la réincarnation d’un explorateur débarqué sur la plage de Opononi.
En 1971, « Dolly » a été peut être le premier dauphin soldat dans le monde des civils, je dirais des gens civilisés ! Dolly qui s’était présentée un beau matin devant la maison de la famille Asbury était devenue un véritable membre de la famille. La famille Asbury habitaient dans les Keys, en Floride, dans une maison donnant sur un canal étroit. Jean, la mère, était devenue peu à peu la mère adoptive de la delphine. Jacques-Yves Cousteau avait réalisé un film sur cette histoire et disait : « Il semblerait que les animaux, spécialement les dauphins, reconnaissent les qualités de coeur de certains êtres humains. Il y avait chez Jean Asbury un amour maternel, un rayonnement qui n’ont certainement pas laissé Dolly insensible, et c’est là un bien grand mystère. On eût dit que la patience et l’extrême bienveillance de Jean agissaient sur Dolly. Leur aventure était avant tout sentimentale et maternelle ». La delphine avait été rejeté de l’armée pour « indiscipline » ! Elle s’était alors retrouvée seule quémandant du poisson aux humains. Sa captivité forcée l’avait sans doute placée dans une position d’assistanat.
« Nina« , en Espagne en 1972, accompagnait les plaisanciers du port de La Corogne. Le commandant Cousteau avait envoyé le cinéaste Jacques Renoir pour filmer la delphine. Tous les notables de la ville se souciaient de la delphine. Les journaux lui consacraient des pages entières. Nina, qui n’avait d’abord été qu’un personnage local, était devenue une héroïne nationale. Les touristes affluaient au bord de cette petite crique isolée et l’unique bistrot était plein à craquer. Le prix du terrain s’était mis aussitôt à monter et les gens ont fait fortune.
« Roméo » de Naples en Italie, qui débuta ses interactions en 1985 avait grandement défrayé la chronique par ses comportements parfois extrêmes. Voici le récit de Carola Hepp, une jeune journaliste allemande : « Je rends visite à Roméo en 1987. De la plage, j’appelle le dauphin en faisant tinter une clochette. Roméo arrive. A plusieurs reprises, le dauphin tente quelques approches sexuelles. Une fois, il parvient à introduire son pénis sous le maillot de bain ! ».
« Oleen« , en Egypte en 1994, se lie d’amitié avec un jeune pêcheur sourd et muet. Abid’allah a découvert Oleen blessée, nageant autour de l’un de ses compagnons tué par balle ; non loin d’elle, le jeune homme a également aperçu le corps d’un bébé dauphin, empêtré dans un filet. Elle a mis au monde un autre delphineau, une femelle baptisée Mapsutta qui semble en pleine forme. Les deux delphines continuaient d’accompagner les baigneurs, ce qui semblait tout à fait normal pour Mapsutta, habituée depuis toujours à la proximité de l’homme. Elles arrivaient toujours ensemble, parfois accompagnées d’autres dauphins. La delphine acceptait le poisson de la main de l’homme comme la plupart des « Tursiops aduncus ».
« Randy« , appelé aussi Georges, Dony, Flipper et Léo, doit sa multiplicité de surnoms au fait que ce dauphin visite plusieurs régions différentes depuis 2001. Sans doute est-il le plus atypique des dauphins ambassadeurs. Randy s’étant pas mal baladé, ce n’est qu’après plusieurs mois d’observation que l’Association Irish Dolphins a pu faire un rapprochement grâce à des clichés photographiques et affirmer que Georges, Randy, Dony, Flipper et Léo n’étaient en fait qu’un seul et même dauphin ! Au mois d’avril 2001, il est observé, pour la première fois, en Irlande dans le Comté du Kerry où il reste trois mois. Les Irlandais le surnomment Dony. En juillet 2001, le dauphin disparaît et arrive en août 2001 près de La Rochelle et près de l’île d’Yeu en France. Il file ensuite vers la Normandie. Les Français le prénomment Georges ou Randy. Le 28 mars 2002, il est aperçu en Grande-Bretagne, près de Weiwouth, son nom est alors Flipper. Il se rend ensuite dans le nord de la France à Dieppe, le Havre, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer. En décembre 2002, Randy arrive sur la côte Belge. A Anvers, on le surnomme Leo. Le 13 décembre 2002, Randy pénètre au coeur de zones habitées en traversant un canal ! Il est en Hollande ! Lors de son passage dans le canal, les écluses restent ouvertes afin que le dauphin puisse regagner le large, mais il reste avec les hommes. Le 24 décembre 2002, il est de retour vers la Belgique. Plus tard, le dauphin est retrouvé en Bretagne en France en compagnie d’un autre ambassadeur, Jean-Floch, un autre dauphin atypique.
En découvrir d’autres encore sur cet article :http://www.nageraveclesdauphinslibres.com/qui-sont-les-dauphins-ambassadeurs/