Les Reptiles
Posté par othoharmonie le 30 octobre 2012
En raison de sa position géographique et de son allongement nord-sud, la Champagne-Ardenne possède un peuplement intéressant de reptiles même si elle n’abrite que 12 espèces sur les 38 répertoriées en France (SHF, 1989).
Elle constitue une limite septentrionale pour 4 espèces : Lézard vert, Couleuvre verte et jaune, Couleuvre d’Esculape et Vipère aspic.
Sur les 12 espèces de reptiles de notre région, 10 peuvent être rencontrées sur les pelouses sèches et parmi elles, 6 y sont étroitement liées : Lézard des souches, Lézard vert, Couleuvre verte et jaune, Coronelle lisse, Couleuvre d’Esculape et Vipère aspic ; soit la presque totalité des espèces considérées comme prioritaires dans le cadre des ORGFH (seule la Vipère péliade n’est pas inféodée à ces milieux).
Les pelouses sèches de Champagne-Ardenne n’ont pas toutes la même valeur herpétologique. En l’occurrence, celles de Champagne-Crayeuse (Lézard des souches, Coronelle), celles du Tardenois (Coronelle) et surtout celles de l’Aube et de la Haute-Marne (toutes espèces) sont les plus patrimoniales.
En effet, les reptiles sont, pour la plupart, fortement limités par les conditions climatiques et ne sont répartis que dans les zones les plus méridionales de la région.
Couvrant plusieurs centaines d’hectares il y a quelques décennies, les pelouses ont été progressivement reboisées ou mises en culture, ou se sont reboisées naturellement. Elles font aujourd’hui figure de reliques, réduites le plus souvent à quelques ares de terrains accidentés, talus ou lisières forestières. Actuellement laissées à l’abandon, l’évolution naturelle de la végétation (envahissement par les ligneux) les rend extrêmement vulnérables.
La forte valeur patrimoniale de ces espaces a suscité l’intérêt des botanistes et des entomologistes, qui conscients du danger de les voir disparaître, ont engagé des opérations de protection. Celles-ci passent principalement par l’acquisition, ou la gestion conservatoire, de terrains par le Conservatoire du Patrimoine Régional de Champagne-Ardenne ainsi que par l’inscription des sites dans le réseau Natura 2000.
Toutefois ces mesures n’empêchent pas la fragmentation des habitats et donc des populations. Ce phénomène est lié en partie à l’intensification de l’agriculture et à la création d’infrastructures routières qui entraînent à la fois la raréfaction des sites favorables et la création d’espaces difficilement franchissables pour ces animaux.
Pour palier à la fragmentation des habitats qui fragilise, à terme, la conservation des populations, la conservation ou le renforcement du maillage bocager est une première mesure qui aurait un impact tout à fait favorable. Par ailleurs, il pourrait être envisagé de développer d’autres corridors spécifiques en s’appuyant, de préférence, sur des éléments existants comme les bords de route, les murs de pierre, les voies ferrées désaffectées ou les ourlets forestiers. La rupture du paysage des grandes plaines agricoles par implantation de haies et de bandes enherbées serait bien entendu favorable aux reptiles. Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et de l’amélioration de la qualité de ses Habitats
Les carrières s’avèrent répondre bien souvent aux conditions écologiques recherchées par les reptiles et pourraient constituer un milieu de substitution dans la mesure où elles font l’objet d’une gestion durable appropriée.
Les zones humides de Champagne-Ardenne sont beaucoup moins propices que les pelouses pour les reptiles. La Vipère péliade est la seule espèce prioritaire liée à ce type de milieu. Sa conservation passe par le maintien des derniers marais tourbeux du Plateau Ardennais, des crêtes préardennaises et de l’ouest marnais menacés par le reboisement (plantation de peupliers surtout) et la transformation en terres arables. Comme pour les pelouses, l’embroussaillement et l’isolement des derniers sites favorables sont également préoccupants.
Outre la disparition et l’altération de l’habitat, les reptiles sont confrontés à certaines pratiques qui leur sont préjudiciables : girobroyage des jachères et milieux incultes, utilisation d’insecticides à proximité des sites occupés (diminution des espèces proies) et destruction directe par méconnaissance et crainte.
Espèce exogène Importée d’Amérique comme animal de compagnie, la Tortue de Floride a été introduite dans de nombreux plans d’eau et s’y est fort bien acclimatée. Cette espèce indésirable est recensée dans les quatre départements.
Etant donné que notre région n’abrite pas de Cistude d’Europe, le problème de compétition interspécifique ne se pose pas. Néanmoins, cette espèce ayant une forte activité prédatrice sur les larves de batraciens et d’insectes, sa répartition, son impact sur les écosystèmes et les méthodes de luttes à son encontre méritent d’être étudiés de manière plus précise.
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