Cheval et chamanisme
Posté par othoharmonie le 22 octobre 2012
Le cheval est l’animal du chamanisme et des rituels initiatiques, une association qu’il doit à son instinct, sa clairvoyance, sa perception psychanalytique comme part animale et intuitive de l’homme éclairant la raison, et sa connaissance de l’Autre Monde. Cette fonction du cheval pourrait être la première et la plus ancienne, elle existe peut-être depuis la préhistoire suivant la théorie controversée de Jean Clottes, selon laquelle un certain nombre de peintures rupestres représenteraient des visions chamaniques.
Selon Mircea Eliade, dans sa transe visant à sortir de lui-même pour franchir les limites du monde connu, le chaman obtient l’aide d’un animal-esprit et utilise plusieurs objets, comme le cheval bâton et le tambour (généralement tendu en peau de cheval), qui renvoient à l’animal réel. Il passe alors par d’autres états de conscience et peut voyager dans une direction infernale ou vers le ciel. En ce sens, le cheval, lié aux battements du tambour, permet au chaman de réaliser une rupture de niveau. Il est également son protecteur, le cheval-esprit des chamans de l’Altaï verrait ainsi à trente jours de distance, veillant sur la vie des hommes pour en informer les divinités
Un fond chamanique est perceptible dans plusieurs mythes anciens mettant un cheval en scène, notamment celui de Pégase (dont le fond est asiatique), qui symbolise l’instinct sublimé et le sage initié à travers l’ascension de l’Olympe, et celui de Sleipnir. La légende kirghize de Tchal-Kouyrouk y est plus largement liée, puisque le héros Töshtük doit se fier aux pouvoir de sa monture, qui parle et comprend le langage humain, afin de se guider dans un univers souterrain pour récupérer son âme. Il en est de même dans l’épopée de Niourgoun le yakoute, guerrier céleste, qui chevauche un coursier roux volant doué de parole.
Dans la littérature médiévale occidentale, le cheval est toutefois présenté comme un point d’ancrage dans le monde réel, par opposition à l’Autre Monde de la féerie et du merveilleux. Bien souvent, le chevalier qui pénètre dans le royaume des fées abandonne sa monture, ou doit cheminer de nuit à travers une végétation dense.
Rites et possessions
Une métamorphose rituelle de l’homme en cheval se retrouve dans des rites initiatiques incluant des possessions. L’homme qui s’abandonne à un esprit supérieur peut être possédé par une entité démoniaque ou positive, le « cheval » étant le canal qui leur permet de s’exprimer. Le Vaudou d’Haïti, du Brésil et d’Afrique, l’Égypte jusqu’au début du XXe siècle, ainsi que l’Abyssinie sont concernés. Le possédé est chevauché par des esprits, puis dirigé par leur volonté. Les adeptes des Mystères de Dionysos, en Asie mineure, étaient symboliquement chevauchés par leurs dieux. Ces possessions se retrouvent peut-être dans l’ancienne Chine, où les nouveaux initiés portaient le nom de « jeunes chevaux » tandis que le nom de « marchands de chevaux » désignait les initiateurs, comme les propagateurs du taoïsme et de l’amidisme. L’organisation d’une réunion initiatique est nommée « lâcher de chevaux ».
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