Symbolique du Cheval
Posté par othoharmonie le 14 octobre 2012
La symbolique du cheval est l’étude de la représentation du cheval dans la mythologie, les religions, le folklore populaire, l’art, la littérature et la psychanalyse en tant que symbole, dans sa capacité à désigner, à signifier un concept abstrait, au-delà de la réalité physique de l’animal quadrupède. De nombreux rôles et des dons magiques s’associent au cheval à toutes les époques et dans toutes les régions du monde où des populations humaines se sont trouvées en contact avec lui, faisant du cheval l’animal le plus symboliquement chargé, avec le serpent.
Les chevaux mythiques et légendaires possèdent souvent des pouvoirs merveilleux comme celui de parler, de traverser les eaux, de se rendre dans l’Autre Monde, les enfers et le ciel, ou de porter un nombre infini de personnes sur leur dos. Ils peuvent être aussi bons et ouraniens que mauvais et chtoniens. À travers le « mythe du centaure », exprimé dans la plupart des histoires mettant un cheval en scène, le cavalier cherche à faire corps avec sa monture en alliant l’instinct animal à l’intelligence humaine.
Le cheval a surtout une fonction de véhicule, c’est pourquoi il est devenu un animal chamanique et psychopompe, chargé d’accompagner les hommes dans tous leurs voyages. Allié loyal du héros dans les épopées, compagnon d’aventures infatigable du cow-boy, il est devenu un symbole de guerre et de domination politique au fil de l’Histoire, s’est fait maléfique par son association au cauchemar et aux démons, ou encore symbole érotique à travers l’ambiguïté de la chevauchée. Le cheval est familier des éléments, surtout de l’eau dont est issu le cheval aquatique connu des pays celtiques. L’air a donné le cheval ailé, connu tant en Grèce qu’en Chine ou en Afrique.
La littérature, les jeux de rôle et le cinéma ont repris ces perceptions symboliques du cheval.
Le cheval pourrait avoir eu très tôt une place symbolique de premier plan puisqu’il est l’animal le plus représenté dans l’art préhistorique, privilégié depuis le XXXVe millénaire avant J.-C, bien avant sa domestication. Représenter le cheval davantage que d’autres animaux tout aussi (sinon plus) abondants était déjà un choix pour les hommes préhistoriques. En l’absence de preuves concrètes expliquant ce choix, toutes les interprétations restent possibles, du symbole de pouvoir (selon l’exposition Le cheval, symbole de pouvoirs dans l’Europe préhistorique) à l’animal chamanique (selon la théorie de Jean Clottes reprise par Marc-André Wagner). Le cheval devient aussi un ancêtre totémique, plus ou moins divinisé.
Le symbolisme du cheval est complexe et multiple. Il n’est pas clairement défini puisque les auteurs attribuent des significations très diverses à cet animal, sans qu’une ne semble se détacher par rapport aux autres. Il connait tous types de rôles et de symbolismes, bénéfiques comme maléfiques, dans les histoires qui lui sont liées : monture dynamique et impulsive, il est associé à tous les points cardinaux, à chacun des quatre éléments, aux figures maternelles (Carl Gustav Jung voit dans le cheval l’un des archétypes de la mère, parce qu’il porte son cavalier tout comme la mère porte son enfant, « offre un contact doux et rythmique, et valorise son cavalier ») et paternelles (à l’inverse, Sigmund Freud relève un cas où le cheval est l’image du père castrateur), au soleil comme à la lune, à la vie comme à la mort, au monde chtonien comme ouranien. Dans sa plus lointaine perception symbolique, le cheval était inquiétant et chtonien, il s’est plus tard associé au soleil du fait de sa domestication. C’est le plus souvent un animal lunaire lié à la terre-mère, aux eaux, à la sexualité, au rêve, à la divination et au renouvellement de la végétation. Gilbert Durand note, dans ses Structures anthropologiques de l’imaginaire, que le cheval « est relié aux grandes horloges naturelles », et que toutes les histoires, de cheval solaire comme de coursier chtonien, ont en commun « l’effroi devant la fuite du temps ».
« Ses pouvoirs dépassent l’entendement ; il est donc Merveille et il ne faut pas s’étonner que l’homme l’ait si souvent sacralisé, de la préhistoire à l’histoire. Un seul animal le dépasse peut-être en subtilité dans le bestiaire symbolique de tous les peuples : le serpent. »
— Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, article « Cheval »
D’anciennes études avancent que l’origine des « pouvoirs magiques » merveilleux attribués au cheval serait indienne. Henri Gougaud note que « depuis toujours, des liens robustes, profonds, inaltérables, attachent l’homme à sa monture ». Le cheval est à la fois l’animal le plus cher à l’homme et le seul que l’homme peut respecter comme son égal, à tel point qu’il est vu comme un don des dieux capable d’arracher l’homme à sa condition de primate, et de lui faire gagner les sphères célestes.
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