Cheval et/ou véhicule
Posté par othoharmonie le 21 septembre 2012
En dépit de sa disparition de la vie quotidienne au profit des véhicules motorisés, le cheval demeure « tapi dans le subconscient collectif profond ». L’utilisation de son image à l’époque moderne est toujours aussi conséquente, tant dans la publicité qu’au cinéma ou dans les magazines : Olivier Domerc, ancien rédacteur en chef de Culture Pub, affirme que « contrairement aux chiens et aux chats, le cheval permet de tout vendre. Peu d’animaux ont cette image de « passeur » à la fois forte et universelle ». Les spécialistes de la communication aiment son côté fédérateur, qui leur permet de gommer les problèmes de race ou de religion lors de leurs campagnes de publicité : le cheval sait capter le regard lorsqu’il est mit en scène grâce à son mélange de puissance, de grâce, de vitesse et de force, il fait désormais figure d’alliance entre rêve et réalité, virilité et féminité.
Patrice Franchet d’Esperèy relève qu’au début du xxie siècle, l’équitation a fait du cheval l’incarnation des voyages dans les grands espaces, de la maîtrise de soi, de la maîtrise de l’autre et de la communication avec la nature.
La première perception symbolique du cheval est celle d’un « véhicule » dirigé par la volonté de l’homme (la volition) ou guide de ce dernier, qui lui permet d’être porté plus rapidement d’un point à un autre : « le cheval n’est pas un animal comme les autres, il est la monture, le véhicule, le vaisseau, et son destin est inséparable de celui de l’homme ».Gilbert Durand parle de « véhicule violent, coursier dont les foulées dépassent les possibilités humaines ». Dans Métamorphoses de l’âme et ses symboles, Carl Gustav Jung parle du cheval comme « d’un des archétypes les plus fondamentaux des mythologies, proche du symbolisme de l’arbre de vie ». Comme ce dernier, le cheval relie tous les niveaux du cosmos : le plan terrestre où il court, le plan souterrain dont il est familier, et le plan céleste. Il est« dynamisme et véhicule ; il porte vers un but comme un instinct, mais comme les instincts il est sujet à la panique ». En ce sens, le motif du cheval est un symbole adapté pour le Soi car il représente une réunion de forces antithétiques et contradictoires, conscientes et inconscientes, ainsi que la relation les reliant (de même qu’une relation indéfinissable unit le cavalier à sa monture). Cette perception découle directement de ses qualités physiques de mobilité. Elle transcende l’espace connu puisque la chevauchée est une « transgression des limites psychiques ou métaphysiques » : le cheval permet de franchir la porte des enfers comme les frontières du ciel, le disciple atteint la connaissance sur son dos, et bon nombre de croyances en la métempsycose rapportent des aventures à cheval avant la réincarnation. Il peut aussi avoir un rôle de ravisseur. Donald Woods Winnicott développe l’importance du « portage », qui « permet de se libérer des contraintes physiques et psychiques », et renvoie à des sensations de la petite enfance
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