Le Cheval et les Esprits
Posté par othoharmonie le 29 septembre 2012
Le Cheval est le symbole de la chasse des animaux, mais aussi celui de la guerre.
Il est aussi associé à la course du soleil et à la lune protectrice. C’est sans doute le bien le plus précieux d’un Celte.
Epona est la déesse celtique des chevaux ; les Romains l’adoptent et en font leur protectrice qu’ils représentent en amazone sur un cheval. Morvarc’h, le cheval marin (cheval de Marc’h) se déplace sur terre et sur mer sans laisser aucune trace. Son maître le tue malencontreusement en chassant à l’arc une biche blanche qui, poursuivie sous la mer, trouve refuge chez Dahud. Cette dernière lui fait pousser les oreilles et la crinière de Morvarc’h.
La valorisation négative du symbole chthonien (relatif à la terre et au monde souterrain) fait du cheval une manifestation de la mort, analogue à la faucheuse de notre folklore. En Irlande, le héros Conal Cernach possède un cheval à tête de chien, le Rouge de Rosée, qui déchire le flanc de ses ennemis. Les chevaux de Cuchulainn, le Gris de Macha (c’est le roi des chevaux d’Irlande) et le Sabot Noir, ont une intelligence humaine ; le Gris refuse de sa laisser atteler au char du héros qui se prépare pour son dernier combat, et il verse des larmes de sang ; un peu plus tard, il guidera le vengeur Conal Cernach vers le corps de son maître ; le Noir, lui, va se noyer de désespoir.
Les chevaux de mort ou de cauchemar hantent le folklore celtique : le March-Malaen (malaen : latin malignus) est un des trois fléaux de l’île de Bretagne ; les Kelpies d’Ecosse sont des chevaux-démons et le folklore breton est rempli d’anecdotes ou de contes relatifs à des chevaux diaboliques, qui égarent les voyageurs ou les précipitent dans des fondrières ou des marais. Les chevaux noirs, dans ces contes, sont le plus souvent soit le diable, soit un démon, soit un damné, soit une âme en peine, ou bien ils sont la monture d’un héros de ces chasses maudites, dont le plus célère est sans doute le roi Arthur, condamné à poursuivre dans une course sans fin, un gibier inaccessible. Il est significatif, au passage, de remarquer que dans ses plus anciennes versions, la chasse d’Arthur est accompagnée d’une meute de chiens blancs et poursuit un lièvre, animal typique lunaire. Du symbole chthonien au symbole agraire, il n’y a qu’un pas.
En Irlande, selon le récit d’un témoin oculaire, rapporté par Frazer (GJ Fraze, The Golden Bough, London 1911 – 1915) au cours d’une cérémonie des feux de la Saint Jean, après que tous les paysans eurent sauté par-dessus les braises, on vit apparaître une grande construction en bois d’environ huit pieds de longueur, munie à l’une de ses extrémités d’une tête de cheval, et recouverte d’un grand drap blanc qui cachait l’homme qui la portait. On l’accueilli pas de grands cris : Le Cheval Blanc ! Le Cheval Blanc ! Le masque sauta par-dessus le feu, puis se lança à la poursuite des spectateurs. Quand le témoin demanda ce que représentait le cheval, on lui répondit ; tout le détail. Le cheval est donc devenu le symbole de toute abondance, ce qu’expliquent son dynamisme t sa force impulsive et généreuse.
Dans les rites d’intronisation des rois d’Irlande, au XIIè siècle, le futur roi, au cours d’une cérémonie solennelle, devait s’unir à une jument blanche. Celle-ci était ensuite sacrifiée et sa chair, bouillie, partagée dans un festin rituel, auquel le roi seul ne prenait pas part. Mais il lui fallait ensuite se baigner dans le chaudron contenant le bouillon de l’animal. L’analyse de ce rite est éloquente. Il apparaît en effet que, par leur accouplement, l’homme et la jument reproduisent le mariage ourano-chthonien ; le futur roi se substitue à la divinité céleste pour féconder la Terre, représentée par la bête.
Mais, dans la dernière épreuve de ce rituel, celle du bain de bouillon, il opère un véritable regressus ad uterum ; le chaudron représente le vendre de la Terre-Mère et le bouillon les eaux placentaires. De ce bain, au caractère typiquement initiatique, le futur roi renaît, ayant reçu, comme au cours d’une seconde gestation, communication des pouvoirs le s plus subtils, les plus secrets, de la Terre-Mère qu’il avait éveillée sous la forme de la jument.
Il quitte par cette double opération la condition humaine pour se hisser au niveau du sacré, inséparable de la condition royale. Le cheval de guerre est omniprésent dans les épopées celtiques. Il est souvent caractérisé par sa robe alezane, couleur de feu. On a retrouvé dans un trésor celtique, à Neuvy en Sulias (Loiret), un cheval votif accompagné d’une inscription au dieu Rudiobus (Le Rouge) : c’est le cheval roux de l’Apocalypse, annonciateur de guerre et d’effusion de sang.
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