Métamorphose de Coccinelle
Posté par othoharmonie le 27 août 2012
L’ultime métamorphose des coccinelles est peut-être la plus magique, quand d’un vieux sac noir émerge un insecte parfait à la carapace encore jaune, molle et fripée. Après plusieurs jours d’une immobilité presque complète, la nymphe s’allonge imperceptiblement. Sa peau s’étire : on devine une bête en transparence. Une fissure s’amorce à l’extrémité tendue de l’emballage. La vieille enveloppe laisse apparaître une armure noire brillante. Puis le contraste des matières s’accentue au fur et à mesure que la déchirure se prolonge. Voici les joues blanches, le dos jaune vif, les antennes frémissantes, les palpes en forme de massue. Une patte émerge. Une autre, puis une autre encore permettent au corps de se dégager progressivement.
Après son éclosion de l’oeuf puis quatre mues larvaires, voici enfin que la coccinelle acquiert le profil rond et sympathique que nous lui connaissons. A l’aube de sa vie ailée, la texture de la carapace est très particulière : jaune opaque, délicatement chiffonnée mais encore molle. En quelques heures, cette armure va durcir, se lisser et gagner en brillance. Les points apparaissent. La coccinelle est à même d’étirer ses ailes membraneuses. Encore un peu pâle pour quelques semaines, la voici prête à s’envoler.
En été, les pucerons deviennent rares. Alors les jeunes coccinelles se rabattent sur d’autres insectes, broutent des fleurs, grappillent du pollen. Tant qu’il y a à manger, elles accumulent les réserves, gonflant leur abdomen de graisse. Puis beaucoup s’assoupissent dans les feuilles mortes ou se terrent dans un coin du jardin, sous une touffe d’herbe. Mais s’il y a une montagne en vue, certaines préfèrent s’y retrouver, parfois par milliers. Elles peuvent ainsi parcourir en vol jusqu’à une quinzaine de kilomètres. Cette migration, grande et risquée pour de si petits insectes, se déroule de juillet à octobre.
Plus un sommet est isolé et élevé, plus il attirera les coccinelles : on en a retrouvé dans les Alpes jusqu’à une altitude de deux mille mètres, et même à quatre mille mètres dans le Haut-Atlas. D’année en année, les rassemblements se perpétuent aux mêmes endroits. Mais pourquoi se donner rendez-vous si loin, si haut ?
Parce qu’à la fin de la belle saison, la montagne offre plus de fleurs et d’insectes, et qu’ici l’accumulation de réserves peut durer un peu plus longtemps qu’en plaine. Mais surtout, les coccinelles se rassemblent près des crêtes ventées et face au sud pour fuir l’humidité. Toute moiteur durant leur sommeil hivernal favorise en effet le développement d’un champignon microscopique qui les étouffe sous son feutre blanc. Quant au froid constant qui règne là-haut, il les préserve d’un réveil inopiné en plein hiver.
Ces rassemblements permettent aux coccinelles serrées les unes contre les autres de mieux résister aux basses températures. Ils favorisent aussi la rencontre des sexes. Parfois les coccinelles commencent à s’accoupler juste avant l’hiver, les femelles mettant les spermatozoïdes au frigo en vue du printemps. Il semblerait même qu’une longue période de froid soit nécessaire à la parfaite maturation de leurs ovaires.
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