Légendes sur les Abeilles
Posté par othoharmonie le 17 août 2012
Les abeilles portent, dans le Morvan (chez moi donc), le nom de Moinces du bon Dieu, qui indique la considération que l’on a pour ces diligentes ouvrières. On croit, en plusieurs pays, qu’il y a relation entre la prospérité des ruches et la santé de leur maître; dans la Gironde, le nombre des abeilles diminue à mesure qu’il vieillit; s’il meurt, l’esseneau s’en va; en Ille-et-Vilaine, les mouches à miel meurent dans l’année ou ne profitent plus.
Suivant un usage général en france, dans la Wallonie et la Suisse romande, on met les abeilles en deuil lors du décès de leur propriaitaire. Au 17ème siècle, on couvrait les ruches d’un drap noir, de peur qu’elles ne mourussent faute de porter le deuil de leur maître.
En certain pays, on va leur annoncer qu’il a trépasser.
En Eure-et-Loir, avant de prévenir le maire ou le curé, il faut, pour empêcher les abeilles de périr ou de s’en aller, leur mettre des rubans noirs en disant :
« Abeilles, petites abeilles, je viens vous avertir que votre maître est mort. »
Dans la Mayenne, on attache à chacune des ruches un morceau de linge, le plus sale du défunt; les abeilles, le croyant toujours là, ne sont point tentées de le suivre.
On croit, en Hainaut et en Suisse, que les abeilles chantent pendant la nuit de Noël; en Wallonie, en Picardie, un essaim qui s’établit dans la ruche, le soir de la Fête-Dieu, dispose un des gâteaux en forme de Saint-Sacrement; dans la Côte-d’Or, les avettes y forment un calice de miel.
Les avettes sont suceptibles et il ne faut pas leur manquer d’égards.
Au 15ème siècle, on leur faisait des présents :
« Quant un homme treuve en son pourpris un vaisseau d’eeps atachiés en un arbre, s’il ne l’estrine d’une pièce d’argent, c’est mauvais signe… cellui qui approprie à soy les eeps sans les estriner, elle ne feront que picquier celui, et jamais ne l’aimeront ne lui feront prouffit. »
Dans les Deux-Sèvres, on doit dire que l’abeille est morte et non qu’elle est crevée.
Dans plusieurs provinces de France, si on médit des abeilles, elles meurent; en Franche-Comté, elles dépérissent si on les regarde de travers.Suivant une croyance très répandue, jurer ou prononcer des paroles impures devant les abeilles les fait périr; dans le Loiret et dans la Gironde, la Normandie, elles piquent les jureurs; dans le Mentonnais, les vers à soie sont également sensibles aux blasphèmes et en souffrent.
En Haute-Bretagne, les mielliers sont ceux qui savent arrêter les abeilles, en vertu d’un don qui se transmet de père en fils, mais l’aîné peut seul le posséder.
Le mieillier dit une oraison particulière, tient son chapeau derrière son épaule gauche, et à l’œil fixé au milieu de l’essaim où se trouve la mère, qui ne tarde pas à venir se poser sur sa main.
En Basse-Bretagne, les abeilles connaissent leur maître; celles qui partent à la recherche du miel s’écartent de son passage; celles qui reviennent le vol alourdi, les ailes et les pattes surchargées de pollen, se posent sur ses vêtements, et, si quand il surveille l’envolée des essaims nouveaux, accablé par la chaleur de l’été, il s’étend, entre les ruches, la tête appuyée sur les bras pour dormir, elles le défendent contre tous les animaux malfaisants qui surviennent.
Seul le lézard sera à l’abri de leurs attaques, car, lui aussi, est l’ami de l’homme.
Les abeilles ont horreur de la souillure.
Voici la recommandation qu’on faisait au 16ème siècle à celui qui maniait les ruches :
« Il avisera que le jour précédent il n’ait eu affaire à une femme, qu’il ne soit ivre et n’approche d’elles sans être lavé et bien vêtu; pareillement qu’il s’abstienne de toutes viandes ou oignons sentant fort, qu’il ait en la bouche quelque chose de bonne odeur. »
En Limousin, lors de la cueillette du miel, aucune femme ayant ses menstrues ne doit s’approcher des ruches.
Il faut se garder de compter les ruches; dans les Landes, cet acte leur porte malheur; dans l’Albret, il y fait venir le blaireau; dans la Meuse, il suspend ou arrête le travail des abeilles.
Dans les Côtes-d’Armor, on tâche de disposer les ruches de façon à ce qu’on ne puisse facilement les dénombrer, et en Limousin, on en laisse toujours quelques-unes vides.
A la fin du 18ème siècle, on croyait dans quelques parties du Finistère, comme de nos jours en Basse-Cornouaille, que si une ruche venait à être volée, les autres dépérissaient, et l’on négligeait dès lors de les entretenir.
En Basse-Bretagne, vers 1830, lorsque les abeilles avaient été volées, le propriètaire qui urinait, avant le lever du soleil, sur l’emplacement de la ruche reconnaissait le voleur; les cheveux de celui-ci devenaient rouges.
On est persuadé, dans quelques parties des Vosges, que les abeilles ne peuvent prospérer si le bois ou la paille de leur panier provient d’un vol.
Publié dans ABEILLES | 4 Commentaires »