Le Lynx boréal également appelé Lynx d’Eurasie, Lynx commun, Loup-cervier et improprement Lynx d’Europe, est une espèce de félin du genre Lynx. Aisément reconnaissable à ses longues pattes, sa courte queue et sa face aux oreilles pointues, le Lynx boréal apparaît dans de grandes variétés de robes et de tailles.
Habitant des forêts boréales, c’est un félin discret chassant les petits ongulés comme le chevreuil. Largement distribuées, ses populations ont cependant régressé en Europe de l’Ouest, où plusieurs tentatives de réintroduction ont eu lieu.
Objet de superstitions depuis le Moyen Âge, le Lynx boréal est resté méconnu jusqu’au début des années 1980. Il est encore l’objet de débats, particulièrement lors de sa réintroduction, avec les chasseurs et les bergers.
La face du Lynx boréal est ornée d’un collier de poils longs autour du cou. Comme tous les lynx, ses oreilles triangulaires sont surmontées d’une touffe de poils noirs, qui mesurent jusqu’à 4,5 cm de long ; le revers est marqué par une tache blanche. Des rayures verticales barrent le front, et une marque noire part du coin externe de l’œil jusqu’aux joues. Il n’a que 28 dents au lieu des 30 habituelles chez les félins ; toutefois, le Lynx boréal possède comme caractéristique de pouvoir avoir une dent surnuméraire.
La queue courte se termine par un manchon noir. Les jambes sont longues et les pieds volumineux en comparaison du reste du corps. Il s’agit d’une adaptation au déplacement dans la neige : les longues pattes permettent de se dégager plus facilement dans un épais manteau neigeux. Du fait de ses pieds larges, le Lynx boréal exerce une pression sur le sol trois fois plus faible que celle du Chat sauvage (Felis silvestris). Par conséquent, le Lynx boréal s’enfonce moins dans la neige, comme s’il portait des raquettes et marche silencieusement.
La couleur de sa fourrure est la plus variable du genre Lynx. Elle varie du blanc crème au brun foncé, avec plus ou moins de taches noires sur le corps, qui peuvent être pleines ou en rosettes. Le Lynx boréal a une fourrure particulièrement dense, notamment sur le dos où la concentration de poils atteint 9 000 poils/cm2 contre 4 600 sur le ventre. La pilosité est composée de douze à treize poils de bourre pour un poil de jarre.
Le Lynx boréal est deux fois plus gros que les trois autres espèces de lynx. Il pèse de 9 à 35 kg, la plus grande sous-espèce étant le Lynx de Sibérie ; la moyenne est de 25 kg pour les mâles et 21 kg pour les femelles. Il mesure de 65 à 75 cm à l’épaule et sa longueur est de 77 à 135 cm. Le dimorphisme sexuel est important : les mâles sont en moyenne un quart plus gros que les femelles.
Bien que les fossiles soient rares chez les félins, les lynx font office d’exception. Le Lynx d’Issoire (Lynx issiodoriensis) est généralement considéré comme l’ancêtre commun du genre Lynx. Possédant une aire de répartition très large, Lynx issiodorensis présentait une morphologie proche des félinés tout en ayant les caractéristiques des lynx. Plusieurs hypothèses d’« apparitions » des lynx modernes au travers de la forme intermédiaire du Lynx d’Issoire ont été proposées. Une hypothèse suggère une divergence en trois lignées distinctes : L. pardinus, L. lynx, et L. rufus ; dans cette première hypothèse, L. canadensis descend de L. lynx.
Le Lynx boréal est plus éloigné de Lynx issiodorensis que le Lynx pardelle (Lynx pardinus) : une hypothèse proposée est que le Lynx boréal, originaire d’Asie, aurait repoussé le Lynx pardelle sur la péninsule espagnole. Le Lynx du Canada et le Lynx boréal sont en fait issus d’une même forme de Lynx d’Issoire asiatique qui aurait effectué une colonisation des Amériques en traversant le détroit de Béring.
Le Lynx boréal est un prédateur solitaire, actif du crépuscule au lever du soleil. Le territoire du mâle recouvre celui d’une ou plusieurs femelles. Le lynx mâle est intolérant envers les autres mâles traversant son territoire, mais ce sont les femelles qui restent les plus vindicatives entre elles. Les territoires comportent cependant des « zones neutres » où il est possible de circuler sans qu’il y ait affrontement : il s’agit fréquemment des limites du territoire.
Chaque adulte a un territoire de 11 à 300 km2, selon l’abondance des proies ; lorsqu’elles sont rares le lynx doit patrouiller des zones plus vastes pour se trouver à manger. Une formule permettant de calculer la densité de Lynx boréal pour 100 km2 en fonction de la biomasse d’ongulés a été proposée à partir de l’analyse de territoires de lynx de différents pays occupés, mais elle reste incertaine étant donné la variété des méthodes de comptage.