L’Escargot, thérapeute du XXè siècle

Posté par othoharmonie le 13 juillet 2012

 

XXe et XXIe siècles : Hélicidine, HPA et nouvelles recherches

Dessin de Vitrina pellucida Les travaux du XXe siècle vont réellement confirmer les propriétés thérapeutiques de l’escargot. Ce siècle voit persister dans les campagnes des croyances populaires : il est par exemple conseillé contre l’asthme d’absorber des limaçons rouges, vivant au soleil, et recueillis avant son lever.

 Ou encore : « Pour guérir les clous, les furoncles ou plaies de mauvaise nature, on achète aux marchands qui étalent les escargots sur les petites voitures, pour un sou d’escargot : il en donne deux, trois ou quatre suivant leur grosseur. On prend un escargot, on le maintient sur la plaie, il prend le mal, grossit, devient noir et le malade se trouve guéri après avoir répété l’opération deux ou trois fois ».  

 Mais ce siècle est avant tout marqué par les travaux de Quevauviller, en 1953, qui précise : « s’il ne viendrait à l’idée de personne de tenter une telle thérapeutique dans la tuberculose, des recherches récentes ont confirmé, avec diverses préparations à base de mucus d’Helix pomatia, les vertus calmantes dans la coqueluche et la bronchite chronique, en raison des propriétés antispasmodiques et fluidifiantes des sécrétions ».

 Il existe alors plusieurs solutions obtenues à partir du mucus d’Helix pomatia : l’Hélicidine, la

Pertussidine et la Pomaticine. La préparation d’extrait de mucus est décrite : « Le plus généralement, on fait dégorger les animaux en présence de 1 p. cent en poids de ClNa. Le mucus est recueilli, décanté, filtré et concentré à sec selon divers procédés. Soit par évaporation sous vide à basse température, soit par lyophilisation, soit par nébulisation, etc.

 Les solutions aqueuses préparées avec ces extraits sont conservées aseptiquement en ampoules stériles après passage sur filtres spéciaux, ou bien additionnées de substances antiseptiques dont la plus utilisée est la glycérine. »

 Erepta setilirisdans la forêt de Mare Longue Quevauviller expose la composition chimique des Hélix : plus de trente enzymes dans le suc digestif, de nombreuses enzymes dans l’hépatopancréas, le muscle et l’hémolymphe. Il met en évidence les activités pharmacologiques du mucus : une activité mucolytique in vitro, une action inhibitrice sur les cultures de bacilles coquelucheux de Brolet et Gaugon et une  activité spasmolytique sur les voies respiratoires.

 Mais l’activité antispasmodique du mucus sur l’arbre bronchique n’apparaît qu’à fortes doses et non aux doses thérapeutiques. Les propriétés thérapeutiques sont alors attribuées aux activités mucolytiques et bactériologiques.

 Les travaux de Quevauviller et de son équipe aboutissent en 1957 à la mise sur le marché de l’Hélicidine, sirop antitussif employé chez l’adulte et l’enfant comme chez le nourrisson.

Cette spécialité est encore commercialisée aujourd’hui.

 Plus tard, en 1999, Pons et al. montrent que l’effet bronchorelaxant de l’hélicidine fait intervenir une libération de prostaglandine E2. D’autre part l’escargot ayant une place importante dans le régime alimentaire crétois, des chercheurs se sont demandé s’il n’avait pas une incidence sur le faible taux de mortalité par accident cardiovasculaire dans ce pays. Les résultats ont montré que les plantes dont se nourrissent les escargots, en particulier le pourpier, sont riches en acide alphalinolénique. Cet acide aurait des effets protecteurs contre les maladies cardiovasculaires en évitant la fibrillation ventriculaire et en réduisant l’agrégation plaquettaire.  

Plegma caelaturaLes escargots marins sont également à l’étude, et principalement les espèces qui, pour se défendre contre les prédateurs utilisent une neurotoxine.

 Ces études ont abouti à la mise au point d’un peptide synthétique dérivé du venin d’escargot : le ziconotide (SNXII). Les études précliniques et cliniques de cette molécule ont montré un puissant effet anesthésiant. Utilisé dans les douleurs chroniques sévères, ou dans les douleurs réfractaires aux analgésiques opiacés, ce peptide semble donner des résultats concluants. De plus il n’entraînerait pas, contrairement à la morphine, d’effet de tolérance. Toujours à l’étude en 2004, ce peptide, si les essais cliniques sont validés, pourrait montrer la voie d’une nouvelle catégorie d’analgésiques.

 D’autres substances ont déjà été isolées : la conotoxine TVIIA du Conus tulipa (escargot marin piscivore) et le Contryphan-Vn du venin du Conus ventricosus (escargot méditérannéen). Les recherches actuelles portent également sur l’HPA (Helix Pomatia Agglutinin), une lectine utilisée comme indicateur pronostic pour certains cancers (sein, estomac, colon).

 L’HPA identifie en fait des oligosaccharides associés à un cancer de mauvais pronostic.

Dans le cancer du sein, des expériences ont permis, grâce à l’HPA, de déterminer un oligosaccharide particulier : l’HPAgly1. Chez les patientes présentant un taux élevé d’HPAgly1, la période précédant une rechute était plus courte que chez les patientes ayant un faible taux de cet oligosaccharide. D’autre part des études dans l’adénocarcinome du poumon, ont montré que l’HPA pouvait également être utilisée comme facteur de pronostic dans ce type de cancer.  

http://www.ordre.pharmacien.fr Documents de référence – Histoire et art pharmaceutique

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