La bave d’Escargot
Posté par othoharmonie le 13 juillet 2012
XIXe siècle : Tarenne, Figuier et Baron-Barthélémy
Le XIXe siècle réhabilite totalement l’escargot pour lui accorder une place importante en thérapeutique et débute, en 1808, avec les travaux de Georges Tarenne sur l’emploi de cet animal contre la hernie.
Ayant constaté que le « suc d’escargot » se fixe de façon particulièrement tenace sur les textiles, Tarenne a pensé qu’il pénètrerait facilement la peau et se répandrait ainsi dans toute la partie malade. Considérant également « que l’on mange des escargots et que les personnes qui ont la poitrine faible en boivent le jus, quelquefois même le suc pur, [...], ce suc, insinué dans les muscles, ne devrait pas être plus nuisible que la chair cuite, ni que le bouillon et la liqueur naturelle de ces animaux, introduits dans l’estomac. »
Tarenne expose : « Sa viscosité, sa force astringente ou de contraction et ses facultés reproductrices me firent aussitôt présumer qu’il fermerait, de quelque manière que ce soit, les ouvertures herniaires. »
Tarenne fournit également de nombreuses recommandations : « Le hernieux se fera confectionner un bandage de type classique, mais dont la pomme doit être concave de façon à pouvoir recevoir un godet du diamètre de la hernie, de préférence en faïence, en porcelaine ou en verre, plutôt qu’en fer blanc ou en bois. Ce godet sera rempli de laine, de préférence, de coton ou d’étoupe, puis on y introduira le « suc » d’un ou deux escargots, recueilli en blessant ces mollusques en divers sens avec une cheville de bois dur en forme de poinçon, ce qui déterminera l’écoulement d’une liqueur qui est « le sang du colimaçon », seul à avoir la propriété annoncée ».
Il donne également des conseils très précis sur la durée du traitement (de l’ordre de trois mois, tout au plus quatre), sur la saison préférable (le printemps), sur le nombre d’escargots à utiliser (environ 200 s’ils sont de vigne, davantage s’ils sont de jardin, pour un traitement ordinaire), sur la fréquence de renouvellement des applications (le mieux est quotidiennement) et sur diverses précautions à prendre.
En 1840, O. Figuier publie un Mémoire sur la composition chimique des escargots et sur les préparations pharmaceutiques dont ils sont la base.
Il donne alors le nom d’hélicine à l’huile transparente de couleur jaune, extraite d’Hélix pomatia mais aussi de « toutes les grosses espèces d’escargots ». Il décrit dans son ouvrage plusieurs formes pharmaceutiques : sucre d’escargot, tablettes, sirop, pâte d’escargot, chocolat d’escargot ; qui sont indiquées contre les rhumes opiniâtres, la phtisie au 1er et 2e degré, les irritations aiguës et chroniques de la poitrine et des organes digestifs. La pommade d’escargots est réservée à l’usage externe pour les gerçures et les efflorescences dartreuses.
Figuier, à la suite de ses travaux, donne son nom à différentes spécialités plus tard concurrencées par celles de la Maison Mure.
Dans son Mémoire sur les préparations à base d’hélicine admises à l’exposition universelle de 1855, Baron-Barthélémy parlant de l’hélicine : « l’opinion du célèbre pharmacologue Barbier nous semble décisive dans cette question. Il est constant, dit-il, que, dans les phlegmasies lentes des organes pulmonaires, l’action des préparations de limaçons a pu quelquefois diminuer l’activité du travail morbide, en arrêter les progrès, et enfin, détruire tout à fait la maladie. »
Il cite également les nombreuses indications des préparations héliciées : employées contre la plupart des phlegmasies, contre les rhumes et les toux opiniâtres, les bronchites, les catarrhes, les asthmes, les diverses hémoptysies, les inflammations des amygdales, angines, enrouements, grippe, croup, coqueluche ; les toux nerveuses de l’enfant ; les affections des poumons : pneumonie, phtisie pulmonaire ; les crampes nerveuses de l’estomac et des intestins, gastrites, gastroentéralgies ; les migraines dépendant d’une indisposition maladive de l’estomac ; la toux qui suit ou accompagne les maladies inflammatoires de la peau, telles que : rougeole, scarlatine, petite vérole, érésipèle, etc. ; les maladies longues, accompagnées d’irritation ou de dépérissement; et certaines affections cutanées. Il ajoute : « les chanteurs trouvent en elles de puissants auxiliaires contre les altérations diverses de la voix. »
http://www.ordre.pharmacien.fr Documents de référence – Histoire et art pharmaceutique
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