L’Escargot de l’Annonciation
Posté par othoharmonie le 6 juillet 2012
La composition de l’Annonciation doit présenter deux mondes différents : celui visible, terrestre de Marie et celui invisible, céleste de Dieu. Deux personnages témoignent de cette différenciation : l’ange Gabriel et Marie.
(extrait) Au Moyen Age sur la lenteur entre la Chute et l’Incarnation, pourquoi Dieu a-t-il mis aussi longtemps entre ces pôles de la construction chrétienne ? L’escargot témoigne-t-il de cette pensée ?
Une autre idée est fournie par D.Arasse dans « l’homme en perspective : Représentant animal de la « parthénogenèse » dont la Vierge sera le lieu miraculeux ? ».
Je reprends l’entretien de D.Arasse: « l’escargot est non seulement au premier plan, mais en plus il est absolument énorme. Il a pratiquement la même taille que le pied de l’Ange. Un pied d’ange, comme je le dis souvent, je n’en ai jamais vu, mais je peux imaginer qu’il a une taille de pied humain (puisqu’il est dans le monde humain) entre vingt-cinq et trente centimètres de long. Cela donnerait un escargot de dix-huit centimètre de long : un monstre ! Pourquoi le peintre a-t-il peint un escargot monstre au pied de la Vierge ?
C’est très choquant. Jusqu’au jour où j’ai compris que l’escargot n’était simplement pas dans le tableau mais sur le tableau, c’est-à-dire peint sur le bord du tableau et non dans le palais de la Vierge, ce qui serait presque choquant car un escargot laisse de la bave derrière soi.
L’Escargot est aussi un symbole de la Résurrection. Il est par ailleurs un symbole de la Vierge – c’est une anglaise qui l’a trouvé- , car à l’époque on croyait que les escargots étaient fertilisés par la rosée qui tombait du ciel le matin, de même que la Vierge est fertilisée par la rosée du ciel, cela fait de l’escargot une figure dissemblable de Marie, et autorise sa présence. Mais son énormité d’escargot n’est pas prévue par l’iconographie. Je me suis alors aperçu que dans l’échelle réelle, l’escargot avait une dimension tout à fait normale, c’est un bon escargot de Bourgogne posé, peint non pas dans le tableau mais sur son bord. Cela signifie que cet escargot, Francesco del Cosa l’a peint dans notre monde, non pas dans celui de la peinture mais dans le nôtre, et que dans ce monde l’escargot est le moyen d’entrer dans le tableau.
Francesco del Cossa veut nous dire : « de même que dans notre monde à nous l’escargot est une figure dissemblable de la Vierge, de même ce tableau est une figure dissemblable de l’Annonciation. » Le tableau ne représente pas la vérité de l’Annonciation, il n’est qu’une représentation de l’Annonciation. De la part d’un peintre ultra sophistiqué comme Francesco del Cossa, ce détail aberrant est une très haute conscience de ce qu’est peindre au 15e siècle une scène remontant à mille cinq cents ans de distance. Je crois que la conscience du non-réalisme de la peinture est clairement indiquée par Francesco del Cossa avec cet escargot, qui a une explication toute simple. »
F.Del Cossa peint vers 1470 pour l’Observance de Bologne, une Annonciation.
PDF « L’Annonciation » extrait.
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