Le « Livre de la vache divine »
Posté par othoharmonie le 16 mai 2012
Composition datant du nouvel empire, retrouvé pour la première fois dans la tombe de Sethy 1er. Ra a vieilli, et il est même devenu gâteux ! … Les hommes, crées par ses larmes selon la théologie héliopolitaine ( jeu de mot Remyt-larmes et Remtj-hommes) se révoltent contre lui et se réfugient dans le désert. Pour les punir, Ra choisit son oeil qui est aussi sa fille.
Plusieurs déesses dites « dangereuses » sont susceptibles de personnifier cet œil : Sekhmet, Hathor, Tefnout, Maat,….
Ainsi Ra déclare qu’il va exercer sa puissance (Sekhem) sur les hommes et « c’est ainsi que Sekhmet est advenu ». C’est encore une illustration de ces jeux de mots créateurs dont les égyptiens sont si friands.
L’oeil-déesse gagne sous forme d’une lionne sauvage le désert et massacre les hommes rebelles. Ra n’arrive plus à arrêter sa fille et craint que toute l’humanité ne périsse si elle revient sous cette forme en Egypte.
Et ici il faut se rappeler que la période précédant l’inondation est celle où l’eau manque, celle des canaux est croupie, et les maladies s’abattent donc sur les hommes plus encore que d’habitude, et la mortalité augmente. Mais, comme toujours en Égypte ancienne, si Sekhmet est « vectrice » de maladies, elle est également la déesse capable de les guérir, et la plupart des médecins semblent avoir été prêtres de Sekhmet.
Ainsi donc pour calmer les effets désastreux de la colère de la lionne sauvage, on décide d’employer la ruse : une grande quantité de bière fut teintée en rouge par l’ocre d’Eléphantine. On répandit cette liqueur autour de la lionne endormie qui, en se réveillant, la prend pour du sang et en boit jusqu’à l’ivresse. Repue, elle abandonne son projet de tuer tous les hommes.
Ce mythe véhicule sous une forme imagée une explication égyptienne d’un phénomène bien réel : l’inondation et ses rapports avec la géographie du pays. Pour l’égyptien, le désert est un lieu du chaos, du désordre et ceux qui y sont réfugiés sont des rebelles à l’ordre cosmique, à la Maat (nomades, tribus bédouines …).
La lionne-oeil représente la chaleur brûlante de l’astre qui se manifeste à son maximum d’effets destructeurs dans le désert, y interdisant la vie. Le rayonnement solaire doit donc être compensé, équilibré par d’autre chose avant d’atteindre l’Egypte: l’inondation. Celle ci survient en plein été au moment ou la chaleur est maximum et elle entre en Egypte par Eléphantine (à partir d’une grotte mythique ou le dieu Khnoum la tient sous sa sandale). Charriant au début des limons ferrugineux, elle a un aspect rougeâtre : comme la lionne arrête son acte de destruction après absorption de la bière rougie, la chaleur potentiellement mortelle du soleil est compensée par la montée des eaux.
La lionne ne rentre pas sous sa forme dangereuse en Egypte, elle redevient Hathor la belle dame de l’amour et de la vie. Ainsi ont lieu chaque année à la venue de la crue les fêtes de Hathor ou l’on boit jusqu’à l’ivresse de la bière mais aussi du vin (couleur rouge), faisant d’Hathor la maîtresse de l’ivresse.
Hérodote a décrit ces fêtes plus ou moins orgiaques.
La déesse possède ainsi, comme toutes les déesses égyptiennes, un double aspect positif et négatif. Ici elle conjugue la force solaire et l’eau.
Un rite spécifique dit « S-htp-skhmt » est mis en œuvre. Littéralement il signifie « rendre Sekhmet apaisée ». En fait, il faut comprendre qu’il faut détourner l’agressivité des rayons solaires qui ne doit pas s’exercer en Egypte mais rester limitée au désert ou siègent les ennemis de l’ordre universel.
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