Abeille, emblème des empereurs
Posté par othoharmonie le 8 mai 2012
Dans le fascicule du 13 mai 1900 de l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, M. Philibert Audebrand dit ceci : « Voici de quelle façon j’ai entendu expliquer l’adoption des mouches d’or comme complément des armoiries de l’Empire. On était arrivé à l’heure où, prenant au sérieux le titre d’empereur, le soldat de la République s’occupait d’organiser une Cour et de décrasser des enfants du peuple pour en faire une noblesse. Premier point, pour briller sur un trône, il fallait un manteau de roi. La tradition transmise par M. de Narbonne Pelet, voulait que ce vêtement fût en velours, agrémenté de pourpre et d’hermine. Rien de plus facile à se procurer. Va donc pour le velours, mais de quel emblème devait-on l’historier ? On avait besoin d’attributs qui fussent au moins l’équivalent des fleurs de lys capétiennes. L’aigle ? On avait l’aigle des Romains ; mais brodée, même en petit format, sur un manteau, l’aigle n’y produisait qu’un effet ridicule. Voyez-vous Joséphine, Hortense, ou la très belle Pauline Borghèse, elle-même, enveloppées d’oiseaux ? Ce serait pour le coup qu’on aurait à essuyer les critiques de Madame de Staël et les brocards des duchesses du faubourg Saint-Germain !
Il y avait donc à imaginer autre chose. On se creusa la tête. Talleyrand, consulté, réfléchit. Quel est celui des insectes, qui, au point de vue de la conquête, ressemble le plus à l’oiseau déprédateur des Césars ? Eh ! pardieu, ça va de soi, c’est l’ABEILLE. Ne voit-on pas que, sans souci des principes de la propriété, elle se moque des haies, des murs, des frontières et qu’elle butine partout ? Ajoutez qu’elle enrichit son maître en ce qu’elle fait du miel avec la fleur d’autrui. Dites aussi qu’étant, comme le chante si bien Anacréon, un petit serpent ailé, elle est très décorative. Sur ce, Louis David, le grand peintre, entendu à son tour, l’ABEILLE fut adoptée. Le manteau avait son ornement et son blason. » Ce racontar, que M. Audebrand a trouvé dans les brochures du temps, est-il l’expression de la vérité ou seulement une légende faite après coup ? On l’ignore.
Parmi les objets divers trouvés dans le tombeau de Childéric Ier, père de Clovis, découvert à Tournai en 1653, et donné depuis à Louis XIV, par Philippe de Schönborn, électeur de Mayence, en 1665, figurent deux ABEILLES d’or. Il y en avait une plus grande quantité ; le reste à disparu dans le vol du 5 novembre 1831, commis à la Bibliothèque royale de Paris.
Il est donc vraisemblable que Napoléon Ier s’était inspiré de cette découverte pour adopter les ABEILLES destinées à figurer tant sur son manteau que sur les écus de ses grands dignitaires et des bonnes villes de l’Empire.
d’après le Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason
Comte Alphonse O’Kelly de Galway — Bergerac, 1901
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