image de Lionel Arnould
Nous sommes en 1532, les Incas sont un peuple précolombien du groupe andin. Il est à l’origine de l’empire inca, l’un des trois grands empires de l’Amérique précolombienne. La fin de cet empire est une horreur, car ils n’ont existé qu’environ un siècle avant d’être détruit par les conquistadores espagnoles. Six des sept millions d’Incas sont morts pendant cette conquête.
La Pacha Mama est la déesse-terre dans leur religion et ils ont réalisé en son honneur des sacrifices. Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha, le temple du Soleil de Cuzco. Il fût le plus vaste et le plus richement orné de son époque : ses grands murs de pierre mesuraient 140 mètres de long sur 135 mètres de large. Le pourtour du temple était orné d’une énorme corniche en or, les autels, les portes, les statues, étaient décorées de planches d’or et d’argent, incrustées de pierres précieuses, qui reflétaient la lumière. Au-dessus de l’autel, étincelait un grand disque d’or, censé représenter le Soleil. Il était placé de telle manière que les rayons du soleil levant le frappaient et le faisaient briller.
À cette époque les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face aux années difficiles. Ils font pousser, à 4000 km d’altitude, une graine, le quinoa. Pour développer cette culture, des terrasses (andenes) ont été construites. Et comme les Aztèques, ils ont construit des aqueducs pour l’irrigation.
Voyons leurs croyances maintenant. Viracocha est le principal dieu des Incas, dieu créateur, roi de la foudre et des tempêtes. Avant sa venue, le monde était sans soleil, c’est donc lui qui le créa ainsi que la lune et les étoiles. Il a ensuite peuplé les Andes. Les Incas voyaient leur vallée comme le reflet de la voie lactée et utilisaient la nature pour donner une forme à leur constellation.
Dans un mythe Inca, le lama dit au berger d’emmener tous les animaux, en haut du Mont Vilcacoto, il prévient le berger que dans exactement un mois, le déluge arrivera et engloutira tout. Quand l’eau commence à monter, il y a tellement d’eau en haut de la colline, que le renard glisse et se mouille la queue. C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, le renard à le bout de la queue noire. Le lama du mythe est probablement le lama astronomique c’est-à-dire un nuage de poussières interstellaires. Il semble que la constellation inca du lama observait l’est dans l’attente d’une catastrophe. Si l’on observe le solstice d’hiver en décembre 650, on s’aperçoit que la constellation du renard à la queue coupée par l’horizon, queue dans l’eau et devient noire dans le mythe.
Comment ont-ils pensé leur calendrier ? Les Incas tiennent compte des mouvements du Soleil pour reconnaître les années et les jours et des mouvements de la Lune pour identifier les mois. Ils identifiaient notre année solaire en observant les solstices et en commençant l’année par le solstice d’été qui tombe le 23 ème jour de décembre et se termine au même point où il a commencé. L’année inca était donc une année solaire débutant au solstice d’été et se terminant au solstice d’été suivant. Coricancha, le temple du soleil, était le véritable centre de l’empire inca. Du temple, partaient 42 lignes imaginaires dans toutes les directions. Ces axes passaient par des sanctuaires, des huacas naturels ou construits par l’homme qui tous avaient trait à la religion, à la tradition.
Les incas et les planètes : dans les mythes, les Dieux sont souvent associés à des planètes. On attribue Saturne à Viracocha alors que le peuple inca se considère comme le peuple de Jupiter. La rencontre de Viracocha et le père de Manco Capac devait se traduire par une conjonction de Saturne et Jupiter. Après observation de l’année 650, il y a une conjonction entre les Jupiter et Saturne au coucher du Soleil. Il s’agit de l’endroit exact où se trouve l’entrée du monde des Dieux. Le lendemain matin, apparaît une faille entre la voie lactée et le Soleil. Le pont est rompu entre la terre et les dieux. Il est temps pour Viracocha de rejoindre l’autre monde. Ces coïncidences entre événements célestes et faits réels vont mener les incas à croire que l’astronomie détenait le secret de leur destin. Les incas voient leurs ruines dans les étoiles et cela va les conduire à leur perte.
Pachacutec inca était l’héritier légitime du trône inca. Doté d’un grand talent militaire, Pachacutec initia l’expansion fulgurante du grand empire inca. Au nord il conquit le royaume Chimu, au sud il poussa jusqu’à la vallée de Nazca. Il ne fut pas qu’un conquérant sanguinaire, il fut aussi un remarquable gestionnaire, dotant son immense empire d’une solide et efficace structure administrative. Machu Picchu aurait été une de ces résidences. La ville sacrée Machu Picchu est considérée comme une œuvre maîtresse de l’architecture inca.
Les Incas ont été accusés d’avoir modifiés et enjolivé leur histoire. Selon la légende, un lama descend toutes les nuits sur terre pour aller boire l’eau de la mer, s’il ne le fait pas, c’est la fin du monde. Au solstice, la constellation du lama présent dans la voie lactée annonce l’endroit où se lève le soleil, cela on le sait. En 1432, ce lien entre soleil et voie lactée n’est plus que ténu. Un siècle plus tard, la voie lactée faussera compagnie au soleil. Ce qui, dans la vision inca, romprait un pont entre le ciel et la terre. Voilà le parallèle avec ce qui s’est passé en 650. À l’aube du solstice d’été 1532, la voie lactée a perdu contact avec l’horizon au lever du soleil, c’est alors que les Espagnols arrivent.
Pour éviter que ce jour arrive, Pachacutec ordonne le sacrifice de 10 000 lamas. Le sang de ces derniers est recueilli dans de petits pots de terre après avoir été bénis. Ils sont ensuite placés au sommet de chaque colline et de chaque montagne. Des enfants aussi furent sacrifiés, afin d’emmener cette prière, « fasse que le soleil et la terre restent a jamais jeune, que la terre cesse de tourner et que la paix règne » auprès des étoiles. La seule guerre que la seule guerre qu’il ait eu à faire, c’est une guerre contre le temps. Pour cela, ils ont nourri la terre de bien trop de victimes sacrificielles. Dans leur lutte contre cette terrible vision d’avenir, ils ont envoyé à la mort de jeunes enfants, âmes pures.
Huayna Capac, le dernier grand Inca meurt terrassé, vers 1527, par une maladie mystérieuse apportée par les conquérants espagnols. (Surement la variole). Comme prédit, la fin des Incas est là.
Les Incas ont essayé de construire un monde de paix, de créer une terre d’abondance, ils ont essayé d’unir des tributs en guerre et ont construit des réseaux routiers et tout cela en moins d’un siècle. Malheureusement, ils n’ont pas réussis à se sauver eux-mêmes.
Cité des Incas, cité de génies