Psychanalyse : peur du loup
Posté par othoharmonie le 10 mars 2012
Les contes de fées ont joué, dans notre enfance à tous, un rôle primordial. Ils nous ont charmé et, par la même occasion, ont eu une influence profonde sur nos premières représentations du monde et de nous-mêmes. Ainsi, Charles Dickens n’hésite pas à leur attribuer une part de son génie créateur et à leur rendre hommage en ces termes : « le petit chaperon rouge a été mon premier amour. Je sens que si j’avais pu l’épouser, j’aurais connu le parfait bonheur ». Selon Bettelheim, héritier Freudien, « l’imagerie des contes de fées, mieux que tout au monde, aide l’enfant à accomplir sa tâche la plus difficile, qui est aussi la plus importante : parvenir à une conscience plus mûre afin de mettre de l’ordre dans les pressions chaotiques de son inconscient ». (Bettelheim, 1976, 39).
De même, Marie-Louise von Franz, disciple de Jung, voit dans les contes de fées une représentation de l’inconscient : « Les contes de fées expriment de façon extrêmement sobre et directe les processus psychiques de l’inconscient collectif ». (von Franz, 1990, 11). Cet inconscient collectif constitue un fond commun à l’humanité tout entière. Par opposition à l’inconscient personnel qui contient les souvenirs subliminaux, oubliés ou refoulés d’un individu, l’inconscient collectif se forme d’éléments propres à tous les hommes.
Si les psychanalystes s’accordent sur l’intérêt et l’importance des contes de fées aussi bien dans leurs études que dans les esprits humains, ils divergent dans leurs méthodes d’interprétation. En ce qui concerne le loup, les héritiers Freudiens et Jungiens semblent se rejoindre pour attribuer au loup des contes de fées les pulsions dites « animales » c’est-à-dire dévorantes et sexuelles, ainsi que des instincts primaires tels que la colère, la cruauté, la jalousie… L’analyse Freudienne assimilera le symbole du loup au « ça ». Jung, quant à lui, y verra une image archétypale : « l’ombre et le mal ». Dans les deux cas, il s’agit d’une part de l’homme refoulée, celle qui, liée au corps, justement, s’oppose à la raison, ou plutôt au culte de la rationalité, tel que pratiqué dans nos sociétés occidentales.
Jung et Freud vont se rejoindre de façon décisive dans le cas qui nous occupe sur la notion de colère, puisque l’on évoque souvent la « colère des éleveurs » face au loup. « Se mettre en colère correspond toujours à un abaissement de conscience, sorte de saut dans des réactions primitives ou même animales. (…) Toutes les pulsions obscures ne se prêtent pas à la rédemption. Certaines, saturées de mal, ne peuvent être laissées libres d’agir et doivent être sévèrement réprimées. (…) Il existe des germes mortels qui peuvent détruire l’être humain et auxquels il est nécessaire de résister ; il faut, de temps à autre, agir durement et ne pas accepter tout ce qui monte de l’inconscient. » (von Franz, 1990, 160).
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