Le tigre est le félin ayant la plus forte réputation de mangeur d’hommes, notamment en Inde.
Cela ne signifie pas que l’être humain fait partie intégrante de son régime alimentaire, mais il arrive que certains individus s’attaquent à l’homme, surtout en Inde.
Les cas célèbres de tigres mangeurs d’homme ne manquent pas. La tigresse surnommée « la mangeuse d’homme de Champawat » qui fut abattue par le chasseur Jim Corbett en 1907 avait tué pas moins de 438 personnes en huit ans Depuis le début du XXe siècle, les victimes sont beaucoup moins nombreuses, mais dans les années 1950, on compte près de 5 000 morts par an.
Les principaux accidents mortels se produisent lors d’une mise en contact fortuite entre l’homme et l’animal, ce qui a poussé le tigre surpris à attaquer. Néanmoins, la perte des canines, essentielles lors de la mise à mort, est un facteur déterminant : le tigre, incapable de se nourrir de grosses proies, se rabat sur des proies plus faibles, et notamment l’homme. Ce fait, noté par Jim Corbett, est corroboré par un témoignage de Pierre Pfeffer : un tigre blessé à la mâchoire par un coup de crosse revint par la suite se nourrir de chair humaine. Les tigresses peuvent transmettre le goût de la chair humaine à leurs petits et perpétuer ainsi une lignée de mangeurs d’homme.
Les Sundarbans, essentiellement composées de forêts de mangroves situées à l’embouchure du Brahmapoutre, abritent les derniers tigres mangeurs d’homme : de 1948 à 1986, plus de 800 personnes ont été tuées, et on compte chaque année une cinquantaine de victimes. Le comportement de ces tigres reste inexpliqué. Plusieurs méthodes dissuasives ont été testées afin de préserver les habitants de la région. Le port d’un masque à l’arrière du crâne semble être efficace car les tigres ont l’habitude d’attaquer dans le dos.
Le tigre a peu d’ennemis naturels. Toutefois, les meutes de dholes peuvent attaquer et tuer un tigre. Il arrive aussi que des ours ou des tigres mâles tuent les jeunes tigres.
La chasse aux trophées a été une cause importante de régression du tigre au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La chasse au tigre était en effet un sport apprécié des colons et des maharadjahs. Des battues étaient organisées durant lesquelles les tigres avaient bien peu de chance de survivre. Le tigre, animal craint pour sa force et sa cruauté présumée, était le prédateur à tuer pour sa gloire personnelle. Le félin était également un mangeur d’homme, et cette chasse intensive visait aussi à réduire sa population.
Le commerce des peaux a également accéléré cette chasse. Au début du XXe siècle, une peau valait 200 roupies, et un tapis avec tête montée 300. Les fourrures étaient négociées par les marchands locaux puis vendues comme souvenirs dans les grandes villes indiennes aux touristes européens. Durant les années 1950 à 1960, on estime que plus de trois mille tigres ont été tués comme trophées.
La chasse au tigre est à présent interdite dans tous les pays où vit ce félin. Le braconnage et la perte de son habitat et de ses proies sont à présent les principales causes du déclin des populations.