Futur symbole de Rouen ? Projet. La Girafe, ce belvédère qui s’élèvera à trente mètres du sol sur la rive gauche, risque de changer profondément la physionomie de Rouen.
Et si une girafe venait supplanter un jour le Gros-Horloge comme symbole de la ville de Rouen (Seine-Maritime) ? L’idée peut faire sourire, on n’est peut-être pas loin de la vérité avec ce drôle de belvédère qui émerge du projet d’aménagement des quais bas rive gauche signé par le cabinet d’urbanisme In Situ.
La Girafe – son nom de baptême, c’est pour l’instant sur le papier une structure métallique posée entre les ponts Jeanne-d’Arc et Guillaume-le-Conquérant, avec un long cou surmonté d’une plate-forme culminant à une trentaine de mètres de hauteur. Emmanuel Jalbert, le directeur général de l’agence lyonnaise désignée le 7 juin sur appel d’offres de la Ville, précise le concept de cet objet bel et bien conçu comme « un repère urbain, un totem, un élément fort sur cette séquence du port un peu vide et béante. Il nous paraissait intéressant de proposer un autre point de vue sur la ville. »
Mais encore, la Girafe servira d’accès des quais hauts aux quais bas, sous forme de tour-escalier ou d’ascenseur. Enfin, cet équipement « léger et peu coûteux » a vocation a être un support artistique. Il y a aura sans doute au pied un café, un lieu de rencontres ou d’exposition. Sur la tour en elle-même, l’imagination des architectes paysagistes n’a pas de limites : « On peut l’éclairer la nuit, appliquer dessus la silhouette d’une girafe, afficher une barbe à papa géante au moment de la foire Saint-Romain… Pourquoi pas la confier à Christo qui l’emballerait ! » suggère Emmanuel Jalbert.
Les concepteurs de la Girafe la confieraient bien à l’année à un artiste contemporain, comme le Grand Palais à Paris pour l’opération Monumenta (Anish Kapoor en 2011). Pierre-Emile Follacci, du cabinet d’architecture FHY, associé à In Situ sur la Girafe en particulier, jette en vrac des idées de « faire grimper un jardin dessus pendant un printemps, brumiser de la vapeur… », pour ce projet « à la frontière entre le land art et la sculpture ». Toutes les idées seront brassées au gré de la concertation avec les élus, les associations, les comités de quartier, etc. « Pour l’instant, c’est une boîte vide », reprend Emmanuel Jalbert. Un animal tout nu qui attend son habillage.
Au fait, pourquoi ce nom exotique ? La Girafe « vient en écho à l’industrie portuaire, dont le vocabulaire désigne en ces termes les grues géantes. On n’est pas là pour faire table rase du passé, on s’intéresse toujours à la toponymie des lieux. »
Quant à la portée symbolique de ce nouvel élément de décor, « c’est plus ou moins un pari », avoue Pierre-Emile Follacci. « Il ne s’agit pas de créer une sculpture, un symbole en soi. On va faire en sorte que la star, ce soit la balade et pas l’objet en lui-même. » Cela dit, et même si ce n’était pas l’ambition de départ, « c’est une espèce de Tour Eiffel. Inutile, quoi. On a vu ce qu’il en est advenu à Paris. » (à suivre…)
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