Roman de Mr. Renart
Posté par othoharmonie le 25 janvier 2012
Le Roman de Renart est un recueil de récits médiévaux français des XIIe et XIIIe siècles ayant pour héros des animaux agissant comme des humains ; le monde animal représentant la société du Moyen Âge. Le personnage principal se nomme Renart, c’est un animal alors connu sous le nom de « goupil » mais sous l’influence du Roman de Renart, le mammifère prendra le nom de renard en français.
Ce n’est pas un roman à proprement parler, mais un ensemble disparate de récits en octosyllabes de longueur variable et composés par différents auteurs, appelés dès le Moyen Âge « branches ». Les branches les plus anciennes (v. 1170) sont attribuées à un certain Pierre de Saint-Cloud. Dès le XIIIe siècle, les branches sont regroupées en recueils, apportant une certaine unité, les auteurs du Roman de Renart sont principalement anonymes sauf quelques auteurs nommés : Richard de Lison, Pierre de Saint Cloud et le Prêtre de la Croix en Brie.
Ces textes ont des fonctions diverses :
de critique sociale des classes dominantes, incapables de nourrir les petites gens ; de parodie des chansons de geste et romans courtois, mêlée d’anticléricalisme ;
- psychologiques (voire cathartiques) : transgression de tabous religieux (Dieu est absent et les formes sociales de la religion – pèlerinage, croisade ou simplement le clergé – sont méprisées et ridiculisées) alors que l’antagonisme central entre Renart et Primaut fait appel à la scène primitive (le viol de la louve).
Ces textes ont inspiré certains auteurs contemporains comme Carl Gustav Jung, dans la création de son concept d’Enfant intérieur et Paul Radin, dans son étude du Trickster. Ces auteurs furent intéressés par la figure de Till l’espiègle ou celle du renard dans Le Roman de Renart, entre autres, comme modèles de ce qu’ils nommaient le « fripon divin » : un être espiègle, malicieux et facétieux.
Seulement, Renart dénonce la faim, la violence, la bêtise… mais ne propose rien.
Les œuvres les plus tardives (Renart le Bestourné (à l’envers) de Rutebeuf, ou l’anonyme Renart le Contrefait (1319-1342), accentuent encore la satire.
Selon certaines interprétations, Renart représenterait le petit peuple, toujours prêt à mille « jongleries » pour survivre ; Ysengrin : la bourgeoisie, lourde et patentée ; Grimbert, le blaireau : le clergé et Brun, l’ours : la noblesse. Mais dans le texte, tous les personnages sont explicitement présentés comme appartenant à la noblesse. Renart est un chevalier qui vit dans son château de Maupertuis et est le premier à se moquer des vilains et à vivre à leurs dépens en les ridiculisant voire en n’hésitant pas à les tuer.
Les frères Grimm y voient une « épopée animalière (Thiersage) venue de Germanie via Tacite », ce qui lui confèrerait des racines indo-européennes.
Mais le monde des animaux, miroir du monde humain, sert avant tout à critiquer celui-ci. Les auteurs se moquent de tout, des chevaliers aux pèlerins, de la justice aux courtisans, montrant partout l’hypocrisie. Successeurs d’Ésope, ils préfigurent les fables de Jean de La Fontaine.
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