Girafe avec un f
Posté par othoharmonie le 15 janvier 2012
En 1829, dans une « Dissertation sur l’Etymologie » en préambule au Dictionnaire de B. de Roquefort, Jacques-Joseph Champollion-Figeac, le frère aîné du célèbre traducteur des hiérogyphes égyptiens, écrit que le mot giraffe « est arrivé tout fait dans le françois; c’est le mot zoraféh, et l’on peut s’en tenir à la seule énonciation de cette origine. Si l’on veut cependant remonter plus haut, on peut considérer que les syllabes de ce mot n’ont, en arabe, aucun sens analogue à ce quadrupède, et l’explication qu’en donnent les lexiques est tout-à-fait arbitraire. On en conclut tout naturellement que la langue arabe aussi a reçu ce mot tout fait d’un autre idiome. Si l’on s’avance dans cette recherche, on trouve que le mot égyptien soraphé est composé de deux racines qui signifient rigoureusement long col ou tête allongeé, et tel est le caractère éminent de la giraffe. Ce mot est donc d’origine égyptienne, et la giraffe, en effet, venue des contrées au midi de l’Egypte, et qui n’a pu être connue des Arabes que par les Egyptiens, est plusieurs fois figurée sur leurs anciens monumens, non seulement de sculpture, mais encore dans les peintures de manuscrits; et ce fait n’est pas indifférent pour justifier l’étymologie du nom françois de ce singulier quadrupède. »
Il est noté que la première girafe d’Europe fut florentine, chez Laurent de Médicis au XVe siècle, et que les deux f de la terminologie italienne giraffa semble avoir alors prévalu. Puis, nos Académiciens durent jugés le redoublement de la consonne incompatible avec l’orthographe française. Cette simplification orthographique semble contemporaine de notre premier exemplaire vivant, puisque giraffe et girafe cohabitent d’un auteur à l’autre en ce premier quart du XIXe siècle. Les langues anglaise et allemande, plus respectueuses du mot-source, ont toujours conservé les deux f.
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