En l’an 2500 avant J.-C., les Égyptiens firent venir la girafe dans leur pays, depuis les pays plus au sud. En effet, l’animal avait disparu d’Égypte depuis plus de cent ans à cause de la sécheresse. Les traditions d’échange et de commerce de l’Égypte, à toutes les époques, ont fait que c’est de ce pays d’Afrique que sont venues la plupart des premières girafes connues en Europe.
La girafe que Jules César fit venir à Rome en 46 avant J.-C. venait du zoo d’Alexandrie. On l’appelait alors « cameleopard », parce que l’on pensait qu’elle était issue du croisement entre un chameau et un léopard. En 1215, le sultan d’Égypte échangea une girafe contre un ours polaire avec l’empereur romain d’Occident, Frédéric II. En 1826, le pacha Méhémet-Ali, alors vice-roi d’Égypte, décida d’offrir une girafe au roi de France Charles X. Les savants du Muséum de Paris débordèrent d’enthousiasme à cette nouvelle. Après un volumineux échange de courrier diplomatique, la girafe fut embarquée à Alexandrie sur un navire spécialement aménagé : un trou était percé dans le pont pour laisser passer sa tête.
L’accompagnaient un chef palefrenier, un chef d’escorte, trois domestiques soudanais, trois vaches destinées à lui fournir du lait frais et deux antilopes d’une espèce rare.
La girafe débarqua à Marseille et l’on choisit de l’y faire passer l’hiver, à la grande satisfaction de Madame la préfète, qui organisa des réceptions en son honneur. Puis elle fut acheminée « à pattes » vers Paris, conduite par l’illustre Geoffroy Saint-Hilaire. Une cape imperméable, fermée par des boutons et munie d’un capuchon qui couvrait sa tête et son cou, la protégeait des intempéries. Afin d’éviter l’usure de ses sabots, elle était chaussée de véritables sandales de cuir souple qui se laçaient et qui étaient renouvelées tous les cinquante kilomètres. La girafe eut beaucoup de succès : nombre d’auberges et de boutiques arborèrent une enseigne à son effigie.
À Paris, où elle arriva le 30 juin 1827, elle fut présentée au roi et à la cour, puis installée au Jardin des Plantes où 600 000 Parisiens vinrent l’admirer pendant le dernier semestre de l’année. Nourrie de végétaux, de foin, de feuillages, de graines, de lait et de sel, elle fut bien traitée et vécut 18 ans. Son serviteur noir, Atir, la promenait chaque jour, tenue par une simple cordelette.
L’engouement pour cette invitée extraordinaire se manifesta dans la mode : objets de toutes sortes et vêtements la représentaient ; une coiffure toute en hauteur, en vogue à l’époque, fut même dite « à la girafe ».