Une abeille, une cause
Posté par othoharmonie le 29 décembre 2011
Les disparitions
- Le parasitisme : les varroas, et particulièrement Varroa destructor, parasite fréquent de l’abeille domestique ayant été véhiculé sur tous les continents par des transferts d’abeilles reproductrices ou de ruches reste une des causes initiales ou partielles possibles, en tant qu’affaiblissant les abeilles et propageant des infections virales associées.
D’autres parasites tels qu’ Acarapis woodi et Paenibacillus larvae ont déjà causé des mortalités documentées par le passé.
La loque européenne est un autre parasite du couvain de l’abeille qui semble en extension, parallèlement au syndrome d’effondrement, mais qui ne semble pas pouvoir l’expliquer.
- Le virus IAPV : une étude parue dans la revue Science en 2007 fait état de l’analyse des organismes commensaux des abeilles s’étalant sur une période de trois ans. Ce rapport a déterminé que le virus Israeli acute paralysis virus of bees (IAPV), initialement décrit par un chercheur israélien, est fortement corrélé avec le syndrome d’effondrement des colonies. Selon l’un des co-auteurs de l’étude, Ian Lipkin : « nos résultats indiquent que l’IAPV est un marqueur significatif du CCD. L’étape suivante est de déterminer si l’IAPV, seul ou de concert avec d’autres facteurs peut induire le syndrome chez des abeilles saines ».
- Certains pesticides ont été ou sont suspectés, dont les insecticides ( l’imidaclopride (Gaucho) et d’autres néonicotinoïdes (comme la clothianidine (Poncho Pro)), le fipronil (Régent TS), le thiamethoxam, les produits de démoustication, etc.) voire des désherbants ou des fongicides, ou des sous-produits de dégradation ou des métabolites de ces produits ayant un effet imprévu sur la capacité de l’abeille adulte à s’orienter (à partir d’un seuil lié à des effets cumulatifs ou synergiques, qui pourraient par exemple concerner toute une classe d’âge de larves, ce qui expliquerait la brutalité du syndrome). Une étude de l’AFSSA, rendue publique le 15 février 2008 ne permet pas d’établir la responsabilité des insecticides utilisés en traitement de semence. Hors de France, la situation fait également débat, comme mentionné dans le rapport AFSSA « récemment, en Allemagne, en Slovénie et en Italie des incidents semblables, impliquant des poussières de semis pelliculés, ont été rapportés (Forster, 2008 ; Pistorius, 2008). Même si selon Gil Rivière-Wekstein : « Hormis la France, personne, dans les autres pays où le Gaucho et le Régent sont employés, n’a jamais désigné ces insecticides comme étant responsables de ces mortalités, y compris les plus ardents défenseurs de l’environnement » Abeilles l’imposture écologique. Cette étude met aussi en évidence des cas d’intoxications aiguës de colonies d’abeilles par des produits pulvérisés ou de non respect des bonnes pratiques agricoles.
- Les OGM ont également été rapidement suspectés, car leur culture en plein champs dans certains pays a précédé de peu ce nouveau syndrome, et parce que de nombreux OGM ont été génétiquement modifiés pour produire leur propre insecticide. Par exemple, le pollen vivant de nombreux maïs transgéniques exprime la protéine transgénique insecticide Bt. En 1996, des essais en confinement de coton Bt entrepris par l’entreprise Monsanto ont provoqué la mort de 40% des abeilles présentes. Une étude de l’Université d’Iéna a porté (de 2001 à 2004) sur l’effet des pollens GM exprimant la toxine Bt sur les abeilles. Comme annoncé par les fabricants, sur les individus sains, aucun effet toxique du pollen n’a été démontré, mais les abeilles affectées par un parasite s’y sont montrées beaucoup plus sensibles, la mortalité étant alors beaucoup plus élevée chez les abeilles expérimentales nourries au pollen GM (durant 6 semaines). Les chercheurs supposent que le pollen GM pourrait affecter l’immunité de l’abeille, le Pr Hans-Hinrich Kaatz (université de Halle) estime que le Bt pourrait ne pas tuer l’abeille mais agresser les cellules des parois de son intestin, facilitant l’infection par d’autres pathogènes. Dans les 6 semaines d’expérience, les abeilles nourries avec des doses importantes de Bt (10 fois la dose normale) ont été plus nombreuses à mourir. La reine y est exposée plus longtemps, et l’effet sur plusieurs générations de larves n’a pas été étudié. Cette hypothèse n’est généralement pas retenue comme cause principale de la disparition des apidés, car des abeilles disparaissent touchées dans des zones où les OGM sont très rares ou totalement absents, même si des cas de pollution génétique semblent avérés, et que des cultures illégales d’OGM auraient eu lieu ou ont été tolérées (en Argentine par exemple). Enfin, l’Europe où les OGM sont peu présents a été touchée avant l’Amérique du Nord où ils sont le plus cultivés. Si les OGM produisant leur propre insecticide peuvent avoir de faibles effets néfastes sur les abeilles, les insecticides « classiques » largement utilisés par les agriculteurs en ont également, et l’usage d’OGM a permis d’en réduire l’usage. Deux études concluent ainsi que les champs d’OGM Bt (coton ou maïs Bt) auraient plutôt moins d’effet que ceux traités par pulvérisation d’insecticides classiques, sur les abeilles proprement dites ou sur des hyménoptères similaires.
- Une infection fongique par un champignon microscopique parasite. Par exemple, le Nosema cerenae, un champignon microscopique unicellulaire est souvent retrouvé dans le corps des abeilles mortes et a pour cette raison été évoquécomme cause possible. Mais il pourrait ne s’agir que d’un pathogène opportuniste profitant d’une baisse de l’immunité de l’abeille. Une équipe de chercheurs espagnol a toutefois découvert plusieurs colonies d’abeilles atteintes du syndrome et qui ne présentaient comme unique anomalie que la présence de ce seul champignon microscopique. Après traitement des abeilles survivantes avec l’antifongique flumagillin, ils ont démontré une guérison totale des symptômes. Cette avancée permet de proposer aux apiculteurs un suivi des abeilles pour la présence de ce parasite ainsi qu’un traitement.
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