Le miel
Posté par othoharmonie le 18 décembre 2011
Aliment premier, à la fois nourriture et boisson, à l’image du lait auquel il est souvent associé, le miel est dans toutes les traditions d’abord symbole de richesse et de douceur. Dans les textes sacrés d’Orient et d’Occident, lait et miel coulent en ruisseaux sur toutes les terres promises. Les traditions celtes célèbrent l’hydromel comme boisson d’immortalité. Comme dans la mythologie grecque, où il est le breuvage des Dieux de l’Olympe. Symbole de connaissance, de savoir et de sagesse, il est l’aliment réservé aux élus, aux initiés, aux êtres d’exception, dans ce monde comme dans l’autre. La tradition grecque veut que Pythagore ne se soit nourri, sa vie durant, que de miel.
Tous les grands prophètes font référence au miel dans les Ecritures, la Parole est du miel, il représente la douceur, la justice, la vertu et la bonté divine. Le Coran parle en termes sacrés des abeilles et du miel : « le miel est le premier bienfait que Dieu a donné à la Terre. » Virgile appelle le miel le don céleste de la rosée, la rosée étant elle-même symbole d’initiation. Le miel en viendra aussi à désigner la béatitude suprême et l’état de nirvâna. Symbole de toutes les douceurs, le miel de la connaissance fonde le bonheur de l’homme.
La perfection du miel en fait un élément majeur dans de nombreux rituels religieux. Pour les Egyptiens, il provient des larmes du dieu Râ et fait partie de toutes les offrandes religieuses de l’Egypte pharaonique. En Islam, selon le Prophète, il rend la vue, conserve la santé et ressuscite les morts. Chez les indiens d’Amérique, il joue un grand rôle dans les cérémonies et les rituels d’initiation et de purification. Nourriture inspirante, il a donné le don de la poésie à Pindare et celui de la science à Pythagore.
Dans la pensée psychanalytique moderne, le miel symbolise le « Moi supérieur », ultime conséquence du travail intérieur sur soi-même. Résultat d’une transmutation de la poudre éphémère du pollen en succulente nourriture d’immortalité, il symbolise la transformation initiatique, la conversion de l’âme, l’intégration achevée de la personne.
A l’époque, les Celtes se réconfortent avec du vin miellé et de l’hydromel. L’abeille, dont le miel sert à faire de l’hydromel ou ligueur d’immortalité, est l’objet, en Irlande, d’une étroite surveillance légale. Un texte juridique moyen-gallois dit que « la noblesse des abeilles vient du paradis et c’est à cause du péché de l’homme qu’elles vinrent de là : Dieu répandit sa grâce sur elles et c’est à cause de cela qu’on ne peut chanter la messe sans la cire ». Même si ce texte et tardif et d’inspiration chrétienne, il confirme une tradition très ancienne dont le vocabulaire offre encore des traces (le Gallois, cwyraidd de cwyr « cire » signifie « parfait, accomplit », et l’Irlandais moderne céir-bheach, littéralement « cire d’abeille », désigne aussi la perfection. Le symbolisme de l’abeille évoque donc, chez les Celtes comme ailleurs, les notions de sagesse et d’immortalité de l’âme.
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