Les ânesses laitières
Posté par othoharmonie le 13 décembre 2011
à Toulouse, par M. Baillet
(Revue médicale, octobre et novembre 1888)
L’usage du lait d’ânesse remonte fort loin dans le temps, puisque les médecins de la Grèce antique le recommandaient déjà. Plus proche de nous, le roi François 1er, réduit à un état de langueur par ses excès et ses fatigues guerrières, fit venir un médecin juif de Constantinople, qui lui prescrivit comme seul remède le lait d’ânesse. Le régime réussit si bien au monarque que les courtisans s’empressèrent d’imiter leur souverain.
On utilise de nos jours (1888) des ânesses de la variété gasconne, mais on accorde plus de d’importance à leur conformation qu’à leur race. Les meilleurs « nourrisseurs » gardent souvent les petites femelles afin de les élever, car la pratique a démontré que les facultés laitières sont héréditaires. Mais le plus souvent, les producteurs de lait, lorsque l’ânesse est tarie, la revendent afin d’acheter pour la remplacer une nouvelle femelle et son ânon.
Ceux qui pratiquent en même temps l’élevage et la fourniture de lait ont deux établissements différents : l’un en ville pour la fourniture du lait, et l’autre en campagne pour les soins à donner aux futures mères, car les besoins alimentaires ne sont pas les mêmes.
Les ânesses sont saillies dans leur deuxième année, mettent bas à la fin de la troisième année, et commencent à donner du lait pour la vente au début de leur quatrième année. Elles donnent leur pleine production de lait lorsqu’elles produisent leur deuxième ou troisième ânon. Elles donnent un lait de qualité constante, quoique en quantité moindre, même lorsqu’elles avancent en âge.
L’exigence de beaucoup de clients est que l’ânesse soit amenée à leur domicile et traite devant eux, afin qu’ils soient certains qu’on leur vende (cher) du lait d’ânesse et non pas du lait coupé. C’est pourquoi beaucoup d’établissements producteurs sont situés en ville. A Toulouse, la durée de la sortie est de deux ou trois heures. On donne au client une « prise » de deux décilitres.
Pour que la séparation d’avec l’ânon ne soit pas trop pénible lorsqu’on effectue les sorties, on laisse ceux-ci jouer ensemble, puis on les remet avec leur mère dès son retour afin de déclencher de nouveau la lactation.
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