L’Ane et Le Boeuf

Posté par othoharmonie le 10 décembre 2011

Introduction par J. BITOUN 

 

« Des correspondants m’ont fait très justement part d’omissions que j’ai commises à propos de certains aspects allégoriques associés à la vie d’Ulysse. Pour résumer, je n’aurais pas assez mis en évidence le rôle de l’âne et celui du cheval dans deux des mythes traités. «  

 

 L'Ane et Le Boeuf dans ANEUlysse, afin de faire croire aux envoyés d’Agamemnon qu’il était devenu fou, attela ensemble un âne et un bœuf à sa charrue car cette pratique n’était pas usitée dans l’Antiquité au point que les rédacteurs de la Bible, une bonne dizaine de siècles plus tard, ont cru bon de l’interdire sans donner d’explication. En effet on lit dans le Chapitre 22 du Deutéronome, consacré aux Prescriptions diverses, l’interdit du verset 10: « Tu ne laboureras point avec un bœuf et un âne attelés ensemble », intercalé entre des pêches de vigne et la composition filaire de vêtements d’hiver. Il semblerait que cette révélation divine ait subi l’influence mythologique de la folie simulée d’Ulysse mais que ne sachant pas comment l’interpréter, les Septantes, de culture grecque, se soient contentés de recopier servilement l’épisode de la simulation odysséenne en transformant le résultat de la feinte folie mythologique d’Ulysse en une sainte interdiction divine. 

 

En fait de Parole de Dieu, une preuve supplémentaire est ainsi apportée que les textes bibliques, et avec eux tous leurs corollaires prétendument révélés, ont bien été conçus et rédigés par des hommes qui profitaient, comme leurs ancêtres, du souffle rafraîchissant de la pensée hellénique dont la Mythologie constituait un vecteur au même titre que la philosophie, les sciences exactes, les arts, la médecine, etc. En un mot toutes les disciplines de l’esprit dans lesquelles une poignée de citoyens libres et évolués ont excellé, pendant une période très courte, à l’intérieur d’un petit quadrilatère géographique, centré sur le Parthénon, pour rayonner dans le temps et dans l’espace, malgré la Barbarie et le despotisme, l’ignorance et la superstition, la cruauté et la violence. A l’époque de Périclès, vers le V° Siècle avant JC, des esprits aussi brillants que Socrate, Platon, Aristote, Eschyle, Sophocle, Euripide, Xénophon, Hippocrate, Hérodote, Phidias, entre autres, qui se rencontraient chaque jour dans les rues d’Athènes en allant faire leur emplettes sur le marché de Plaka, en bas de l’Acropole, ne se doutaient pas de l’impact et de l’influence que leurs pensées exerceraient sur les générations à venir, partout dans le monde l-ane-le-boeuf-et-le-laboureur dans ANEet en toutes circonstances. Comme si la Providence, aidée des Dieux bienfaisants de l’Olympe, avait bâti un édifice virtuel parfait, composé de rayons lumineux, convergeant à la même époque et émis au même endroit par les intelligences les plus brillantes. Cette même Providence s’est manifestée à la Renaissance, puis au Siècle des Lumières, mais toujours à partir des bases incontournables de l’Hellénisme. 


Revenons à nos deux animaux de trait! La folie d’Ulysse aurait été encore plus convaincante s’il avait eu l’idée d’atteler ensemble une gentille ânesse et un porc répugnant. Ce dernier animal, considéré comme impur, n’aurait alors, en raison de son indiscipline, pas permis à Ulysse de creuser les douze sillons et d’y déverser du sel. De plus le lait d’ânesse, réputé pour ses vertus épidermiques, ne pouvait pas être fourni par un animal lubrique et fougueux, par opposition au bœuf placide et travailleur. Shakespeare ne s’y est pas trompé, dans sa comédie truculente « Le songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream) », lorsqu’il affuble, d’une tête d’âne, l’empoté personnage de Bottom, dont tombe amoureuse la délicate et adorable Reine des Fées, Titania, à la suite d’un artifice de Puck, commandé par son mari Obéron. Cette pièce s’inscrit largement dans le répertoire mythique par les nombreux symboles qu’elle véhicule, notamment celui de l’âne dont on a peine à croire que le célèbre barde de Stratford n’aurait pas été influencé par le stratagème resquilleur d’Ulysse. Néanmoins si, par une lubie dont la Mythologie est apparemment coutumière, un autre couple d’animaux hétéroclite avait remplacé celui choisi par Ulysse, gageons que le verset 10 du Chapitre 22 du Deutéronome aurait été modifié en conséquence et qu’aujourd’hui encore une génération d’orthodoxes bornés le réciterait tel quel avec la ferme conviction de son origine divine. 

le-boeuf-l-ane-et-le-chevalC’est sur un ânon bien docile, et non sur un bourricot impur, que Jésus est juché pour son entrée remarquable à Jérusalem. Comment interpréter aussi le symbole paisible de l’âne et du bœuf figurant dans l’étable o- Jésus est né, les deux animaux étant associés à la Nativité sans toutefois être attelés ensemble. A moins de considérer la Vie et la Mort de Jésus comme des symboles relevant d’un légendaire crypto hellénique, il ne convient pas de chercher très loin l’explication de la présence effective des deux quadrupèdes, qui constituaient l’unique bien appartenant à la famille de Joseph: l’ordre romain de recensement indiquait clairement qu’il concernait personnes et bétail. Si certains théologiens chrétiens se plaisent à voir d’une part dans l’âne les Paens vicieux, entêtés, lubriques, d’autre part dans le boeuf, le peuple juif, soumis, travailleur, patient, comment devraient-ils alors interpréter le mythe d’Ulysse qui utilise ces deux animaux pour sauver la tranquillité et l’existence de sa fidèle Marie et de son petit Jésus, anachronisme mis à part, autrement que par souci d’essayer d’échapper à un ordre injuste, plutôt que de s’y soumettre consciencieusement, comme le fit Joseph, au risque de perdre femme et enfant?

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