L’ANE FAVORI
Posté par othoharmonie le 8 décembre 2011
Conte Sioux
Il était une fois une Fille de Chef, honorée de tant de gens que chacun savait qu’elle appartenait à une famille puissante.
Devenue femme, elle se maria et mit au monde des jumeaux. Au campement de son père on organisa de grandes réjouissances, et toutes les femmes vinrent voir les bébés. Elle était très heureuse!
Comme les enfants grandissaient, leur Grand-Mère fabriqua un bissac pour eux, et elle choisit un ane pour les transporter. »Mes petits-fils »,disait-elle, « voyagerons comme il sied à des enfants si honorés! Voyez cet âne : il est patient et son pied est sur. Il portera les bébés dans le bissac, chacun d’un coté de son dos. »
Il advint qu’un jour la Fille de Chef et son époux décidèrent de faire leurs préparatifs pour changer de lieu de campement. Le père- les jumeaux faisaient sa fierté!-avait sélectionné pour eux son plus beau poney, et sur son dos il sangla soigneusement le bissac.
« Voilà! »dit-il » Mes fils chevaucherons ce poney, pas un âne ! Que l’âne porte les pots et les marmites! »
Sa femme entreprit alors de charger l’âne des ustensiles du ménage. Elle lia les perches du tipi en deux faisceaux qu’elle fixa de chaque coté de l’âne, entre eux elle installa le filet de travois et mit dedans pots et bouilloires, puis elle ficela les peaux de couverture de la tente en travers de son dos. Elle avait à peine terminé que l’âne se mit à reculer, braire et ruer furieusement. Il brisa les perches du tipi et réduisit les poteries en miettes et déchira la tente. Plus on le battait, plus il ruait!
A la fin ils coururent avertir la Grand-Mère. Elle éclata de rire. »Ne vous avais-je pas dit que l’âne devait porter les enfants! »dit-elle ». Il sait que ce sont ceux du Chef. Et vous pensiez qu’il accepterait d’être déshonoré avec des gamelles! »Et elle emmaillota les bambins dans le bissac, qu’elle installa sur le dos de l’âne, qui s’était calmé instantanément.
Enfin ils quittèrent le village et le voyage commença. Mais le jour suivant, alors qu’ils passaient par un endroit encombré de broussailles épaisses, il en surgit une bande d’ennemis, fouettant leurs montures et poussant leur Cri de Guerre. La surprise était totale! Les hommes bandèrent leurs arcs et empoignèrent leurs lances. Après un long combat, les ennemis prirent la fuite. Mais quand les voyageurs commencèrent à se rassembler-ou étaient l’âne et les bébés. Personne ne le savait. Longtemps ils les cherchèrent, mais en vain. A la fin ils reprirent le chemin du village, le père abattu, la mère en sanglots. Quand ils arrivèrent au tipi de la Grand-Mère, l’âne était là, avec les jumeaux dans leur bissac.
Marie L. McLaughlin,
Université de Virginie.
(Le texte original est là: http://etext.virginia.edu/etcbin/toccer-new2?id=MclMyth.sgm&images=images/modeng&data=/texts/english/modeng/parsed&tag=public&part=4&division=div1
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