Lion 7
Posté par othoharmonie le 4 décembre 2011
Par H. Demesse
Les Cafres des frontières de la colonie du cap de Bonne-Espérance, vulgairement nommés Kaal-Kaffers (Cafres chauves), ont, d’après Delegorgue, une singulière manière d’attaquer le Lion, qu’ils chassent. « L’un d’eux, dit-il, porteur d’un vaste bouclier de buffle épais et dur, auquel a été donnée une forme concave, s’approche le premier de l’animal, et lui lance une assagaye. Le Lion bondit vers son agresseur ; mais l’homme s’est laissé tomber à plat sur la terre, et son bouclier le recouvre, de même que les cônes marins (patelles) qui adhèrent aux rochers. L’animal essaye alors ses griffes et ses dents sur la partie supérieure du bouclier, qui les voit glisser sans effet produit. Il redouble ; mais bientôt, cerné par la bande d’hommes armés, son corps est tour à tour percé de vingt, de cent coups d’assagaye qu’il s’imagine recevoir de l’homme qu’il tient sous lui. »
Nous extrayons du Voyage en Abyssinie exécuté pendant les années 1839, 1840, 1841, 1842, 1843, par MM. Théophile Lefebvre, lieutenant de vaisseau, H. Petit et Quantin Dellon, docteurs-médecins, naturalistes du Muséum, et Vignaud, dessinateur, le passage suivant, relatif à la chasse au Lion et qui semble débarrassé des exagérations ordinairement entassées dans leurs récits par des chasseurs moins sérieux.
« Lorsque le Lion est attaqué, il a pour habitude constante de s’élancer d’abord sur celui qui l’a touché le premier, soit avec le fusil, soit avec la lance.
» Aussi considère-t-on comme l’ayant tué le chasseur qui l’a le premier tiré, quoique plusieurs autres l’aient ensuite abattu, parce que le premier il a eu le courage de s’exposer à sa fureur. Après avoir déchiré le premier assaillant, il passe au second, et ainsi de suite, avec une espèce d’instinct et de mémoire très remarquable. Si l’un des chasseurs, par ses gestes, sa contenance, son visage, laisse apercevoir la moindre frayeur, sa mort est sûre, car le Lion le reconnaît et s’élance aussitôt sur lui.»
Il s’avance vers les combattants en remuant la tête et la queue et en ouvrant la gueule d’une manière effroyable. Il ne fait qu’un bond de trente à trente-cinq pieds, puis se dresse à portée, et généralement brise, en se laissant tomber de son propre poids, l’épine dorsale de celui qu’il a choisi pour victime, en même temps qu’il lui déchire le corps avec ses griffes et lui broie la tête dans sa gueule.
Il est surtout terrible quand, étant tombé, il semble presque mort. Généralement son agonie coûte la vie à un homme ; car quoique sans mouvement apparent depuis assez longtemps, si l’on ne prend pas de grandes précautions pour l’approcher, il recueille tout ce qui lui reste de force pour achever ceux qui sont tombés près de lui ou celui qui vient lui porter un dernier coup.
Une question a souvent été posée : Le Lion attaque-t-il l’homme ? Et résolue négativement.
Ben-Amar affirme que jamais, sinon dans le cas de légitime défense, le Lion n’attaque l’homme. (A SUIVRE…)
HENRI DEMESSE.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009) Texte relu par : A. Guézou
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.
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