Lion 3
Posté par othoharmonie le 4 décembre 2011
Par H. Demesse
Lorsque les Lionceaux viennent au monde après une gestation de cent huit à cent dix jours, leur taille est celle d’un chat qui aurait atteint la moitié de son développement. Seuls de tous les carnassiers, les Lions naissent les yeux ouverts. Comme la Lionne pendant l’allaitement ne quitte guère ses petits, si ce n’est pour aller se désaltérer, elle établit son repaire près d’une source ou d’une rivière. Elle s’assure ainsi une proie abondante et facile lorsque les animaux de la contrée sont attirés par le besoin de l’eau.
Après les fortes chaleurs du jour, aux premières fraîcheurs de la nuit, l’Antilope et la Girafe, le Zèbre et le Buffle recherchent les sources…. Le guide de la troupe d’Antilopes s’avance lentement, en flairant et en écoutant sans cesse ; il cherche à percer de ses yeux les ténèbres de la nuit. Après chaque pas, il s’assure que tout est calme et silencieux. Les Antilopes sont assez intelligentes pour avancer contre le vent, et presque toujours le guide du troupeau perçoit à temps le danger. Il s’arrête, écoute, regarde, flaire, et aussitôt, rebroussant chemin, se livre à une fuite rapide, qui entraîne toute la troupe et la dérobe au danger.
Le Zèbre s’approche avec la même prudence ainsi que la Girafe, mais soudain le Lion fait un bond, saute sur le cou de sa victime et lui enfonce les dents dans la nuque.
C’est cette façon de chasser indigne du grand carnassier qui a fait dire à Barrow : « Cet animal est traître, il est rare qu’il attaque ouvertement, il s’embusque jusqu’à ce qu’il puisse sauter sur sa proie. » Nous lisons dans le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle ce détail que nous n’avons trouvé reproduit nulle part : on croit que pour cette chasse où sa force est le plus souvent inutile, mais où la ruse devient nécessaire, le Lion sait s’associer le Caracal, petit Lynx qui, d’une taille plus semblable à la leur, peut facilement approcher ses victimes sans leur inspirer d’épouvante et sans déterminer leur fuite. On dit qu’il s’en sert comme d’un pourvoyeur et qu’il partage ensuite avec lui sa proie. Il est peut-être plus probable que si le Caracal suit le Lion, c’est afin de profiter des restes de ce puissant carnassier. Il ne serait cependant pas impossible qu’il y eût du vrai dans ce récit.
Lorsque les animaux se sont accouplés, le pays qu’ils habitent est dans la désolation. Le Lion consomme énormément ; on en jugera par ces chiffres donnés par Jules Gérard. En 1855, dit-il, les trente Lions qui se trouvaient dans la province de Constantine coûtaient annuellement 180000 francs.
« Dans les contrées où je chasse d’habitude, écrit-il, l’Arabe qui paye 5 francs d’impôt à l’État paye 50 francs au Lion. Un seul Lion tue ou consomme une valeur annuelle de 6000 francs en chevaux, mulets, boeufs, chameaux et moutons ; en prenant la moyenne de sa vie, qui est de trente-cinq ans, chaque Lion coûte donc aux Arabes 210000 francs. »
De 1856 à 1857, toujours d’après Jules Gérard, 60 Lions ont enlevé dans la seule province de Bône 10000 pièces de bétail, grandes et petites…. En captivité le Lion absorbe par jour, en moyenne, de 6 à 7 kilos de viande. (A SUIVRE…)
HENRI DEMESSE.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009) Texte relu par : A. Guézou
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.
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