Le lion 1
Posté par othoharmonie le 4 décembre 2011
Par H. Demesse
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L’une des merveilles de la création parmi les animaux, c’est le Lion, dont la royauté est fort dûment établie, bien que nombre de naturalistes aient entrepris de la lui discuter. Ce fauve a reçu en partage la force et la beauté. Rien de plus majestueux que sa démarche, rien de plus absolument beau que sa forme, rien de plus terrible que son rugissement…..
Les naturalistes ont classé le Lion parmi les onguiculés, ordre des carnassiers, famille des félins.
Les Lions étaient autrefois plus répandus qu’ils ne le sont aujourd’hui. On en trouvait d’une très grande taille dans les contrées qui sont actuellement connues sous le nom de Turquie d’Europe et ils étaient fort communs dans l’Asie Mineure. On n’en rencontre plus guère que dans quelques parties de la Perse et de l’Inde et dans l’Arabie.
Leur véritable patrie est aujourd’hui l’Afrique. Ils y sont abondamment répandus depuis l’Atlas jusqu’au cap de Bonne-Espérance, et depuis le Sénégal et la Guinée jusqu’aux côtes de l’Abyssinie et du Mozambique.
Les différences que l’on a cru reconnaître dans les Lions des diverses contrées ont fait admettre plusieurs races ou variétés locales dont le Lion de Barbarie serait la souche.
Le Lion de Barbarie a la taille forte et ramassée, la poitrine large et les reins faibles. Sa grosse tête, presque carrée, s’allonge en un museau large et camus ; il a les oreilles rondes, les yeux de grosseur moyenne, mais vifs et étincelants ; la queue longue et
terminée par une pointe courte, entourée d’un gros flocon de poils ; des membres trapus d’une force extraordinaire et des pattes plus grandes que celles des autres animaux, même comparativement aux membres.
La tête et le cou sont entourés d’une crinière longue et touffue, composée de longs poils tombant par tresses jusque sur les pattes de devant et se prolongeant jusqu’à moitié du dos et des flancs. La partie inférieure du corps sur toute sa longueur, les coudes et la partie antérieure des cuisses sont aussi garnis de touffes de poils.
On le rencontre encore en Algérie et au Maroc, et il n’est pas rare dans la régence de Tunis et dans le Fezzan. En Algérie, il est beaucoup moins commun depuis nos guerres avec les Arabes, et nos chasseurs de Lions, Jules Gérard en tête, ont considérablement contribué à en diminuer le nombre. C’est cette race à crinière crépue que les anciens représentaient de préférence dans leurs statues et leurs bas-reliefs, qu’on peut voir au musée du Louvre. (A SUIVRE…)
HENRI DEMESSE.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (30.I.2009) Texte relu par : A. Guézou
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.
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Parmi les variétés issues de cette souche, on distingue : le Lion du Sénégal, dont la crinière est épaisse et de teinte claire ; le Lion du Cap, dont la crinière est très forte et foncée en couleur ; le Lion de Perse, à taille plus petite et à crinière mélangée de poils bruns et noirs, et enfin le Lion du Guzerat, dont la crinière, faiblement indiquée, mérite à peine d’être mentionnée ; aussi l’a-t-on nommé quelquefois Lion sans crinière. C’est sans doute de cette espèce que parlent Solin et Oppien, qui croyaient que cet animal provenait de l’accouplement du Lion et du Léopard.
Un des traits caractéristiques du Lion est la manière dont il porte la tête ; il la tient généralement élevée ; ce qui donne à sa physionomie quelque chose d’ouvert, de franc, qu’on ne remarque point sur la physionomie des autres chats. Mais ce port de tête particulier n’a pas d’autre cause que l’épaisse crinière de son cou. La femelle, qui a le cou nu, tient la tête presque au niveau de son dos, et le jeune Lion ressemble en ce point tout à fait à sa mère.
Lorsque les Lionceaux viennent au monde après une gestation de cent huit à cent dix jours, leur taille est celle d’un chat qui aurait atteint la moitié de son développement. Seuls de tous les carnassiers, les Lions naissent les yeux ouverts. Comme la Lionne pendant l’allaitement ne quitte guère ses petits, si ce n’est pour aller se désaltérer, elle établit son repaire près d’une source ou d’une rivière. Elle s’assure ainsi une proie abondante et facile lorsque les animaux de la contrée sont attirés par le besoin de l’eau.
C’est cette façon de chasser indigne du grand carnassier qui a fait dire à Barrow : « Cet animal est traître, il est rare qu’il attaque ouvertement, il s’embusque jusqu’à ce qu’il puisse sauter sur sa proie. » Nous lisons dans le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle ce détail que nous n’avons trouvé reproduit nulle part : on croit que pour cette chasse où sa force est le plus souvent inutile, mais où la ruse devient nécessaire, le Lion sait s’associer le Caracal, petit Lynx qui, d’une taille plus semblable à la leur, peut facilement approcher ses victimes sans leur inspirer d’épouvante et sans déterminer leur fuite. On dit qu’il s’en sert comme d’un pourvoyeur et qu’il partage ensuite avec lui sa proie. Il est peut-être plus probable que si le Caracal suit le Lion, c’est afin de profiter des restes de ce puissant carnassier. Il ne serait cependant pas impossible qu’il y eût du vrai dans ce récit.
Constantine coûtaient annuellement 180000 francs.
En général, le Lion ne mange que des animaux tués par lui ; ce n’est que si la faim le presse qu’il se contente des cadavres qu’il rencontre ; encore choisit-il le plus souvent la proie que repu l’animal a délaissée la veille. Il préfère les grands animaux aux petits ; cependant il ne dédaigne pas ceux-ci lorsqu’ils se présentent sur son passage. On affirme que parfois même il se contente de sauterelles ; mais ce fait est douteux.
Le rugissement du Lion est le cri le plus puissant qui jaillisse de la poitrine d’un animal. C’est d’abord un roulement sourd, entrecoupé. Il ressemble à un tonnerre lointain dont le ton s’élève, s’enfle, roule et arrive à un éclat formidable ; voix menaçante et solennelle qui impose le respect, fait courir des frissons sous la peau des plus braves et sème la terreur dans l’espace. Le Lion rugit ordinairement au lever de l’aurore, après avoir mangé et lorsque le temps est à l’orage.
C’est surtout lorsqu’ils sont pris jeunes que les Lions s’apprivoisent parfaitement à l’aide de bons soins. Ils reconnaissent dans l’homme leur bienfaiteur, et l’aiment d’autant plus qu’il s’occupe davantage d’eux. Il est impossible de se figurer rien de plus aimable qu’un Lion ainsi dompté et qui, au bout de quelque temps a oublié sa liberté, et presque sa nature de Lion, pour se donner corps et âme à son maître. « J’ai soigné pendant deux ans une lionne, dit Brehm. Bachida avait autrefois appartenu à Latif-Pacha, gouverneur égyptien de la partie orientale du Soudan, et avait été donnée en présent à l’un de mes amis. Elle s’habitua rapidement à notre ferme, où on la laissa circuler librement. Bientôt elle me suivit comme un chien, me caressa à chaque occasion et se rendit même importune, parce que l’envie lui prenait parfois de me rechercher la nuit jusque dans mon lit et de me réveiller par ses cajoleries. Au bout de peu de semaines elle s’était arrogé un droit absolu sur tout ce qui vivait dans la ferme ; néanmoins c’était plutôt pour jouer avec les animaux que pour leur faire du mal. Sa façon d’agir à notre égard était toujours aimable et loyale. La fausseté lui était inconnue ; même après une correction, je l’ai vue revenir quelques minutes après et me caresser avec la même confiance que par le passé. Sa colère s’en allait instantanément et la moindre cajolerie suffisait pour l’adoucir. Pendant le voyage de Charthum au Caire, que nous fîmes en descendant le Nil, on la tenait enfermée dans une cage aussi longtemps que le bateau était en mouvement ; mais dès que nous jetions l’ancre on lui donnait sa liberté. C’étaient alors des gambades à n’en pas finir ; elle en profitait chaque fois pour satisfaire ses besoins, car elle aimait tellement la propreté que pendant tout le trajet elle n’a jamais sali sa cage…. On la conduisit à Berlin et je ne la revis plus pendant deux ans. Lorsque j’allai la visiter elle me reconnut immédiatement. » (A SUIVRE…)
Un de nos amis nous contait le fait suivant, qui est une preuve nouvelle à l’appui de tout ce que racontent divers écrivains, au sujet de la mémoire du Lion et de sa reconnaissance.
Deux ans après, le Lion dans sa cage reposait, son gardien causait avec notre ami devant la loge du fauve. Tout à coup l’animal s’éveilla, se leva, secoua sa crinière, rugit, fit mille bonds et se dressa sur ses pattes contre les barreaux. Que se passait-il donc ?
Lacépède, Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire ont été témoins de l’affection d’une Lionne pour un chien. « Elle se plaît à ses jeux, disent-ils, s’amuse de ses caprices, est sensible à ses caresses, attentive à ses besoins, satisfaite quand elle le voit auprès d’elle, triste lorsqu’on le lui ôte pendant quelques moments ; c’est bien plus au sentiment mutuel que les deux prisonniers se sont inspiré qu’à sa douceur particulière qu’elle doit la tranquillité avec laquelle elle supporte la perte de son indépendance. »
Plusieurs individus, tant Européens qu’indigènes, se sont fait une réputation comme chasseurs de Lions. Nous citerons Ahmed-Ben-Amar de Song Ahras (subdivision de Bone). Ce mulâtre musulman, surnommé le Nègre, aurait tué trente-neuf Lions en chassant seul d’abord et ensuite avec son kif-kif (en français, son semblable), Beglas-Ben-Kassem, appelé d’ordinaire Bel-Kassem tout court.
Les Cafres des frontières de la colonie du cap de Bonne-Espérance, vulgairement nommés Kaal-Kaffers (Cafres chauves), ont, d’après Delegorgue, une singulière manière d’attaquer le Lion, qu’ils chassent. « L’un d’eux, dit-il, porteur d’un vaste bouclier de buffle épais et dur, auquel a été donnée une forme concave, s’approche le premier de l’animal, et lui lance une assagaye. Le Lion bondit vers son agresseur ; mais l’homme s’est laissé tomber à plat sur la terre, et son bouclier le recouvre, de même que les cônes marins (patelles) qui adhèrent aux rochers. L’animal essaye alors ses griffes et ses dents sur la partie supérieure du bouclier, qui les voit glisser sans effet produit. Il redouble ; mais bientôt, cerné par la bande d’hommes armés, son corps est tour à tour percé de vingt, de cent coups d’assagaye qu’il s’imagine recevoir de l’homme qu’il tient sous lui. »
Il est surtout terrible quand, étant tombé, il semble presque mort. Généralement son agonie coûte la vie à un homme ; car quoique sans mouvement apparent depuis assez longtemps, si l’on ne prend pas de grandes précautions pour l’approcher, il recueille tout ce qui lui reste de force pour achever ceux qui sont tombés près de lui ou celui qui vient lui porter un dernier coup.
Lion on a émis les opinions les plus contradictoires. Les uns en ont fait un animal clément et magnanime ; les autres, une bête cruelle sans nécessité et possédée de la rage de la destruction. Pour réduire à leur juste valeur ces assertions exagérées, il suffit de se rappeler que le Lion, malgré sa royauté, n’est qu’un animal qui obéit comme les autres à ses instincts. S’il dédaigne une proie facile, ce n’est pas qu’il soit clément ; c’est qu’il n’a plus faim. S’il se jette sur l’homme, ce n’est pas que la destruction soit pour lui la condition de son existence ; le plus souvent, c’est qu’il se défend lui-même contre une agression. Je définis ainsi le Lion : un animal puissant, terrible quand on l’attaque ; mais qui, le jour comme la nuit, ne se jettera sur l’homme inoffensif et résolu qu’autant que la faim l’aura rendu fou de rage et que les autres proies lui manqueront. Et Dieu sait si les proies manquent à ce roi de l’Atlas ! »
Malgré les réfutations constantes des savants, une multitude de légendes plus ou moins extraordinaires courent le monde à propos de ce roi des mammifères. Des récits fabuleux ou tout au moins exagérés se sont répandus dans la foule. La science et le bon sens allié au raisonnement ont détruit bon nombre de ces contes. Cependant certaines croyances se sont si bien perpétuées à travers les âges, qu’elles subsistent toujours. Il se trouve encore des gens dont la conviction est que la Lionne ne met bas qu’un petit dans toute son existence ; car, disent-ils, de même que les petits de la Vipère, le Lionceau détruit l’organe qui le porte.
La vérité est que le nombre des petits mis bas à chaque portée par la Lionne varie entre deux et six. Si parfois les félins ne font qu’un petit, c’est un cas tout à fait isolé. (A SUIVRE…)
Certains naturalistes nous énoncent plusieurs de ces récits fabuleux qui se sont accrédités un peu partout à propos du Lion. Cet animal, dit-on, serait toujours dominé par la fièvre ; il dort les yeux ouverts ; telle ou telle partie de son corps a des vertus merveilleuses en médecine ; ses os sont tellement durs qu’ils donnent des étincelles au choc, etc.
Nous nous souvenons d’avoir lu dans un ouvrage ancien qu’une captive ayant été attaquée par des Lions, elle les apaisa en leur tenant le discours suivant : « O Lions, vous qui êtes beaux, nobles et forts, vous ne me ferez pas de mal quand vous saurez ce que je suis : une pauvre femme bien chétive et bien faible, une mère après laquelle attend son enfant. Ayez pitié de moi, ô Lions ; n’abusez pas de votre force contre moi… », etc. etc.
La vue du Lion en songe était également un présage heureux chez les anciens ; quand Agariste et Philippe virent un Lion en rêve, ce rêve fut considéré comme un avertissement, pour le premier, de la naissance de Périclès, et pour le second, de celle d’Alexandre le Grand.
Il évoque la majesté, la monarchie, la force, la suprématie. Dans plusieurs cultures, le lion apparaît comme le roi des animaux.
