L’Éléphant 1
Posté par othoharmonie le 21 novembre 2011
Par Louis Figuier
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On a dit, avec raison, que l’homme est le maître de la nature. Il a soumis tous les animaux à son empire ; il a transformé suivant ses désirs la végétation qui couvre la terre ; il a percé des montagnes, comblé des vallons, creusé des voies dans l’épaisseur des collines, changé les isthmes en voie maritime, et noyé des continents. Il est, en un mot, à la tête de la création inanimée ou vivante. Mais on peut bien admettre un moment cette hypothèse que l’homme aurait pu ne point exister, ou bien encore qu’il aurait pu disparaître, par un des cataclysmes dont notre globe a été plusieurs fois le théâtre. L’homme aurait pu périr pendant la période glaciaire, alors qu’un refroidissement subit se manifesta sur toute l’étendue de la terre habitée, et que l’abaissement excessif de température fit disparaître un certain nombre d’espèces animales, dont on ne retrouve aujourd’hui que les vestiges, à l’état fossile, dans les terrains de cette époque. Il aurait pu être anéanti pendant les périodes diluviennes, qui ont laissé des traces si profondes de leurs ravages dans les terrains quaternaires.
En admettant l’hypothèse de la disparition, de la suppression de l’espèce humaine, on peut se demander quel est celui des animaux qui aurait remplacé l’homme, dans son rôle de souverain de la nature.
A cette question, nous répondrons, avec assurance, que l’être animé qui aurait pris, en l’absence de l’homme, la direction suprême de la création, c’est l’Éléphant. De même que l’homme, parti des plateaux de l’Asie orientale, s’est répandu peu à peu dans toutes les contrées du globe, de même l’Éléphant, parti des rives de l’Indus, ou des bords des fleuves africains, se serait acclimaté dans toutes les contrées de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique actuelles. Et de même que l’homme règne aujourd’hui en tranquille vainqueur sur toutes les tribus animales, de même l’Éléphant aurait étendu son empire sur toute la création zoologique.
Qu’a-t-il fallu à l’homme pour assurer sa victoire sur le reste des habitants du globe ? La main et l’intelligence. Nous n’examinerons pas si l’homme possède la main parce qu’il possède l’intelligence, ou si son intelligence, comme le voulaient les philosophes sceptiques du dernier siècle, n’est que le résultat de l’existence de la main. Prenons les deux éléments tels qu’ils sont, sans rechercher leur dépendance mutuelle, et disons, avec tous les naturalistes, que l’intelligence et la main sont les causes de la suprématie de l’homme.
Or, l’Éléphant est pourvu de l’intelligence et de la main. La main est même disposée d’une manière plus commode et plus efficace chez l’Éléphant que chez l’homme. Elle est posée à l’extrémité d’une sorte de bras extrêmement long et prodigieusement flexible, vulgairement désigné sous le nom de trompe. (A SUIVRE…)
FIGUIER, Louis (1819-1894) : L’Éléphant (1882).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (05.II.2009) Texte relu par : A. Guézou
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.
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