Eléphant 10
Posté par othoharmonie le 21 novembre 2011
Par Louis Figuier
C’est pour orner la pompe de son triomphe que César fit amener à Rome les Éléphants qu’il avait pris à la bataille de Thapsus. On vit alors quarante de ces magnifiques animaux disposés sur deux rangs, et portant chacun un flambeau dans sa trompe.
L’idée de ce spectacle, qui intéressa beaucoup les Romains, avait été empruntée aux rois d’Égypte et de Syrie, qui se faisaient quelquefois accompagner ainsi par des Éléphants dressés à porter des torches.
Il faut noter, à propos de l’emploi des Éléphants dans les armées, que l’espèce indienne est plus courageuse que l’espèce africaine. Les Romains connaissaient bien cette particularité, car dans les batailles où ils n’avaient que des Éléphants d’Afrique à opposer à des Éléphants indiens, ils avaient soin de les placer, non devant les corps d’armée, mais derrière les soldats. C’est ce que firent les Romains, selon Tite-Live, à la bataille de Magnésie.
L’Éléphant d’Afrique a la tête plus arrondie et moins large en dessus que l’Éléphant d’Asie. Son front n’a pas la double bosse latérale qu’on trouve chez ce dernier. Les oreilles sont plus grandes et plus rapprochées par leur bord interne ; ses défenses sont plus fortes. Quelques autres particularités relatives à la forme des os et à celle des dents molaires distinguent encore l’Éléphant d’Afrique de celui d’Asie.
On rencontre les Éléphants d’Afrique depuis le cap de Bonne-Espérance jusque dans la haute Égypte. Ils existent par conséquent en Mozambique, en Abyssinie, en Guinée et au Sénégal.
Les Éléphants africains vivent, comme ceux de l’Inde, en troupes plus ou moins nombreuses. On en trouve aussi de solitaires : les Hollandais les désignent sous le nom de rôdeurs. Ils étaient autrefois beaucoup plus communs qu’aujourd’hui aux environs du cap de Bonne-Espérance. Un voyageur du siècle dernier, Thumberg, rapporte qu’un chasseur lui affirma en avoir abattu, dans ces régions, quatre ou cinq par jour, et cela régulièrement. Il ajoutait que le nombre de ses victimes s’était élevé plusieurs fois à douze ou treize et même à vingt-deux par jour. C’était peut-être propos de chasseur. Quoi qu’il en soit, on peut aujourd’hui voyager dans l’intérieur de l’Afrique sans rencontrer un seul de ces géants, qui étaient autrefois si abondants dans ces pays.
L’Éléphant d’Afrique diffère beaucoup de l’Éléphant d’Asie en ce qui concerne ses rapports avec l’homme. Il se prête peu au service, il s’apprivoise plus difficilement. Aussi ne demande-t-on pas à l’Éléphant d’Afrique ce qu’on obtient de celui des Indes. On le chasse pour la nourriture que fournit son abondante chair, et surtout pour l’ivoire de ses défenses.
On chasse l’Éléphant d’Afrique avec le fusil et avec des flèches empoisonnées. D’autres fois on l’attire et on le fait tomber, par surprise, dans des fosses au fond desquelles il se meurtrit sur des pieux effilés. (FIN).
FIGUIER, Louis (1819-1894) : L’Éléphant (1882).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (05.II.2009) Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/
Diffusion libre et gratuite (freeware)
Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.