Le Chien 9

Posté par othoharmonie le 20 novembre 2011

 

Par G. de Cherville 

 

Le Chien 9 dans CHIEN 220px-RasteauPyrrhusDans les villages forestiers, ceux de ces derniers qui s’aventurent dans la campagne après le coucher du soleil, les braques, les épagneuls qui s’attardent dans les bois sont des Chiens parfaitement perdus ; y eût-il des Moutons dans le voisinage, ce sera toujours sur ces Chiens isolés que le Loup fixera ses préférences. Ce qui est encore assez étrange, c’est que ces mêmes Loups traiteront avec une certaine déférence les Chiens courants des meutes qui leur ont donné la chasse, même quand ils sont isolés, même quand ils ne sont pas de taille à opposer une bien vive résistance. Il nous est bien souvent arrivé de perdre en fond de forêt plusieurs de ces Chiens qui y passaient la nuit, on nous les a toujours ramenés sains et saufs. Chiens d’arrêt, nous n’en aurions retrouvé que les os. Pourquoi ce privilège ? Probablement parce que le Loup se souvient et compare ; parce qu’il se rappelle les angoisses qu’il a dû à de tels Chiens, parce qu’il sait qu’ils marchent toujours en nombre et accompagnés et que sa prudence l’emporte sur les suggestions de sa haine et de son appétit. 

 

ThemisDouCoudounie.jpgDans l’espèce canine, c’est surtout par la terreur que se traduit l’antipathie si profonde des deux races. Cette terreur elle est instinctive, elle est innée. Il n’est nullement besoin d’un acte de guerre pour apprendre au Chien qu’il est en présence de son implacable ennemi ; l’odeur du Loup, même lorsque pour la première fois elle frappe son odorat, une odeur caractéristique dont son instinct a la prescience, suffit à lui apprendre à qui il a affaire et, en pareil cas, chez l’immense majorité de ces animaux, chez tous ceux qui n’appartiennent pas à quelques variétés spéciales, les poils se hérissent, les yeux sont hagards, ils tremblent et multiplient les signes de l’épouvante. 

 

Ce court aperçu des sentiments que ces Capulets et ces Montaigus nourrissent les uns pour les autres donne la mesure de l’originalité que doit affecter, dans la solitude des grands bois, la première entrevue de ce soupirant à demi paralysé par la terreur et cette belle qui doit se demander si elle cédera ou à la faim ou à l’amour. 

 

Il est cependant incontestable que de loin en loin, c’est le dieu malin qui l’emporte. En 1864, le fils de M. le docteur Chenu tua dans les bois de Lahoussaye-Crécy un Loup complètement noir, qu’il aurait pris pour un Chien, s’il n’avait vu quelques instants auparavant la Louve accompagnée de plusieurs Louvards au pelage également très foncé, qui furent tués quelque temps après ainsi que la mère. Le père était un Chien noir appartenant à un cultivateur de Nangis, il avait été vu plusieurs fois en compagnie de la Louve. 

 

Des portées de Chiens-Loups ont été trouvées dans des forêts de la Sarthe et de la Mayenne ; l’un de ces animaux fut élevé par un de nos amis, il tenait beaucoup plus du Chien de Terre-Neuve que du Loup. (A SUIVRE….) 

 

 

CHERVILLE, Gaspard de Pekow marquis de (1821-1898) : Le Chien (1882). 

 



Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (23.VII.2002)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com

http://www.bmlisieux.com/ 



Diffusion libre et gratuite (freeware) 



Texte établi sur un exemplaire (BmLx : nc) de l’ouvrage Les Animaux chez eux illustré par Auguste Lançon (1836-1887) paru chez L. Baschet à Paris en 1882. 



Gif chiens

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