Symbolique de l’ours
Posté par othoharmonie le 11 novembre 2011
L’ours se voit attribuer une profonde symbolique depuis l’époque préhistorique et occupe une place de premier plan dans l’imaginaire occidental. Sa réputation de grande force est issue en partie de sa morphologie, et du fait qu’il n’ait quasiment aucun prédateur dans les régions où il fut longtemps présent.
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Michel Pastoureau défend une thèse selon laquelle l’ours fut considéré comme le roi des animaux partout en Europe jusqu’au XIIe siècle, notamment chez les Celtes, Germains, Slaves, Scandinaves et Baltes, avant sa diabolisation par les autorités chrétiennes qui installèrent le lion sur le trône animal à sa place, dans le but de lutter contre les pratiques païennes associées à l’ours, mais aussi pour effacer un animal qui « se posait en rival du Christ ».
Il semble que l’ésotérisme islamique ait attribué à l’ours une image d’animal « vil et répugnant ». Dans la symbolique chinoise, il vient des montagnes, s’oppose au serpent, et est considéré comme yang, c’est surtout un animal viril, courageux, puissant et fort, capable de rivaliser avec le tigre.
Il existe bon nombre de croyances, partagées en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, pour évoquer le fait que l’ours se dévorerait lui-même ou sucerait l’une de ses pattes antérieures afin de passer l’hiver. Elles pourraient avoir un rapport immédiat avec toutes les propriétés attribuées aux différentes parties du corps et à la bile. Ainsi, la consommation de pattes d’ours revêt une dimension chamanique en transmettant les qualités de la bête. La tête de l’ours fut réputée être son point faible durant l’Antiquité et le Moyen Âge occidental, par opposition au reste de son corps, ce qui en fait de facto un animal vu symboliquement comme stupide. Son mode de vie le fait plutôt voir comme un animal misanthrope et de manière générale, il semble culturellement s’opposer au loup. L’œil de l’ours se voit prêter des facultés magiques, et devient capable de tout pénétrer et tout transpercer.
D’une manière générale, « par delà les écarts culturels énormes entre Celtes, Sibériens, Algonquins ou Chinois, les images voisines que ces peuples se forgèrent de l’ours montrent l’extraordinaire unité de l’imaginaire humain ».
Régularisation du temps
Le cycle de vie de l’ours, qui comprend l’hivernation, le met en lien étroit avec une symbolique de la régulation du temps selon les ethnologues. Les multiples fêtes qui lui sont consacrées mettent cet aspect en avant comme Arnold Van Gennep l’a constaté, l’ours « maître du temps puissant à venir » y régule le jour et la nuit, mais aussi et surtout le passage des saisons dans leur succession et leur opposition, introduisant un rythme vital et une périodisation. De même, en Sibérie et en Alaska, l’ours semble assimilé à la lune parce qu’il disparaît en hiver et réapparaît au printemps, ce qui le rapproche du cycle végétal, également soumis aux influences lunaires.
L’Ours : un symbole, un emblème culturel
Certaines capitales européennes ont encore aujourd’hui l’ours pour emblème. Ce phénomène trouve sont origine dans le langage même, à travers ce que l’on appelle des « figures parlantes ».
En Suisse, la ville de Berne arbore fièrement un ours sur sa bannière depuis le XIIIe siècle; elle voue au plantigrade un culte, comme à un animal totem. Un jeu de mots associe Bern, le nom de la ville, et le mot Bär, qui désigne l’ours en allemand.
« Berlin » signifie « petit ours », en allemand.
« Madrid » viendrait de « maderno », « madrono », qui signifie « ours » en espagnol.
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