Cimetière des éléphants
Posté par othoharmonie le 23 octobre 2011
Le cimetière des éléphants est un endroit où, selon une croyance européenne apparue au XIXe siècle mais infirmée depuis par les zoologues, les éléphants d’Afrique se rendent d’eux-mêmes pour mourir. Fondée sur la découverte fortuite de groupes de squelettes et certaines similitudes entre le comportement des éléphants et celui des hommes, nourrie par l’attrait pour l’ivoire, cette croyance a marqué l’imagination et la culture populaires (fiction, cinéma, jeux, chanson) et fasciné les chasseurs d’ivoire nombreux du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. L’expression cimetière des éléphants est parfois employée de façon métaphorique pour évoquer le déclin ou la mise au rebut de personnes ou d’objets jadis valorisés.
Ce mythe, déjà mentionné par David Livingstone, est probablement né de la découverte de squelettes groupés dans des lieux fréquentés par des éléphants âgés. Enrico Bruhl a émis l’hypothèse que les découvertes paléontologiques de fossiles en grand nombre, comme les 27 Elephas antiquus de Saxe-Anhalt, avaient encouragé cette croyance. Ces derniers pourraient avoir été victimes de chasseurs car leurs défenses avaient disparu. Pour expliquer ces regroupements, certains chercheurs proposent que les éléphants vieillissants ont un état physique et des besoins alimentaires spécifiques qui les poussent à se rassembler dans des lieux adaptés. Ils recherchent la proximité des points d’eau ou des marécages où la nourriture est plus abondante ou plus tendre pour leurs molaires usées. Christian Zuber propose que l’eau boueuse pourrait soulager leurs souffrances et leurs caries. Rupert Sheldrake, pour sa part, pense que les éléphants souffrant de malnutrition cherchent à s’abreuver abondamment, ce qui peut au contraire aggraver leur état en diluant le glucose sanguin. En tout état de cause, mourant souvent de vieillesse ou de maladie à proximité de réserves d’eau ou d’étendues boueuses, leur cadavre finit par disparaître. Cela expliquerait la relative rareté des restes d’éléphants remarquée par les chasseurs d’ivoire européens, qui a encouragé la croyance en l’existence de cimetières cachés.
Le cimetière des éléphants est le thème de nombreux ouvrages de fiction, dont le plus notable en français est Le Cimetière des éléphants d’Henri de Monfreid. La bande dessinée y fait aussi appel, le premier tome de Freddy Lombard, une histoire de Picsou intitulée « Oncle Picsou se trompe d’éléphant ! » (Picsou Magazine N°156, 1985), Astérix chez Rahàzade et le premier tome de Donjon Crépuscule, Le Cimetière des dragons par exemple. Dans le domaine du cinéma, les films américains Trader Horn (1931) et Tarzan traitent le sujet. Du côté des jeux, il est évoqué dans World of Warcraft à travers le « cimetière de kodo » et nomme une carte « terrain » de Magic : l’assemblée. Le Cimetière des éléphants est aussi le nom d’un album d’Eddy Mitchell. Dans le dessin animé le Le Roi lion également on retrouve un cimetière des éléphants.
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