L’Homme-Serpent-Pin
Posté par othoharmonie le 15 octobre 2011
Légende :
Goibniu, le dieu-forgeron travaille dans son antre, tenant d’une main les pinces, de l’autre un énorme marteau. Brigit, la belle déesse-vierge protectrice des forgerons et des médecins, entre et le salue. Elle lui commande une belle lance pour donner à son héros favori. Goibniu, en trois mouvements, forme la pointe sur les braises incandescentes. En trois gestes, il donne une forme appropriée au bois. En trois coups, il enfonce les trois clous qui la fixe au manche. Il se retourne alors vers Brigit, la déesse-vierge et lui tend la lance. Comme elle avance la main pour la saisir, il éloigne la lance et, se dégrafant, il lui montre le désir violent qu’il éprouve pour elle. Horrifiée, elle remonte son vêtement qui a glissé sur son épaule lorsqu’elle a tendu la main, découvrant son sein. Elle se retourne pour partir, mais déjà Goibniu a collé son corps contre sa cuisse. Brigit le repousse violemment, mais trop tard : Goibniu a répandu sa divine semence sur la cuisse nue de la déesse. Furieuse et dégoûtée elle se baisse, prend une poignée de poussière, s’en essuie la cuisse. Elle jette d’un geste brusque la poussière sur le sol. Puis elle recule, stupéfiée : au contact de la Terre-Mère, le sperme du dieu-forgeron, imprégné de la sueur de Brigit a donné naissance à un être étrange : mi-homme, mi-serpent. L’Homme-Serpent se dresse : ce n’est pas un héros et on peut difficilement le tenir pour un dieu. Il est né de trois personnes dont une vierge.
Cet être exceptionnel, dont nul ne pouvait alors deviner la fonction, fut placé dans le ciel où, aujourd’hui, sous le nom de Serpentaire, il éclaire les forgerons nocturnes ainsi que les médecins.
L’astrologie celte attribue le Pin à ceux qui sont nés sous ce signe -car très souvent les racines apparentes de cet arbre ressemblent à des queues de serpent,
Caractère :
Un personnage, vraiment, cet Homme-Serpent-Pin ! On se demande « où ses parents sont allés le chercher » ou « ce qu’ils ont fait pour avoir un enfant pareil ». Sa personnalité originale provient en droite ligne des trois forces qui ont contribué à lui donner naissance le dieu du feu, la déesse-vierge protectrice de l’art de guérir et la Terre-Mère. Il conserve les caractéristiques de chacun de ses géniteurs. Du dieu-forgeron il présente la force physique et l’habilité manuelle ainsi que le caractère passionné et irascible. Il a aussi la même faiblesse quand il s’agit de résister à ses propres désirs. De la déesse-vierge, il a hérité le pouvoir de se guérir et de guérir les autres de tous les maux qui les affligent, en se servant du venin de l’animal. Ses réserves d’énergie sont inépuisables et l’Homme-Serpent-Pin ne s’arrête d’agir que pour mourir. De la Terre-Mère, qui reçoit son corps après la mort, il a reçu la vie éternelle.
Pour lui, mourir signifie simplement retourner à l’intérieur de la matrice d’où il est sorti. C’est là le trait de caractère le plus marquant de l’Homme-Serpent-Pin: il ne craint nullement la mort. Aucune peur n’est associée à l’idée de la mort. Voilà ce qui détermine toute sa façon de voir et d’agir. Sa nature profonde, pleine de ressources cachées, se confond avec le désir lui-même. En effet, tout le comportement de l’Homme-Serpent-Pin est dicté par ses appétits. Et il parvient à satisfaire les plus invraisemblables. Plutôt taciturne s’il n’est pas contraint à parler pour obtenir quelque chose, l’Homme-Serpent-Pin passe sa vie à épuiser un stock apparemment sans fin de fringales de toutes natures. Quant à son caractère, il est difficile à cerner : il change selon le but poursuivi. L’Homme -Serpent-Pin étonne toujours son entourage par ses réactions imprévisibles. Son caractère est tout ce que l’on veut – où plutôt ce qu’il veut – mais rien moins que constant. Il y a quelque chose d’inhumain en lui.
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