Vache et protection
Posté par othoharmonie le 26 septembre 2011
Le célèbre canon sacré hindou, le Mânava-dharma-shâstra, ou Lois de Manu, instaure les rapports avec la vache dans des termes qui sont les siens, c’est-à-dire en référence au Droit hindou classique qu’il incarne. Il indique néanmoins le parallèle qu’il y a entre le brâhmane et la vache, tous les deux symboles de l’Ahimsâ et des sacrifices pour les dieux, le premier en raison de son savoir sacré (véda), la seconde parce qu’elle crée l’élément primordial que l’on offre dans les sacrifices hindous (yajña) : les laitages. Ce caractère « brahmanique » de la vache est confirmé par l’équivalence du mérite libérateur que donne la protection d’une vache, ou d’un brâhmane, de femmes ou d’enfants, au prix de sa vie :
« La mort, sans l’espérance d’une récompense, pour les brâhmanes et les vaches, ou dans la défense de femmes et d’enfants, garantit la béatitude à ceux ne faisant pas partie de la communauté Ârya (les Vahya). L’Ahimsâ (respect impérieux de la Vie, non-violence), la véracité, l’abstention de s’approprier les biens des autres, la pureté et le contrôle des sens, Manu a ainsi déclaré que tout cela peut être considéré comme le résumé du Dharma pour les quatre varna d’ Ârya (« Nobles »). »
— Mânavadharmashâstra, livre 10, sûtra 62 et 63.
Les Lois de Manu prévoient des pénitences strictes pour celui qui assassine un bovin :
« Celui qui a commis le crime du meurtre d’une vache (ou du taureau) boit pendant le premier mois une décoction de grains d’orge ; ayant rasé tous ses cheveux et se couvrant lui-même avec la peau de la vache tuée, il doit vivre dans une étable. 110. Pendant les deux mois suivants, il mange une petite quantité de nourriture, sans aucun sel, repas se limitant à quatre, et doit se baigner dans l’urine de vaches, gardant ses sens sous contrôle. 111. Pendant la journée, il doit suivre les vaches et, étant debout, droit, inhalera la poussière levée par leurs sabots ; la nuit, après leur service et leur adoration, il doit rester dans la position appelée viraçana. 112. En se contrôlant, sans colère, il doit être debout quand elles le sont, il doit les suivre quand elles marchent et s’assoir quand elles se couchent. 113. Quand une vache est malade, ou menacée par des voleurs, des tigres, et ainsi de suite, ou ayant chuté, ou bloquée dans un marais, il doit la délivrer par tous les moyens possibles ; 114. Dans la chaleur, dans la pluie, ou dans le froid, ou quand le vent souffle violemment, il ne doit pas chercher à s’abriter, sans protéger en premier les vaches selon son aptitude. 115. On ne doit rien dire, si une vache mange quoi que ce soit dans sa propre maison ou dans une autre, ou dans un champ ou sur le sol battu, ou si un veau boit son lait. 116. Le tueur d’une vache qui sert ainsi le bétail, sa culpabilité s’en va, après trois mois, pour le fait d’avoir tué une vache. 117. Mais après qu’il a entièrement exécuté la pénitence, il doit donner aux brâhmanes connaisseurs des véda, dix vaches et un taureau, ou s’il ne possède pas tant de biens, il doit leur offrir tout ce qu’il a. »
— Mânavadharmashâstra, livre 11.
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