Chat dans l’Égypte antique
Posté par othoharmonie le 25 septembre 2011
Le chat était l’un des nombreux animaux dont les attributs furent vénérés dans l’Égypte antique. Il était notamment associé au symbole de protection. Tout d’abord avatar du dieu Rê en tant que pourfendeur du serpent Apopis, il connaîtra le sommet de son influence en tant qu’incarnation de la déesse Bastet.
Au quotidien, les Égyptiens de l’Antiquité nommaient le chat par l’onomatopée « miou », dont la transcription est miw au masculin et miwt au féminin (le français utilise également ce genre d’onomatopée qu’on retrouve dans le verbe miauler).
Avant de devenir un animal de compagnie apprécié pour sa douceur, sa grâce et sa nonchalance, le chat est avant tout un animal protecteur. En chassant les petits rongeurs, il protège les silos à grain où les Égyptiens entreposaient leur récolte (notamment le blé), ressource vitale pour ce peuple d’agriculteurs. En chassant les rats, le chat élimine un vecteur de maladies graves (comme la peste). Enfin, en chassant les serpents (notamment les vipères à cornes), il rend plus sûrs les alentours des foyers proches d’où il a établi son territoire.
Il semble que chaque temple possédait ses propres chats dont le « gardien des chats » (poste important transmis héréditairement) avait la charge. Le chat, comme les autres animaux sacrés, avaient un statut particulier dans la société égyptienne. Ainsi il était interdit de tuer ou même de maltraiter les chats, et les contrevenants risquaient une peine très lourde pouvant aller jusqu’à la mort (peine sûrement proportionnelle à l’importance du-dit chat). Diodore de Sicile (un historien grec) décrit une scène s’étant déroulée vers -60 : un char romain écrasa par accident un chat égyptien et en dépit des ordres du pharaon Ptolémée XII, un soldat égyptien tua le conducteur.
Les milliers de momies de chat retrouvées dans des cimetières pour chats peuvent nous faire penser qu’il était l’animal le plus populaire de l’Égypte antique. Cependant, le grand nombre de momies de chats retrouvées peut aussi s’expliquer par sa petite taille (on enterre plus facilement un chat qu’un taureau). Dans les palais, le chat était l’animal domestique par excellence, élevé dans l’abondance. La tradition voulait que leurs maîtres se rasent les sourcils en signe de respect quand le chat venait à disparaître et un deuil de soixante-dix jours avait lieu le temps de sa momification. Le chat accompagne parfois son maître dans l’au-delà sous forme de statuette (ou sculpté sur les sépultures). On trouve également le chat représenté sur de nombreux vases, bijoux et vaisselle, ainsi que dans les peintures (notamment sous le siège de la femme, comme symbole protecteur).
Bien que le culte du chat soit déjà un mouvement religieux important à l’avènement du Nouvel Empire, il prit de l’ampleur quand Sheshonq Ier développa la ville de Bubastis (arabe : Tell Basta), chef-lieu de la déesse Bastet, située à l’est du delta du Nil. Bastet devint très populaire et importante au sein de la population, représentant alors la fertilité, la maternité, la protection et l’aspect bénévole (dans le sens étymologique, de bon vouloir) du soleil – de même que Sekhmet, elle était appelée l’Œil de Rê. Réunissant des milliers de croyants et autant de pèlerins, le culte du chat était responsable de l’arrivée annuelle d’une population immense dans les rues de Bubastis. Bubastis devint un autre nom de Bastet.
Près du centre de la cité, on pouvait voir le temple de Bastet. Ce temple était rabaissé par rapport au reste de la cité, pour éviter l’érosion de l’eau, mais a été surélevé par la suite pour éviter les inondations. Hérodote, qui visita Bubastis en -450, disait de ce temple que, s’il n’était pas aussi grand ou n’avait pas coûté autant que ceux des cités alentours, nul n’offrait plus de plaisir aux yeux. Hérodote décrit en détail le temple. Un canal, qui entoure le temple, donne à ce dernier une allure d’île déserte. Dans la cour se trouvait une allée d’arbres, menant vers l’entrée intérieure, qui exposait une statue massive de Bastet, ainsi qu’un nombre important de chats sacrés dont les prêtres s’occupaient grâce aux dons des pèlerins. Ces chats, très respectés, n’en restaient pas moins extrêmement nombreux, et un sacrifice périodique était organisé. Les chats sacrifiés, souvent des chatons, étaient ensuite bénis et momifiés, puis vendus comme reliques sacrées. Bubastis devint un centre de commerce, que ce soit dans la vente du bronze, des sculptures ou des amulettes à l’effigie du chat. Hérodote écrivit que le festival annuel en l’honneur de Bastet qui se tenait dans la cité était l’un des plus populaires, faisant se déplacer des croyants de toute l’Égypte.
Le mercantilisme et l’influence de Bubastis inspirèrent les auteurs de la mythologie judéo-chrétienne. Au VIe siècle av. J.‑C., Ezéchiel écrivait :
« Les jeunes hommes d’Aven et de Pibeseth [Bubastis] tomberont par l’épée, et ces cités seront captives[]. » — Ezekiel 30:17
Ezéchiel percevait par l’importance de Bubastis, à l’instar de la ville de Ninive, un paganisme et un péché qui vaudrait aux deux villes une punition.
Vers -525, l’Égypte était le principal Empire que la Perse n’avait pas encore conquise. Cambyse II, fils de Cyrus II, se fixa donc l’objectif de changer cet état de fait. Avec son armée, il parcourut 56 km à dos de chameau à travers le désert jusqu’à l’avant-poste égyptien de Pelesium. Ils attaquèrent l’armée égyptienne, qui n’osa pas riposter à la vue des boucliers perses, sur lesquels on pouvait voir un chat de bronze. Cependant, la cité fut défendue plus efficacement grâce aux renforts de l’armée égyptienne, qui mit en déroute les combattants perses.
Le chat en Égypte a vu un déclin progressif de son intérêt, bien que resté en tant qu’animal de compagnie, il n’était plus adoré dans les temples. À cause notamment du recul des maladies, et notamment de la peste dont il freinait la transmission, le chat n’a plus, aujourd’hui, l’importance qu’il a eue en Égypte.
En savoir plus ….. http://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_dans_l%27%C3%89gypte_antique
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